La production oléicole connaît une tendance haussière depuis 2017 et ses exportations ont évolué, passant de 85 à 195 mille tonnes en 2023, et sont principalement dirigées vers les marchés espagnol et italien qui se taillent la part du lion, avec un taux de l’ordre de 77%.
L’or vert de la Tunisie continue de rapporter gros aux caisses de l’Etat, notamment des devises. La valeur des exportations d’huile d’olive connaît un essor remarquable boostée par une demande mondiale grandissante. De quoi encourager les autorités à développer davantage ce secteur et à multiplier les terrains agricoles destinés à cette culture. Pour les connaisseurs, c’est un investissement à long terme.
Selon l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), les recettes des exportations de l’huile d’olive ont atteint 985,9 millions de dinars les deux premiers mois de la campagne 2023/2024 (à fin décembre 2023), soit une hausse de 47,2% en comparaison de la même période de la campagne 2022/2023.
L’Onagri a ajouté que le prix moyen enregistré à l’exportation, durant les deux premiers mois de la campagne 2023/2024, a augmenté de 70,3%, soit 25,19 dinars/ kilo, contre 14,79 dinars/ kilo enregistré au cours de la même période de la campagne précédente.
De plus, selon certaines estimations, la valeur des exportations de l’huile d’olive devrait atteindre cette saison 4,5 milliards de dinars – quelque 160 mille tonnes – contre 3,4 Mds de dinars en 2022-2023.
Ainsi, la production oléicole connaît une tendance haussière depuis 2017 et ses exportations ont évolué, passant de 85 à 195 mille tonnes en 2023, et sont principalement dirigées vers les marchés espagnol et italien qui se taillent la part du lion, avec un taux de l’ordre de 77%.
Comment expliquer ces indicateurs encourageants ? Hayet Dous, productrice et exportatrice d’huile d’olive, assure que ces bons indicateurs reviennent à la hausse de la demande mondiale en huile d’olive. Ce qui a généré une inflation des prix. «Un seul kilogramme d’huile d’olive a atteint la dernière période la barre des 8,5 euros, notamment sur le marché européen», explique-t-elle à La Presse. Et d’ajouter que le développement du marché américain et sa demande de plus en plus grandissante expliquent également l’augmentation des revenus de la Tunisie par le biais des exportations.
Malgré ces bons indicateurs, la productrice nuance ses propos, ajoutant que les exportateurs connaissent des difficultés liées notamment à la prolongation des délais et à la complication des procédures, appelant les autorités à multiplier les efforts pour aplanir les obstacles.
Le vrac, première difficulté
Les spécialistes du secteur préconisent la mise en place d’un système de production et d’exportation hautement performant, pour devenir le premier marché exportateur à l’échelle mondiale et bénéficier des avantages de l’huile d’olive tunisienne qui est d’une qualité exceptionnelle.
En effet, ils pointent des faiblesses qui portent, principalement, sur l’absence de marchés de gros organisés du produit oléicole dans l’ensemble des régions, ainsi que la faiblesse de la valeur ajoutée, du fait que 80 % des exportations sont en vrac.
En effet, l’exportation en vrac de l’huile d’olive tunisienne présente plusieurs désavantages, tant sur le plan économique que sur le plan commercial et patrimonial. Il faut rappeler que lorsque l’huile d’olive est exportée en vrac, elle est souvent associée à une absence de différenciation par rapport à d’autres huiles d’olive sur le marché mondial. D’ailleurs, certaines huiles tunisiennes sont conditionnées sous différentes marques européennes.
Cela conduit à une dépréciation de la marque tunisienne, car les consommateurs ont tendance à associer les produits en vrac à une qualité inférieure.
De même, l’huile d’olive exportée en vrac perd en valeur ajoutée, par conséquent en apports en devises. Pour les spécialistes, l’exportation en vrac signifie souvent que la Tunisie ne bénéficie pas de la valeur ajoutée liée à la mise en bouteille, à l’étiquetage et à la commercialisation de l’huile d’olive.
Non seulement ces activités génèrent des emplois mais aussi valorisent le produit final, et renforcent le brand (marque) de la Tunisie, comme l’un des premiers marchés de production et d’exportation d’huile d’olive.
Une production dans les normes
On rappelle que les produits exportés en vrac sont généralement plus sensibles aux fluctuations des prix sur le marché international. Les variations de l’offre et de la demande, ainsi que les facteurs économiques mondiaux, peuvent entraîner des baisses soudaines des prix, affectant les revenus des producteurs et des exportateurs. C’est qui s’est passé, en effet, il y a quelques années en Tunisie.
Les estimations de la production oléicole pour cette saison se sont alignées sur celles de la saison écoulée, soit 210 mille tonnes d’huile d’olive. En effet, la Tunisie prévoit une production de près de 1,05 million de tonnes d’olives, soit 210 mille tonnes d’huile, d’après les estimations publiées en décembre dernier par l’Office national de l’huile (ONH).
La région du centre-ouest (Sidi Bouzid, Kairouan et Kasserine) arrive en tête en termes de production nationale, avec 74 mille tonnes d’huile d’olive produites, soit 35% de la production totale. Le sud a produit jusque-là 28% de la production nationale, le nord et le centre 18% chacun.
Rappelons dans ce contexte que sur instructions du Président de la République, les ministères de l’Agriculture et du Commerce ont décidé, le 2 décembre dernier, de consacrer une quantité de 10.500 tonnes d’huile d’olive extravierge pour la vente au détail aux consommateurs locaux à un prix préférentiel de 15 dinars le litre.