En crise à la fois éthique et identitaire, l’enseignement et tout le système éducatif pâtissent d’une image déplorable. Les dépassements, les excès et les manquements qui accompagnent chaque année scolaire déclenchent, chaque fois, un nouveau psychodrame dans le milieu éducationnel. Et ce sont toujours les élèves et leurs parents qui sont la plupart du temps touchés par les agissements et les revendications souvent excessives des enseignants et de leurs syndicats.
La déformation de l’enseignement ne se limite pas pour autant aux défaillances qui se succèdent et qui ne se ressemblent pas. Les manquements ne s’arrêtent pas là, puisque les syndicats ont chaque fois recours à l’arrêt des cours, à la rétention des notes, une première exclusivement tunisienne. Le tout sur fond de prise en otage des élèves et de leur avenir avec un mode de sommation unique et inédit.
Pour faire pression et revendiquer les droits, dont ils sont les seuls à proclamer la légitimité, les syndicats de l’enseignement ont franchi toutes les lignes rouges avec des actes et des méthodes dont le retentissement dépasse largement l’action syndicale. Il est clair que derrière toute revendication se cachent toujours de bien terrifiants dangers.
En effet, il est devenu aujourd’hui facile de spéculer sur la valeur éducative et l’exemplarité de l’enseignement tunisien et de ses acteurs. Nous sommes dans le regret et la désolation de constater et, par conséquent, d’affirmer que l’authenticité de ce secteur sensible n’a jamais été aussi compromise, pour ne pas dire bafouée.
Le système éducatif connaît sa propre crise de gouvernance. Il fonctionne depuis plus d’une décennie dans une prétendue spécificité qui ne fait qu’engendrer les dérives et les dérapages successifs et accablants.
Il s’agit, en fait, d’une crise institutionnelle qui recouvre plusieurs enjeux apparents et d’autres sous-jacents. D’où les conflits d’intérêts qui nous amènent à nous interroger si les syndicats pensent vraiment à l’avenir de nos enfants et à celui d’une génération toute entière.
Pour cette raison et pour tant d’autres, nous considérons que la consultation nationale sur la réforme de l’éducation et de l’enseignement a aujourd’hui un impératif très spécial : l’instauration d’un nouveau système éducatif qui mette fin aux mesures prises lors de la décennie noire et qui ont affaibli un des secteurs les plus importants des services publics, à savoir l’éducation et l’enseignement.