« Les nations, comme les métaux, n’ont de brillant que les surfaces », a écrit un jour le philosophe Antoine De Rivarol. Autrement, comment qualifier ce paysage délabré qui s’étale devant nos yeux ? Comment expliquer cet indescriptible déchaînement de sauvageries : homicides, pédophilie, zoophilie, inceste, haine de soi ?
Alors que la rentrée scolaire approche à grands pas, un fléau menaçant nos écoles et lycées doit susciter l’attention de l’Etat, pour sauver des communautés que l’on déracine. La consommation de drogues en milieu scolaire est de plus en plus phénoménale dans nos écoles et lycées. Et les cartels se propagent dans les favelas.
Une étude récente, menée par le ministère de l’Education sur un échantillon de 12.500 élèves, répartis sur 188 établissements éducatifs, a démontré que 77% des élèves ont déclaré être consommateurs de stupéfiants. Soit, environ 45% de ces consommateurs ont été exposés à la violence verbale et physique, 86,3% d’entre eux ont abandonné l’école plus d’une fois, alors que 77,6% ne se sont livrés à aucune activité culturelle ou sportive pendant leur temps libre, d’après la même étude.
Confirmant le danger qui guette notre société, l’Institut national de santé a récemment révélé que 7% des enfants tunisiens ont consommé de la drogue et 10% d’entre eux ont consommé la première prise avant leurs 13 ans, en 2022. L’accès est tellement facile que 16,3% des élèves estiment que l’achat des drogues est simple. 5,2% des enfants tunisiens ont «sniffé» du benzène ou de la colle.
Dans la même optique, deux enquêtes réalisées par Medspad (Mediterranean School Survey Project on Alcohol and Other Drugs) en 2017 et 2021 avaient mis en garde contre une consommation croissante de certaines drogues en milieu scolaire dans notre pays, notamment le cannabis, l’alcool et l’ecstasy. S’y ajoute le captagon qui ne cesse de déferler sur l’Afrique Subsaharienne et l’Afrique du Nord, à travers la bande sahélo-sahélienne, d’après des rapports de la presse internationale. Si les chiffres ci-dessus avancés sont alarmants, sur le terrain le tableau est beaucoup plus sombre, selon des sources sécuritaires spécialisées.
À Kairouan — c’est là un cas édifiant —, les cartels de la drogue ne cessent de s’étendre dans certains quartiers populaires, de l’avis de témoins oculaires. Il suffit de se référer aux taux de criminalité, de suicide et de viol dans cette ville pour en réaliser la gravité et la dangerosité.
Reste à dire que chaque société a ses parias, marginaux et déclassés sociaux. Mais l’école, dont dépendent le présent et l’avenir des nations, est une ligne rouge. Or, notre école semble être aujourd’hui le terreau de tous les maux, y compris la consommation de drogues.
Rarement, dans l’histoire des peuples, l’indifférence et la résignation n’ont conduit à de telles extrémités. Au lieu de former les générations de demain, de forger les hommes qui prendront un jour les rênes du pays, et au lieu de sculpter les esprits, notre école altère les consciences.
Que peut-il y avoir de pire pour un pays que de voir ses écoles contribuer à altérer les consciences au lieu de contribuer au développement de l’homme ? Il n’est pas facile d’expliquer par les mots une si monstrueuse dérive.
Dr Anouar JARRAYA
27 août 2023 à 13:08
Il faudrait un programme national de prévention contre la consommation de la drogue via la réseau scolaire avec une volonté politique et un suivi, sans oublier les medias-