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Intelligence artificielle : Technologies révolutionnaires ou menaces imminentes ?

La Tunisie est à la 1ère position maghrébine, 4e africaine et 70e mondiale sur un total de 181 pays les mieux préparés à une adoption à large échelle de l’intelligence artificielle. Le pays a obtenu le meilleur score dans la catégorie «Données et infrastructures», englobant les critères de l’état des infrastructures des télécommunications, le nombre de fournisseurs de services de cloud computing, la qualité de l’accès à Internet haut débit, le coût d’accès à Internet et la disponibilité de données gouvernementales ouvertes. Toutefois, de multiples obstacles restent à franchir.

En exprimant clairement sa position contre l’intelligence artificielle, le Président de la République évoque un péril qui menace l’intelligence humaine. Des déclarations qui ne sont pas passées inaperçues et ont provoqué une grosse polémique, d’autant que l’intelligence artificielle avance à pas de géant partout dans le monde et dans tous les secteurs, y compris la sécurité et la médecine.
D’ores et déjà, le sujet est controversé et ne fait pas l’unanimité des scientifiques et des politiques. Ces nouvelles technologies soulèvent de grands et vrais problèmes d’ordre éthique. En Tunisie, l’avènement de l’intelligence artificielle dans ses formes nouvelles n’est qu’à ses premiers balbutiements. Mais certaines applications et sites internet sont largement utilisés. Mais de quoi parle-t-on au juste ? ChatGPT, ce prototype d’agent conversationnel utilisant l’intelligence artificielle, développé par OpenAI et spécialisé dans le dialogue avec les humains, a interpellé le monde entier.
Une simple interface peut résoudre des problèmes mathématiques, écrire un poème, rédiger des articles, ou même vous aider à cuisiner. Créant l’engouement des internautes, la plateforme en question, accessible à tous, a inauguré cette ère d’intelligence artificielle et de dialogue inédit entre la machine et les humains.
En e et, rendu public depuis décembre 2022, ChatGPT est une intelligence artificielle qui se présente sous forme de chatbot. Présenté par OpenAI en mai 2020, il est entraîné sur 175 milliards de paramètres, ce qui le rend bien plus précis que n’importe quelle autre plateforme pour le moment. C’est une percée auparavant inimaginable dans le domaine de la technologie.
Cette interface qui a révolutionné le web a ouvert la voie à d’autres applications, chacune son utilité. Réseaux sociaux, assistants virtuels, santé, industrie, tourisme, transport, traduction… De nos jours, tous les secteurs connaissent un avènement sans précédent de l’intelligence artificielle.
Cette technologie repose sur des formes d’apprentissage très variées. Apprentissage automatique, surveillé, par renforcement, par visionnage… différents protocoles sont mobilisés pour former la machine et la rendre indépendante.

La Tunisie peut devenir un hub régional

Les récentes déclarations du Chef de l’Etat quant à l’intelligence artificielle estiment que ces technologies constituent une menace pour l’intelligence humaine. Kaïs Saïed abordait la question d’une manière philosophique et non pas pratique, car une fois renforcés dans notre pays, ces contextes d’intelligence artificielle deviendront indispensables, notamment dans les domaines de gestion automatisés de sécurité, de médecine ou encore de transport. Mais où en est réellement la Tunisie ?
Notre pays se trouve à la 1ère position maghrébine, 4e africaine et 70e mondiale sur un total de 181 pays les mieux préparés à une adoption à large échelle de l’intelligence artificielle, selon le classement «Government AI Readiness Index 2022» élaboré par le cabinet de conseil britannique, Oxford Insights.
En e et, la Tunisie a obtenu le meilleur score dans la catégorie «Données et infrastructures», englobant les critères de l’état des infrastructures des télécommunications, le nombre de fournisseurs de services de cloud computing, la qualité de l’accès à Internet haut débit, le coût d’accès à Internet et la disponibilité de données gouvernementales ouvertes. Toutefois, de multiples obstacles restent à franchir.
Le professeur Khaled Ghedira, référence en la matière en Tunisie et fondateur de l’Association tunisienne d’intelligence artificielle, explique que notre pays doit entreprendre un ensemble de mesures pour accélérer l’adoption de ces technologies, tout en réfléchissant aux aspects éthiques. Selon ses propos, même si la Tunisie est parmi les pays précurseurs en matière de réflexion autour de l’intelligence artificielle, aujourd’hui, nous accusons un retard, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle les plus avancés. « La Tunisie possède tous les atouts pour devenir un hub régional, mais nous avons besoin d’une action coordonnée que l’Etat a déjà adoptée», a-t-il analysé, appelant à renforcer l’écosystème des start-up.
Pour ce qui est de l’autre face de cette forme d’intelligence, Khaled Ghedira estime que la grande problématique réside dans les disparités et l’inégalité des chances que ces technologies vont créer. Puisque ces outils deviendront en majorité payants avec des versions gratuites très limitées. « Le gap se creusera entre pays pauvres et pays riches. A l’intérieur d’un même pays également, l’écart entre riches et pauvres ne serait-ce qu’en termes d’accès à l’information se creusera forcément », prévient-il.

Des questions d’éthique

Si l’intelligence artificielle est en constante évolution et a des implications majeures dans de nombreux domaines, elle soulève des questions d’éthique, de sécurité et de réglementation liées à son utilisation et son impact sur la société. Primo, les modèles d’IA peuvent refléter les biais présents dans les données sur lesquelles ils sont formés. Cela peut entraîner des discriminations injustes et des inégalités dans les décisions prises par ces systèmes, notamment dans les domaines de l’emploi, du crédit et de la justice pénale.
Secundo, les modèles d’IA complexes peuvent être difficiles à comprendre. Il peut être difficile de déterminer comment ils prennent leurs décisions, ce qui pose des problèmes en matière de responsabilité et de confiance, notamment si ces systèmes développent une forme avancée de conscience et d’indépendance. De même, qui est responsable, en cas d’erreur ou de dommage causé par une décision prise par un système d’IA ? L’attribution de la responsabilité devient complexe lorsque les décisions sont prises par des algorithmes autonomes.

ChatGPT répond !

Nous avons posé cette question pertinente à ChatGPT lui même et sa réponse est la suivante : « La question de la responsabilité en cas d’erreur ou de dommage causé par un système d’intelligence artificielle est un sujet complexe et en constante évolution sur le plan juridique et éthique. La réponse peut varier en fonction de différents facteurs tels que le contexte, la juridiction et la nature de la décision ou du dommage en question. Dans de nombreux cas, la responsabilité initiale peut incomber à l’entreprise ou à l’individu qui a développé, formé et déployé le système d’IA. Cela découle de l’idée que les développeurs doivent s’assurer que l’IA est correctement conçue, formée et surveillée pour minimiser les risques d’erreurs ou de dommages. Si un utilisateur utilise un système d’IA de manière inappropriée ou en ignorant des avertissements, il peut être tenu pour responsable des conséquences de ses actions. À mesure que les systèmes d’IA deviennent plus complexes, il peut y avoir des débats sur la possibilité d’attribuer une certaine forme de responsabilité à l’IA elle-même. Cependant, cela soulève des questions philosophiques et juridiques importantes sur la nature de la responsabilité et la capacité de l’IA à comprendre et à assumer de telles obligations ». Sa réponse démontre que l’Intelligence artificielle est, elle-même, consciente des problématiques éthiques qu’elle pose.
Sur le plan onusien, la question a été également anticipée. Alors que l’ONU appelle déjà à des réglementations claires organisant ce domaine, ses décisions semblent déjà dépassées par la vitesse effrénée de ces technologies. « Si l’IA représente un atout pour le développement responsable de nos sociétés, elle pose aussi des questions d’éthique importantes. Comment pouvons-nous nous assurer que les algorithmes n’empiètent pas sur les droits de l’homme fondamentaux – allant de la vie privée à la confidentialité des données, en passant par la liberté de choix et la liberté de conscience ? La liberté d’action peut-elle être garantie, lorsque nos désirs sont anticipés et guidés ? Comment pouvons-nous nous assurer que les stéréotypes sociaux et culturels ne sont pas reproduits dans les programmations en intelligence artificielle, notamment en ce qui concerne la discrimination fondée sur le genre ? Ces circuits peuvent-ils être reproduits ? Les valeurs peuvent-elles être programmées, et par qui ? Qui porte la responsabilité lorsque les décisions et les actions sont entièrement automatisées ? Comment pouvons-nous être sûrs que personne, où que ce soit dans le monde, n’est privé des bénéfices de ces technologies ? Comment veiller à ce que l’IA soit développée de manière transparente, de sorte que les citoyens du monde, dont la vie est affectée, aient leur mot à dire dans son développement ? », S’interrogent les Nations unies.
L’ONU appelle, en e et, à ce que les nouvelles technologies, en particulier celles fondées sur l’IA, soient utilisées au service de nos sociétés et de leur développement durable. Ses développements et ses applications devraient être réglementés pour qu’ils soient en conformité avec les droits fondamentaux qui encadrent notre horizon démocratique.
Pour sa part, l’Unesco dit faire tout ce qui est en son pouvoir pour s’acquitter de sa mission, éclairant les débats mondiaux sur les grandes transformations de notre temps, tout en établissant des principes afi n de s’assurer que les avancées technologiques sont utilisées pour servir le bien commun.

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