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De la nécessité d’un compromis

Editorial La Presse

 

L’année 2024, tout comme celle de 2023, s’annonce extrêmement difficile. Les charges financières de l’Etat sont, en effet, trop importantes. Et on se demande alors comment serait-il possible à un pays, en panne sèche financière, de mobiliser une enveloppe d’environ 70 milliards de dinars pour financer son budget.   

La situation devient beaucoup plus complexe, surtout avec le « boycottage financier » des principaux bailleurs de fonds internationaux et leur entêtement à imposer leurs diktats.

Certains pensent que la Tunisie est capable de contourner ce blocage, en comptant sur ses propres ressources, à travers l’amélioration du rendement des principaux secteurs économiques et aussi le recours à l’endettement intérieur.

Même si cette option est ambitieuse, elle reste une parade de moyen et long termes. Or, la Tunisie se retrouve dans l’urgence économique et doit répondre, tout au long des mois à venir, à des échéances aussi importantes les unes que les autres. Elle est appelée de ce fait à opérer sur le court terme.

Il y a d’abord les différents projets de développement et tous les chantiers de restructuration économique qui ne pourraient plus supporter aucun report compte tenu de la délicatesse de la conjoncture actuelle. La question est d’autant plus sensible qu’elle est devenue malheureusement une question de survie économique.

Le dossier des dépenses sociales s’impose également, notamment la fonction publique et sa masse salariale assez conséquente et qui continue à engloutir une bonne partie des revenus du budget de l’Etat. En 2023, elle s’est située aux alentours de 22 milliards de dinars, alors qu’elle était de 6,7 milliards de dinars seulement en 2010. Un peu trop pour un pays en manque de liquidité.

Les subventions aux entreprises publiques continuent également d’alourdir les charges financières de l’Etat. En 2023, les statistiques retiennent un montant de l’ordre de 12 milliards de dinars.

Mais le dossier le plus sensible concerne certainement les prochaines échéances du remboursement extérieur de la dette souveraine de la Tunisie. Pour 2024, on parle d’environ 2,6 milliards de dollars qui devraient être honorés sur des périodes très rapprochées.

Des engagements incontournables puisque la crédibilité de la Tunisie sur la scène internationale y dépend largement, et toute défaillance placerait automatiquement notre pays dans une situation de « défaut de paiement ». Ce qui entraînerait, par conséquent, une baisse supplémentaire de la note souveraine et rend tout accès aux marchés financiers extérieurs prohibitif.

Face à ce tableau plutôt pessimiste, l’accord avec le FMI constitue toujours, du moins pour le moment, un recours nécessaire, conditionné bien entendu. Comprendre qu’il est important d’arriver à un compromis avec des conditionnalités plus légères et qui soit en mesure de répondre, même dans une partie, aux exigences des uns et des autres.

Cependant, un tel accord, en cas de conclusion, ne doit pas empêcher la Tunisie de bien soigner, dès maintenant, l’alternative du compter-sur-soi. Cela suppose toutefois l’engagement d’un programme de restructuration économique et financière profond orienté, en priorité, vers la dynamisation des investissements aussi bien publics que privés, l’amélioration du rendement de l’appareil productif dans les secteurs stratégiques et l’élargissement des ressources fiscales. Sans omettre l’éternelle question de la bonne maîtrise des dépenses sociales.

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