L’on n’hésitera pas à considérer l’année scolaire, qui touche à sa fin, comme une année pénible. Une année regrettable que les élèves et les parents n’oublieront pas de sitôt et espèrent, en même temps, qu’elle ne se reproduira plus.
Le système éducatif est devenu aujourd’hui l’otage des structures syndicales. On en a fait quelque chose de kafkaïen, d’absurde et d’irréel. Voire de surréaliste, qui perd du sens, et qui n’est plus qu’un moyen de pression et de surenchère. Un moyen aussi de démoralisation.
Sourds aux appels à la raison et préférant user de tout leur poids, les syndicats ne parlent plus de bien commun. Ils font comme si l’intérêt général n’était plus que la somme d’intérêts corporatistes qu’ils sont ponctuellement décidés à défendre. Ils abaissent la valeur de l’instruction et du savoir par des actes, mais surtout un diktat dont elle risque de ne pas se relever de sitôt.
L’autre penchant de cette malheureuse reconversion des enseignants, bien sûr pas tous, réside dans une transfiguration fatale de la notion d’éducation. Le renoncement progressif aux grands principes au profit des considérations personnelles, où n’interviennent plus que les intrus et les opportunistes sur des projets douteux, a conduit à faire des établissements scolaires un milieu qui se plie à toutes sortes de pratiques étrangères à l’apprentissage, voire au savoir-vivre.
Aujourd’hui, les syndicats continuent sur la même lancée. Ils poursuivent la rétention des notes des élèves et menacent de recourir encore et toujours à l’escalade. Ce qui a fait vite réagir le ministère de l’Education qui en appelle finalement (il n’est jamais trop tard) à la règle du travail accompli.
Le ministère exhorte les enseignants à «assumer leur responsabilité nationale, éducative et administrative, et à remettre les notes des élèves à l’administration conformément aux délais requis dans les circulaires publiées par le ministère».
Il précise par la même occasion que «toutes les revendications en suspens depuis 2019 ont été satisfaites».
Les propositions de la partie gouvernementale concernent la régularisation des différents points proposés, notamment mettre fin à toute forme de travail précaire selon une nouvelle approche de régularisation de la situation et de recrutement.
De même, un engagement a été donné pour poursuivre les négociations concernant les nouveaux points évoqués relatifs aux secteurs de l’enseignement de base et secondaire afin d’améliorer les conditions des enseignants.
Le ministère indique aussi que «les séances de négociations tenues en présence des représentants du partenaire social de l’Union générale tunisienne du travail et des cadres de la présidence du gouvernement, des ministères des Finances et de l’Education ont permis d’examiner les différentes revendications des secteurs de l’enseignement de base et secondaire». La partie gouvernementale s’est engagée lors de ces séances à examiner les revendications financières et à améliorer les conditions de travail afin de préserver la sécurité et la dignité des employés.
Enfin autant le ministère rassure les familles tunisiennes et la famille éducative concernant l’année scolaire en cours, et réitère son engagement visant à réussir cette année dans les meilleures conditions, autant il énonce que «les négociations se poursuivront dans le cadre de commissions entre les ministères concernés, d’une part, et les fédérations générales de l’enseignement de base et secondaire et le bureau exécutif de l’Ugtt, d’autre part, selon un calendrier déterminé et dont les travaux démarreront à la fin du mois d’août 2023 et s’achèveront à la fin de l’année en cours».
Un côté cour qui baigne dans le noir
Les faits sont là : les deux syndicats de l’enseignement (de base et secondaire) tournent le dos aux appels à la raison. Les standards et les règles communément annoncés sont bafoués. L’on n’hésitera pas à considérer l’année scolaire, qui touche à sa fin, comme une année pénible. Une année regrettable que les élèves et les parents n’oublieront pas de sitôt et espèrent, en même temps, qu’elle ne se reproduira plus.
Mais voilà en tout cas tant d’années que le système éducatif navigue à vue. Et ce sont toujours les mêmes noms et les mêmes visages qui reviennent. Des structures syndicales qui n’ont rien apporté à l’enseignement en Tunisie, en dépit des avantages et des privilèges dont elles n’ont jamais cessé de bénéficier. On ne s’étonne plus des dérapages et des dérives accumulés, au moment où la présence de la plupart des acteurs n’est plus vraiment souhaitée…
L’enseignement en Tunisie n’offre plus le côté jardin fleuri auquel il était habitué dans le passé. Il offre plutôt un côté cour qui baigne dans le noir…