Conquête du marché africain | Douja Gharbi, Entrepreneure, CEO de RedStart Tunisie à La Presse : «La Tunisie cherche à saisir des opportunités en développant des partenariats commerciaux»

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Les entreprises tunisiennes doivent aussi être prêtes à gérer les défis financiers et opérationnels, notamment les délais de paiement prolongés, les fluctuations des taux de change et les risques financiers associés aux transactions internationales. Il ne faudrait pas négliger le poids de l’utilisation des technologies modernes et l’innovation à tous les niveaux de la chaîne de valeur pour s’offrir un avantage concurrentiel sur le marché africain.

La Tunisie s’intéresse de plus en plus au continent africain, elle assure une meilleure présence sur le plan économique. Quelle analyse faites-vous de la stratégie tunisienne sur le marché africain qui est en progression exponentielle?

Durant la dernière décennie, le secteur privé en Tunisie a montré un intérêt croissant pour le continent, cherchant à renforcer ses liens économiques et sa présence sur ce marché en pleine expansion. Cet engouement est motivé par le fait qu’on devait chercher à diversifier nos marchés en nous tournant vers l’Afrique et en investissant dans ses économies en plein essor, tout en renforçant nos positions dans les marchés traditionnels. Il y a eu même des réflexions autour d’une approche en cluster avec des partenaires commerciaux européens, notamment, pour répondre aux mieux aux exigences des  marchés africains à fort potentiel.

La Tunisie cherche à saisir des opportunités sur le marché africain à fort potentiel et en pleine expansion, et ce, en participant à des projets d’infrastructure, en développant des partenariats commerciaux et en investissant dans différents secteurs tels que la santé, les TIC, l’énergie, etc. Il existe aujourd’hui de grandes entreprises tunisiennes bien implantées sur certains marchés d’Afrique subsaharienne et qui réussissent parfaitement dans leurs projets. En même temps, plusieurs initiatives pour exporter des produits et services tunisiens vers de nouveaux marchés africains ont été mises en place par diverses structures et organisations privées et publiques, seulement ces exportations vers les pays du continent ne dépassent pas les 3% selon les chiffres officiels.

Il serait opportun d’élaborer une stratégie nationale à même de permettre à la Tunisie de bénéficier pleinement des accords signés tels que l’accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa).

Il est important que la Tunisie s’engage dans des collaborations opérationnelles, bilatérales et multilatérales avec des pays et des organisations africaines, renforce également ses relations diplomatiques sur le continent et mette en place une stratégie offensive.

La Tunisie est appelée à tirer la leçon des expériences de plusieurs pays voisins qui sont en train de réussir leur ouverture sur le continent. Pensez-vous que la stratégie qu’elle a adoptée afin de mieux ancrer la dimension africaine dans ses différentes actions, de partenariat économique, de profiter du boom économique du continent en termes de développement et d’intégration soit suffisante pour établir des accords commerciaux préférentiels ou de libre-échange avec les pays africains ?

Les expériences réussies de plusieurs pays reposent sur l’adoption d’une stratégie proactive pour renforcer leur intégration au sein du continent africain, et ce, en menant une diplomatie active en Afrique. Il s’agit aussi de  renforcer les liens avec les pays du continent par le biais de visites officielles, de sommets et de rencontres diplomatiques, qui permettent de conclure des accords bilatéraux avec divers pays africains, des partenariats économiques, commerciaux et d’investissement. Ces pays ont ainsi réussi à investir dans différents secteurs sur le continent, notamment dans l’agriculture, les banques, les télécommunications et d’autres industries, contribuant ainsi au développement économique des pays hôtes et donc en optant une approche win-win.

Ils ont également choisi de renforcer les liens culturels en plus des liens économiques, ceci leur a permis de mieux comprendre les marchés cibles et mieux les appréhender.

Ils ont mis en place, par ailleurs, des programmes de coopération et d’assistance technique dans plusieurs pays africains, offrant une expertise dans des domaines tels que la santé, l’éducation, l’agriculture et le développement durable, exprimant ainsi une volonté affirmée de contribuer au développement économique et social de l’Afrique. Ceci renforce leur présence et leur influence sur le continent.

La stratégie adoptée par la Tunisie pour renforcer sa présence en Afrique est certainement un pas dans la bonne direction. Cependant, des mesures supplémentaires pourraient être nécessaires, notamment en s’engageant activement dans des négociations bilatérales et multilatérales visant à établir des accords commerciaux favorisant la croissance économique des pays concernés, encourager la complémentarité des économies… S’atteler à comprendre les différentes réalités économiques, sociales et politiques de ces nations est essentiel pour établir des partenariats mutuellement avantageux et promouvoir une coopération gagnant-gagnant est aussi crucial pour établir des accords commerciaux durables. Il va sans dire qu’il est également important de renforcer la logistique et les liens avec les pays visés du continent, des problèmes de mobilité et l’absence de lignes directes avec ces pays peuvent entraver les échanges et coûter cher aux entreprises qui peuvent devenir moins concurrentielles.

Il faudrait souligner enfin qu’il y a aussi des difficulté d’accès à un nombre de pays du continent, du fait que ces mêmes pays mettent des barrières réglementaires et commerciales, ayant des infrastructures limitées et des problèmes liés aux paiements internationaux et des risques politiques et économiques.

Aujourd’hui les entreprises tunisiennes ont compris que l’Afrique renferme un potentiel important de développement, d’investissement et de partenariat qu’il importe de savoir exploiter. Que doivent faire nos entreprises pour profiter pleinement de ce potentiel ?

Pour que les entreprises tunisiennes puissent pleinement tirer profit du potentiel de développement, d’investissement et de partenariat en Afrique, il est essentiel qu’elles comprennent en profondeur les besoins, les tendances, les habitudes et les attentes des différents marchés africains ciblés et notamment bien comprendre leurs cultures.

Comprendre la concurrence locale et les réglementations spécifiques à chaque marché est crucial aussi pour réussir. Il faudrait ensuite adapter leurs produits ou services pour répondre aux besoins spécifiques des consommateurs africains.

Les entreprises tunisiennes doivent aussi être prêtes à gérer les défis financiers et opérationnels, notamment les délais de paiement prolongés, les fluctuations des taux de change et les risques financiers associés aux transactions internationales, il ne faudrait pas négliger le poids de l’utilisation des technologies modernes et l’innovation à tous les niveaux de la chaîne de valeur pour s’offrir un avantage concurrentiel sur le marché africain. Enfin, le développement solide de partenariats avec des entreprises, structures et organisations locales est indispensable et serait la base d’une bonne stratégie de déploiement sur le continent.

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