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Israël envoyé devant la justice par le pays de Mandela

Editorial La Presse

L’histoire commence le vendredi 29 décembre 2023. Le gouvernement sud-africain a déposé une plainte auprès de la Cour internationale de justice (CIJ). Objet de la requête ; la guerre menée par Israël contre le Hamas à Gaza, viole, selon Pretoria, la Convention sur le génocide de 1948, défini comme « actes commis dans l’intention de détruire en tout ou en partie un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

Jeudi 12 janvier, les avocats sud-africains ont présenté leurs plaidoiries, accusant Israël de faire une guerre qui a pour finalité non pas de se défendre, mais de « détruire la population » de Gaza. Le pays de Madiba réclame de cette Cour, principal organe judiciaire des Nations unies, « des mesures d’urgence pour faire cesser l’offensive israélienne ». Plaçant les « actes de génocide dans un contexte plus large de la conduite d’Israël à l’encontre des Palestiniens, depuis 75 ans ».

C’est cette requête, dite demande immédiate de mesures provisoires, qui a fait l’objet des audiences les 11 et 12 janvier 2024 à La Haye, aux Pays-Bas. Au deuxième jour d’audience, les avocats israéliens ont dénoncé des allégations sans fondement, en déroulant leur immuable justification ; « le droit d’Israël à se défendre ».

Or, les faits battent en brèche ce principal argument de défense. En 90 jours de bombardements, Gaza n’est plus qu’un vaste champ de ruines, 23.000 personnes ont été tuées, 60 mille blessées, sans parler des corps enfouis sous les décombres. Quant aux survivants, la population civile palestinienne de plus de 2 millions, est privée de tout, et condamnée à la famine et aux incessants déplacements.

Les décisions de la Cour de La Haye sont définitives et non contestables en appel, mais, elles ne sont pas contraignantes. Ce qui signifie que la plus haute juridiction internationale n’a aucun moyen de les faire appliquer. Toutefois, cette action en justice qui a fait grand bruit à travers le monde a une haute portée symbolique. L’Afrique du Sud est un emblème de l’histoire de l’apartheid dans le monde, aboli le 30 juin 1991. Après de longues années de combat, le peuple autochtone, le peuple noir, a recouvré ses droits et sa liberté. Et en 1996, Nelson Mandela, qui a passé 27 années de sa vie en prison, devient le premier Président noir de l’Afrique du Sud. C’est donc cette nation puissante de l’Afrique dont l’histoire est un récit exceptionnel de lutte pour la survie et la dignité et un témoignage vivant de la suprématie des valeurs par le droit qui accuse Israël de génocide. 

Le véto, l’appui inconditionnel des Américains et la complicité active de la majorité des gouvernements européens n’ont pas pu épargner à Israël l’humiliation d’une action en justice internationale ni à davantage d’isolement. A la manœuvre, cette formidable nation qui s’appelle l’Afrique du Sud.

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