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Conférence scientifique : Souveraineté numérique arabe, un enjeu stratégique

 

Le poids des algorithmes dans la vie quotidienne des personnes et les conditionnements de leurs choix ainsi que les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle, des problématiques débattues hier au siège de l’Union de radiodiffusion des Etats arabes.

L’essor des nouvelles technologies pose d’importants problèmes de souveraineté. Les grandes entreprises du secteur, notamment les Gafam et leurs homologues chinois Batx, usent de leur taille et leur pouvoir de marché pour violer la souveraineté des États, en imposant leurs règles ou en influençant la création des lois en fonction de leurs intérêts.
Le poids des algorithmes dans la vie quotidienne des personnes et les conditionnements de leurs choix ainsi que les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle et son implication sur les capacités de réflexion humaines. : ces problématiques ont été débattues hier au siège de l’Union de radiodiffusion des Etats Arabes (Asbu) à Tunis, où la Ligue arabe a organisé une conférence scientifique sur la « Souveraineté numérique arabe ».
Ouvrant le débat autour de cette importante thématique, le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Mohamed Salah Ben Aissa, a soulevé plusieurs questions quant à l’essor des nouvelles technologies dans le monde et particulièrement dans le monde arabe. Des risques d’ingérence dans les politiques publiques à la perturbation de la vie quotidienne en passant par la privatisation du droit et le contournement des législations nationales, Ben Aissa a posé plusieurs interrogations quant à la capacité des pays arabes à défendre leur souveraineté face aux poids des géants du numérique.

La régulation, facteur clé de l’affirmation des valeurs arabes

« Nous devons en tant qu’Etats arabes œuvrer à limiter le poids démesuré de ces Gafam et limiter leur implication dans la mise en place des politiques publiques locales, de même il est essentiel de limiter leur influence sur les industries culturelles et sur la liberté d’expression », a plaidé Ben Aissa. Et de soulever également la grande problématique de la protection des données personnelles aux mains de ces entreprises, laissant croire que la régulation apparaît comme un des facteurs clés de l’affirmation des valeurs arabes face à l’essor des technologies.
Les Gafam ou Gamam (Google, Apple, Facebook – Meta, Amazon et Microsoft) ou les cinq géants menacent la souveraineté numérique du monde arabe. La domination de mégaentreprises numériques tire son origine de leur poids économique. Leur valeur boursière rivalise avec le PIB de nombreux pays. A titre d’exemple, la valorisation boursière cumulée des Gafam a atteint 5853 milliards de dollars en 2020.

Protéger la souveraineté numérique des pays arabes

Pour Mohamed Ben Amor, directeur général de l’Organisation arabe des technologies de l’information et de la communication, protéger la souveraineté numérique des pays arabes s’impose comme un choix stratégique pour garantir « notre avenir numérique », notamment face aux menaces cybernétiques.
Rappelant que la souveraineté numérique fait référence à la capacité d’un pays ou d’une entité à exercer un contrôle autonome sur ses propres affaires numériques, en particulier en ce qui concerne les données, les technologies de l’information et de la communication (TIC), et la cybersécurité. Mohamed Ben Amor a souligné le fait que ce concept implique la protection et la gestion indépendante des ressources numériques, des infrastructures et des services liés à l’informatique.
Jugeant indispensable pour les pays arabes de promouvoir le développement de leurs propres capacités technologiques, en encourageant l’innovation, en investissant dans la recherche et le développement, il a insisté sur le fait que la souveraineté numérique implique également la protection des infrastructures critiques, afin de ne pas dépendre excessivement de technologies étrangères.
Le haut responsable a estimé également que cette forme de souveraineté, devenue un engagement de nos jours, repose sur des principes fondamentaux comme l’équité, la coopération et la suprématie de la loi.

Quid de l’intelligence artificielle ?

Lors de cette conférence, les différentes interventions ont également souligné les menaces éthiques relatives aux usages de l’intelligence artificielle dans les différents domaines. A cet effet, Mohamed Jemni, directeur du département des technologies de l’information et de la communication à l’Alecso, a plaidé en faveur d’une charte éthique des usages de l’intelligence artificielle. Dressant un paysage extrêmement complexe des usages du numérique, il a expliqué que l’intelligence artificielle vient brouiller davantage cette image.
Le responsable a mis l’accent sur l’apprentissage automatique de l’intelligence artificielle (Machine Learning) qui se concentre sur le développement de techniques permettant aux ordinateurs d’apprendre à partir de données. « Le risque le plus grave est de perdre les capacités humaines, notamment en matière d’apprentissage et de réflexion face à l’intelligence des machines », a-t-il averti.
Les différents intervenants ont convenu que la souveraineté numérique est devenue une préoccupation croissante pour les pays arabes qui dépendent des technologies étrangères. En raison des enjeux liés à la protection des données, à la sécurité nationale et à la compétitivité économique dans l’ère numérique, pour eux, il est important de noter que la réalisation de la souveraineté numérique peut être complexe, car de nombreux services et technologies sont interconnectés à l’échelle mondiale.

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