Tout ce que la plupart des partis politiques laissent entrevoir depuis 2011, notamment sous la conduite d’acteurs aux profils différents, sert à démontrer que le paysage politique ne répond pas, sinon très peu, aux préoccupations des Tunisiens. Beaucoup parlent au nom du peuple. Ils n’hésitent surtout pas à se revendiquer en tant que porte-parole des catégories vulnérables et défavorisées. Mais peu d’entre eux sont reconnus en tant que tels et disposent vraiment d’un capital confiance auprès des Tunisiens.
A l’origine, certes un manque de crédibilité évident, mais aussi une politique, un modèle et des stratégies largement en déphasage avec la réalité et les aspirations des Tunisiens.
La plupart des partis politiques se trouvent depuis 2011 dans l’incapacité de faire valoir une vision et un projet valables. Dans les discours qu’ils tiennent, dans les messages qu’ils veulent passer, leurs principaux dirigeants donnent parfois l’impression de remuer les maux des Tunisiens, sans être pour autant capables de les guérir. Faire des promesses est une chose, savoir les tenir en est une autre. Résultat : les partis politiques n’ont jamais appris à se revendiquer comme l’exigent les valeurs et les principes de la révolution. L’on peut dès lors imaginer le gâchis causé par un tel manquement aux Tunisiens et aux Tunisiennes qui aspiraient, au lendemain du 14 janvier 2011, à un avenir et un mode de vie meilleurs que ce qu’ils avaient enduré et dont les répercussions les font encore souffrir aujourd’hui.
Les arguments souvent soutenus par les gouvernants de la décennie noire n’ont jamais convaincu les Tunisiens. Ils n’étaient point et en aucun cas défendables. Le hasard a voulu qu’ils soient des décideurs dans des dossiers qu’ils étaient loin de maîtriser.
Au lendemain de 2011, Ennahdha, ses alliés, et tout particulièrement la Troïka, avec leurs responsables parachutés et débarquant de nulle part, n’avaient aucune idée ni des rouages de l’Etat ni du fonctionnement de l’administration.
Encore sous l’effet d’un manque évident de dimension, le paysage politique ne peut plus aujourd’hui continuer à subir les aléas hérités de la décennie noire.
Il est évident qu’un nouvel ordre s’impose, ne serait-ce que pour retrouver une certaine lisibilité plus que jamais perdue pendant plus de dix ans. Et c’est précisément pour cette raison que les partis auraient intérêt à revoir les paramètres de la vie politique en termes de crédibilité, de stratégie, mais aussi de potentiel humain. D’une certaine culture politique, de la durée et de la persévérance.