Dans un état de vétusté avancé, certains édifices historiques datant de plusieurs siècles et qui menacent de s’effondrer sont devenus des dépotoirs
A Kairouan, il y a de vieux souks qui portent allègrement, leurs sept siècles d’existence. Les souks El Majel, pour ne citer que ceux-là, faisaient partie d’une zone marchande et industrielle liée au tannage qui fleurissait dans la région de Kairouan depuis le XIIIe siècle grâce à l’élevage bovin dans les agglomérations environnantes. Ces souks, qui datent donc de l’époque hafside, ont été construits sur des citernes qui servent à la récupération des eaux de pluie.
Cet ensemble architectural est tombé en désuétude dans les années 1900. Depuis, plusieurs restaurations ont été entreprises, ce qui a permis de sauver ces lieux où 14 boutiques ont été aménagées.
Malheureusement, de nos jours, les souks El Majel sont de nouveau tombés dans l’oubli. Les boutiques sont désormais closes et les ruelles situées à proximité de ces souks sont devenues sombres, le soir, devenant une zone de non-droit et le fief nocturne des alcooliques et des délinquants. Par ailleurs, la vieille ville est en train de perdre certaines de ses composantes architecturales, à l’exemple des portes cloutées, des encadrements sculptés et des fenêtres de type Zlabia subtilisés par des malfrats.
On déplore aussi l’existence de vieilles boutiques servant de dépôts, de maisons dont les murs risquent de s’écrouler à tout moment et qui sont envahies par les scorpions et les détritus.
Par ailleurs, beaucoup de bouches d’égouts, de regards sont sans tampons fixes, ce qui représente un vrai danger aussi bien pour les piétons qui ne peuvent les voir que pour les automobilistes qui peuvent s’y engouffrer…
A part cela, beaucoup de petites et belles mosquées, dans un état de vétusté avancé risquent de s’écrouler, dont la mosquée Ibn Torkhana et celle située à Rbat Hdid…
Le mausolée Sidi Sahnoun est méconnaissable
Non loin des remparts cernant la médina de Kairouan, se trouve le mausolée de l’Imam Sahnoun, principal instigateur du malékisme au Maghreb. Ayant connu d’importants travaux de rénovation et de restauration qui ont permis de mettre en exergue l’importance de la surélévation du monument menacé par les crues et la montée de la nappe phréatique, ainsi que l’édification d’une coupole sur trompes, le mausolée Sidi Sahnoun, un grand jurisconsulte malékite, est visité par de nombreux Tunisiens de différents gouvernorats.
Malheureusement, cela fait plusieurs années que ce monument est devenu un lieu de débauche en l’absence de gardiennage. D’ailleurs, toues ses portes et fenêtres sont dans un état lamentable et ses murs sont lézardés et suintant d’humidité.
En outre, tout son environnement immédiat ainsi que le petit cimetière l’entourant sont devenus des dépotoirs, cela sans oublier les restes de matériaux de construction que des citoyens indélicats n’hésitent pas à déverser… à proximité. Les ministères des affaires religieuses, de la culture et des domaines de l’Etat sont appelés à intervenir d’urgence pour restaurer et entretenir ce mausolée portant le nom d’un grand théologien de l’islam au Maghreb. En outre, il serait souhaitable qu’on clarifie le statut juridique pour identifier les responsables de la sauvegarde de tel ou tel monument.