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Environnement : Une capitale en attente d’un toilettage

 

Il y a bien une nécessité de procéder à un toilettage du centre-ville. Avec la belle saison qui revient, il faudrait le faire et se montrer un peu plus rigoureux vis-à-vis de ceux qui oublient que, pour la propreté, il faudrait commencer par nettoyer devant chez soi.

Quel est le meilleur moyen de visiter une ville ? Pas en voiture bien entendu. Avec la circulation et les embouteillages, on ne peut rien voir, à moins de vouloir assister à des polémiques et des prises de bec à n’en plus finir entre des conducteurs pressés ou des énervés congénitaux.

Laissons donc la voiture et empruntons le métro. C’est une occasion de voir que «le lézard vert» qui sillonne villes et cités n’est pas en si bonne santé. Il y a des portes qui s’ouvrent facilement, alors que d’autres sont si récalcitrantes que le wattman passe outre ou descend parfois pour les refermer en tirant dessus.

Il est plus consciencieux que le conducteur du bus qui poursuit sa route avec une porte ouverte et des personnes qui s’agrippent les uns aux autres, à la grâce de Dieu !

Le terminus du «passage» est en triste état. A croire qu’il n’y a pas d’entretien. Il fait sombre et il ressemble fort à la mine des personnes qui l’empruntent. La grande place du «passage» est sous pression. Cela ne dérange en rien la demi-douzaine de chiens errants qui se prélassent au soleil sur un morceau de gazon artificiel. Ils ne sont nullement agressifs et au passage des piétons ouvrent légèrement les yeux, impassibles. Ces piétons qui passent n’importe où et zigzaguent entre les voitures n’ont visiblement jamais entendu parler de passages pour piétons. Il fut un temps où des agents de la circulation les obligeaient à le faire. Ah, à ce carrefour, il y a un agent qui le fait. Et les gens obéissent. Oui, «la peur du gendarme est le début de la sagesse», dit-on, mais on ne peut mettre un agent à tous les carrefours.

Piste cyclable improvisée

On n’y peut rien si l’éducation de ce genre d’agissements se fait par ouï-dire et que l’on préfère bourrer nos gamins de dessins animés et de «Choufli hal». Le métro que nous avions quitté est à l’arrêt et nous l’avons rejoint. Il doit attendre que la camionnette transportant des balles de friperie recule pour qu’il puisse passer. Et la camionnette dont le chauffeur a calé le moteur essaie de le faire démarrer. Il a tout simplement pris un raccourci et s’est engagé sur le site réservé au métro, au lieu de se mêler à la circulation qui devenait intense. Ce n’est pas plus difficile que cela.

Pour les piétons, les pavés disjoints où poussent les herbes folles sont encore cyclables pour les vélos et les trottinettes électriques qui les empruntent. C’est ainsi. Le Tunisien est inventif. Il n’a pas besoin qu’on lui aménage une piste cyclable. Il se sert tout seul. Bon, ce gamin qui tenait la main de sa mère l’a lâchée assez tôt pour ne pas se faire heurter. Sa mère ne rate pas l’occasion de le couvrir de noms d’oiseaux qui s’envolent vers les arbres dont on n’a pas encore décidé l’élagage.

Aucune surveillance

Cela viendra assurément, mais personne ne sait quand. On devrait le faire un dimanche où il n’y a pas beaucoup de circulation et moins de monde. A la rue Charles de Gaulle, il y a quelques résistances. Des vendeurs à la sauvette tiennent en main quelques objets qu’ils offrent aux piétons, mais cela n’a rien à voir avec l’envahissement de la chaussée.

Et nous sommes en plein Marché central. Là, le premier regret est bien d’avoir omis de nous munir de bottes. Les regards sont presque tous bouchés. De grandes flaques d’eau, de boue, de sang et d’écailles des poissons sont un peu partout, avec ce qu’on déverse comme liquides pollués par les nettoyeurs de poissons qui offrent leurs services. Pour rendre le chemin un peu plus praticable, on a posé ici et là des lances en plastique. Pour les personnes âgées ou qui traînent quelques rhumatismes, le passage est difficile, dangereux même. On fait avec et on poursuit son chemin pour relever tout d’abord que bien des étalages essaient de nous faire prendre les vessies pour des lanternes. De gros poissons jaunes, d’eau douce, sont exposés avec l’affichette «mérou». Sans prix et c’est à la tête des clients. Ce n’est pas là la seule affichette mensongère. C’est le même cas pour d’autres exposants qui offrent des rougets congelés sans le mentionner et demandent des prix dépassant tout entendement.

Du pain et du café

A croire que personne ne surveille ce genre de comportements dans un endroit que l’on considère comme le plus «beau» et le mieux organisé du pays. Quant aux prix, ils sont dissuasifs et on passe sans rien acheter. Il ne manquerait plus que ces poissonniers nous fassent payer le fait d’avoir eu l’occasion d’avoir admiré leurs beaux poissons dont les prix grimpent chaque semaine. C’est peut-être le mauvais temps qui en est la cause. Une consolation, la boulangerie qui livre du très bon pain ne vit pas les affres des longues files d’attente. Tout comme le marchand de café au tournant qui vous sert ce dont vous avez besoin sans problème aucun. Mais pour y arriver, il est nécessaire de se faire un bon bout de chemin en retenant sa respiration avec les ordures qui s’amoncellent à la rue de Suède. Une rue devenue impraticable avec l’envahissement de la chaussée avec des fournitures qui attendent d’être enlevées à la convenance des destinataires.

Dattes et salaisons en vrac sont exposées en plein air sous le soleil. Ne parlons pas d’hygiène. A la rue Al Jazira, il y a de l’ordre, mais la bretelle reliant la Porte de France à Bab Jedid est accaparée par ce stationnement interdit ou plutôt payant. Les sabots flambant neufs sont sans pitié. Quelques personnes prennent leur mal en patience et attendent que l’on vienne les libérer.

Nettoyer devant chez soi

Il y a bien un parking du côté de la grande place. Il mériterait que l’on y jette un coup d’œil. On devrait délivrer un reçu pour la redevance affichée sur un grand tableau. Ce parking est plein à craquer et nous n’avons pas pu comprendre ce qui s’y passe. On devrait installer un système automatique. La fréquence est telle que la municipalité de la place ne serait pas perdante. Bien au contraire et nous n’en dirons pas plus. Le chemin conduisant à La Kasbah est bordé d’arbres et là aussi il y a du travail à faire.

Quelques monticules de gravats ont été assurément déversés par ceux qui ignorent ce qu’est la citoyenneté.

Mais, sachant que c’est une bretelle qui relie plusieurs administrations importantes, donc qui reçoivent des visites ou est empruntée par nombre d’étrangers, il faudrait être sur le qui-vive. Il y a bien une nécessité de procéder à un toilettage du centre-ville. Avec la belle saison qui revient, il faudrait le faire et se montrer un peu plus rigoureux vis-à-vis de ceux qui oublient que, pour la propreté, il faudrait commencer par nettoyer devant chez soi. C’est à l’adresse des riverains.

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