Des manifestations spontanées ont éclaté, mardi 17 octobre au soir, dans plusieurs capitales et villes du monde arabe, islamique et occidental dont Tunis, dans la foulée de la frappe barbare perpétrée par l’armée d’occupation israélienne sur l’hôpital Al-Ahli au Nord de Gaza qui a fait plus de 500 morts et des centaines de blessés, dont une majorité de femmes et d’enfants.
Les manifestants ont jusque tard le soir envahi les artères principales à Tunis, Le Caire, Beyrouth, Ankara, Istanbul, Téhéran, Bagdad, Tripoli, Berlin, Washington, Montréal et autres. A Amman, des manifestants ont tenté de pénétrer dans l’ambassade américaine, à Tunis un grand nombre de citoyens ont manifesté devant l’ambassade de France.Partout dans le monde, des foules en colère ont scandé des slogans condamnant cet horrifiant massacre, déplorant le soutien des pays à l’agression de cette armée sans morale qui fait fi des lois de la guerre. A Ramallah en Cisjordanie, les rassemblements ont été réprimés par l’Autorité palestinienne, les manifestants ayant scandé des slogans appelant à la démission du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Les forces d’occupation n’ont pas hésité, de leur côté, à réprimer violemment des manifestations à Jenine, Jérusalem-Est et autres.
Mais, face aux nombreuses réactions internationales condamnant ce crime barbare, l’armée sioniste a vite fait d’accuser le Jihad islamique d’être l’auteur du tir de missile sur l’hôpital de Gaza, se défaussant ainsi de sa responsabilité en la rejetant sur cette organisation. Or, selon plusieurs témoignages du personnel de l’hôpital et d’habitants de Gaza diffusés sur les chaînes arabes et même française (LCI), « l’armée sioniste a demandé l’évacuation de l’institution médicale ». D’autant que comme si de rien n’était, elle a poursuivi toute la nuit ses bombardements sauvages sur des civils, innocents et isolés, prouvant par là son indifférence totale aux souffrances humaines. Le Jihad islamique a, lui, nié cette version, la récusant totalement.
Toutefois, le porte-parole militaire de l’armée sioniste a déclaré dans une conférence de presse qu’«un enregistrement audio intercepté confirme que le missile a été lancé à partir du sud de Gaza ». La plupart des chaînes d’information en continu occidentales ont relayé cette version avec force explications. A son tour, le président américain Jo Biden, en visite à Tel-Aviv, a apporté son soutien à l’entité sioniste en appuyant sa version des faits, en confiant devant Benyamin Netanyahu : « Nous avons été bouleversé par l’explosion, il semble que le tir sur l’hôpital de Gaza est le fait de la partie adverse et pas israélienne ». Or, rien n’est sûr, car il s’agit d’une version contre une autre, celle du Hamas, d’autant que des experts affirment que les missiles des deux organisations sont artisanaux et ne sont pas assez puissantes pour provoquer autant de dégâts et de victimes.
Embrasement de la rue arabe
D’autres réactions sont venues condamner ce tir de missile sur l’hôpital d’Al-Ahli, où se trouvaient 3.000 personnes entre malades, blessés et déplacés du nord de Gaza, d’où le nombre important de morts, faisant, ainsi, de la Nakba de 2023 la plus catastrophique et tragique de toutes les autres, depuis 1948, puisque le nombre de victimes s’élèverait, en prenant en compte le 1.000 autres encore sous les décombres, à 4.500 personnes, alors que la guerre n’en est qu’à ses premiers jours.
Les condamnations ont été fortes dans plusieurs pays arabes et islamiques dont la Tunisie, le Président Kaïs Saïed ayant appelé «la communauté internationale à assumer son entière responsabilité et à appliquer le droit à ceux qui ont bafoué l’humanité», la Jordanie, le Hezbollah, l’Iran, la Turquie, l’Autorité palestinienne et l’Egypte ayant, tous deux, mis en garde, l’entité sioniste l’appelant à s’empêcher de pousser les Palestiniens vers un second exil,
« Il n’y aura pas un second exil en 1923, comme en 1948 », a martelé Mahmoud Abbas dans une brève allocution. Des organisations tels que l’ONU, l’Union Africaine et les organisations de médecins sans frontières et le Cicr ont fustigé l’attaque, prônant que « les établissements de santé devraient être des sanctuaires jamais ciblés ».
Certains pays occidentaux comme la France ont « fermement condamné » cette horrible frappe mais sans impliquer aucune partie. Cette catastrophe humanitaire est, par ailleurs, venue à bout de la réunion tripartite qui devait se dérouler à Amman entre Biden, Al Sissi et Abbes, puisqu’elle a été annulée par la Jordanie.
Refus de l’occupant sioniste de se conformer au droit international
La colère s’est, donc,emparée de la rue arabe bouleversée et scandalisée par ce massacre dantesque, ce sentiment d’irritation étant exacerbé par l’impuissance de leurs Etats incapables, après 14 jours de bombardements incessants sur la Bande de Gaza, qui ont fait 3.478 morts et 12.000 blessés, d’imposer un cessez-le-feu de quelques heures pour l’acheminement vers Gaza des aides humanitaires, en attente à la frontière de Rafah. Une aide devenue vitale après un long blocus humanitaire.
L’exaspération est de plus en plus grande au sein des foules de manifestants qui ressentent un profond sentiment d’injustice suscité par le droit illimité de se défendre que s’est arrogé l’occupant sioniste avec l’accord de ses alliés occidentaux dans le but de justifier le déluge de violence outrancière et meurtrière qui s’abat, depuis 14 jours, sur les Palestiniens de Gaza considérés, d’ailleurs, comme « un groupe inférieur et distinct » par l’occupant sioniste s’accordant, lui, « un statut supérieur » comme dans tous les systèmes d’apartheid.
Ce sentiment d’injustice est doublement exacerbé par le refus de l’occupant sioniste de se conformer au droit international en acceptant la solution des deux Etats, palestinien et israélien. Pis, il multiplie les colonies en prônant la violence à travers toutes sortes d’exactions, agressions, traitements inhumains et crimes contre l’humanité à l’encontre de la population palestinienne isolée.
Des crimes perpétrés durant les nombreuses guerres ayant émaillé l’histoire des Palestiniens depuis la Nakba et la colonisation de leur terre voilà 75 ans. Voilà qui renforce, dans la rue arabe, l’idée que l’Occident applique la politique du deux poids deux mesures en apportant « un soutien sans équivoque » à l’Etat hébreu malgré toutes les violations du droit international qu’il commet depuis 75 ans, les dernières en date étant le génocide et les crimes de guerre contre la population de Gaza. Laissant croire, ainsi, que le droit humanitaire international s’impose aux uns et pas aux autres et que la démocratie et bien d’autres valeurs que nous chantent l’Occident sont des principes à géométrie variable.