Avant t de parler de sociétés sportives au lieu des associations, avant de voir enfin ce fameux modèle de loi sur les structures sportives (qui traîne encore et toujours), parlons d’abord des préalables à cette transformation fatidique. Ce passage vers les sociétés sportives implique des outils de gestion et de gouvernance que notre sport rejette encore. Pour gérer les clubs en tant que sociétés redevables de rentabilité et de développement, il faut qu’on ait au moins une connaissance et des années de pratiques rigoureuses, et qui permettent de bien gérer les ressources d’un club.
Dans la réalité, c’est un «cocktail» fade et une image confuse : il y a des états financiers, il y a des trésoriers, il y a théoriquement un suivi des flux financiers et bien sûr il y a un comité directeur qui gère le club. On a des factures, on a des salaires de joueurs, conçus suivant les principes comptables reconnus, mais en même temps tout reste flasque, tout est centralisé, et pire, beaucoup d’opérations suspectes et des cas de fraudes et de malversations qui ne sont pas réprimés. Gérer un club en Tunisie se fait au pif, par ego, par caprice surtout quand le président du club est lui-même bailleur de fonds.
Beaucoup d’argent circule dans nos clubs, un argent fou payé à des joueurs, des agents et des entraîneurs, sans que personne ne puisse comprendre comment et dans quelle utilité cet argent a été gaspillé. Pour résumer l’idée, on dira tout simplement que si l’on veut vraiment que notre sport soit professionnel, autant mettre les balises et les préalables pour que la gestion soit rigoureuse. Qu’on commence par contrôler ce qui se fait dans les clubs et s’assurer, par exemple, que le plafond des salaires des joueurs est respecté, qu’on mette fin à cette pernicieuse estocade aux sections des jeunes et aux sports individuels dans les clubs omnisports. Quand on gère au pif et qu’on ne prévoit pas des structures saines et des dirigeants braves, passer subitement à des sociétés sportives où tout se comptabilise et où la «performance» financière vaut même plus que celle sportive, est un pas hasardeux. C’est que les anomalies de gestion qu’on voit dans la réalité des clubs sont telles qu’elles deviennent des «règles» (fausses bien sûr) de fait. On vit avec, on les protège même puisque c’est un trésor pour tous ces gens qui, à peine débarqués dans un club, se font des fortunes et un rang social. Face à eux, un vide juridique et un laisser-aller. C’est une bataille contre les moulins à vent alors?!