La conjoncture climatique difficile, marquée par une sécheresse aiguë, à laquelle fait face la Tunisie, a impacté lourdement la production de blé dur qui s’élève à un million de quintaux, soit seulement 19% des besoins du marché.
Dans une note publiée récemment sur sa page Facebook, l’Association de lutte contre l’économie de rente (Alert) a estimé que la faible production nationale de céréales et les dysfonctionnements dans la distribution de cette denrée auprès des minoteries sont autant de facteurs structurels qui ont entraîné la pénurie de pain en Tunisie.
L’association a déploré, également, la faible production nationale des céréales qui peine à couvrir les besoins de consommation, outre l’hégémonie de certaines minoteries relevant de l’organisation patronale sur le marché d’approvisionnement.
Une baisse des importations de 30%
Alert ajoute que le dysfonctionnement est aussi enregistré au niveau de la distribution de la farine subventionnée, dans la mesure où certaines boulangeries accaparent la plus grande quantité.
D’après l’association, ces facteurs structurels ont été exacerbés par d’autres facteurs conjoncturels qui ont accéléré le déclin de la filière du pain en Tunisie.
Parmi ces facteurs conjoncturels, l’association évoque des perturbations liées aux importations du blé dur, lesquelles ont enregistré une baisse de 30% durant les cinq premiers mois de 2023 par rapport à la même période de 2022, et ce, en raison du manque de liquidité et de l’incapacité de l’Office des céréales à financer les besoins du marché. À cela s’ajoute la conjoncture climatique difficile, marquée par une sécheresse aiguë, à laquelle fait face la Tunisie, ce qui a impacté lourdement la production du blé dur qui s’élève à un million de quintaux, soit seulement 19% des besoins du marché. D’autre part, l’association a estimé que la révision à la hausse du prix de semoule (59 dinars/ quintal au lieu de 38 dinars/ quintal) a été à l’origine de l’incapacité des boulangeries classées et non classées à fournir des baguettes à 190 millimes, ce qui a provoqué la pénurie de cette denrée.
Le pouvoir politique, premier responsable de cette pénurie
Pour Alert, le pouvoir politique reste le premier responsable de cette pénurie, estimant que la levée des subventions en l’absence d’offre et sans l’augmentation des prix du pain est une “politique orchestrée par l’État”. Et de rappeler que les subventions allouées aux produits de base ont baissé de 90% durant le premier trimestre de la période 2022/2023, passant de 400 millions de dinars (MD) à 42,9 MD. L’association a également ajouté que l’Office des céréales n’a pas reçu des subventions depuis une année, ce qui l’a rendu incapable de répondre aux besoins du marché. Évoquant l’appel lancé par le Président de la République visant à prendre des mesures urgentes pour mettre fin à la classification des boulangeries, Alert a fait savoir que cela risque d’entraîner une baisse de la demande et des files d’attente interminables devant les boulangeries. Selon l’association, cette mesure servira seulement les intérêts des boulangeries bénéficiant d’autorisation, ajoutant que cela s’inscrit dans le cadre d’une politique visant « une levée masquée « des subventions des produits de base.