Haut potentiel en termes de tourisme, culturel, de congrès et écologique mais faible rentabilité. Traduire, un énorme manque à gagner. Kairouan et sa région regorgent, en effet, de trésors naturels et culturels capables de la transformer en un grand pôle de tourisme alternatif. Sachant que la ville est à environ 60 km de l’aéroport international d’Enfidha-Hammamet.
Tenez, pendant que nous y sommes et afin de prouver encore une fois la marginalisation dont a été victime l’ancienne capitale de tout l’Occident islamique et de la Tunisie, citons l’exemple suivant : Dans une publicité pour l’aéroport cité, parue en 2010 dans le magazine d’une compagnie aérienne tunisienne, les concepteurs, images à l’appui et afin de mettre en valeur la desserte, ont cité, Tabarka, Bizerte, Tunis, Hammamet-Nabeul, El Kantaoui, Sousse, Mahdia, El Jem, Sfax et même le Sahara. No comment.
Cela sans oublier, en termes de marginalisation l’état de la route qui relie l’aéroport indiqué à Kairouan, qui est pourtant une route nationale, alors que la route Kairouan-Sousse a été transformée en une route express à double voie pour chaque sens depuis environ huit ans. Ce qui prouve aussi que Kairouan a été condamnée à rester dépendante et, en ce qui concerne le tourisme, un élément pour enrichir le produit de Sousse, Monastir, Mahdia et Hammamet-Nabeul.
Pourtant et rien qu’avec sa Médina et ses sites annexes, classés Patrimoine de l’Humanité depuis 1988, Kairouan pourrait facilement devenir le plus grand pôle de tourisme culturel du pays et même au Maghreb. Cela sans oublier les autres types du tourisme alternatif, par ailleurs peu ou mal exploités au niveau national.
Mieux encore elle pourrait à elle seule devenir une destination touristique à part entière que l’on achète de toute part dans le monde surtout par les arabes et les musulmans, d’une façon générale. Que dire alors si nous lui ajoutons sa région ? Hélas la réalité est tout le contraire (Voir nos précédentes chroniques).
Insistons encore une fois. Kairouan-ville doit rester une ville spirituelle, culturelle, scientifique et pour repos et santé (calme, plus air sec et pur, plus sources à effet curatif). Une ville pour le tourisme familial et religieux. Elle doit devenir celle des festivals internationaux, des congrès et des salons, des tournages de films et des manifestations sportives. Marrakech est un bon exemple. L’ancienne capitale du Maroc ne possède même pas le un dixième de ce que possède Kairouan en termes de Patrimoine.
Pour cela, la destination Kairouan doit bénéficier d’une sérieuse mise à niveau (infrastructures de base, ordre, entretien, propreté, hygiène et services performants de santé, de médecine et de chirurgie, jardins publics, fontaines, plans d’eau, parcs de loisirs…) Elle doit bénéficier d’une vraie stratégie de développement et s’offrir ainsi que de la création d’un bon Organisme de gestion de destination (OGD – DMO en anglais).
Disons, encore une fois, que le problème majeur dans toutes les régions sous-exploitées et même parfois à l’échelle nationale réside dans l’absence ou la faiblesse du produit touristique et para-touristique. C’est comme si l’on exporte du diamant brut sans aucune valeur ajoutée.
La problématique que nous venons d’exposer ici, ainsi que tout au long de nos précédentes chroniques, est heureusement soulevée depuis plusieurs années, soit dans le cadre de la réflexion autour de la situation et le devenir dudit secteur d’une façon générale soit pour chaque région concernée. La réflexion est organisée autour du sujet par les autorités mais aussi par la société civile (y compris médias, professionnels et chercheurs).
Citons d’abord certaines décisions officielles puis nous exposerons ultérieurement d’autres actions dans ce sens. Il s’agit des décisions prises le 2 mars 2021 par les participants à la séance de travail consacrée au suivi de la mise en œuvre de divers programmes de développement du secteur du tourisme et de l’artisanat dans le gouvernorat de Kairouan et présidée par le ministre du Tourisme et de l’Artisanat de l’époque :
*«Former un comité de travail conjoint qui comprend des représentants des ministères du tourisme et des affaires culturelles, des institutions sous la tutelle concernée et des autres ministères et structures concernés, des autorités régionales, des municipalités, des représentants du peuple et de la société civile, ainsi que des professionnels du secteur du tourisme, en particulier la Fédération tunisienne des agences de voyages, dans le domaine du tourisme intérieur.
*«Mise en place par l’Office national du tourisme tunisien d’un plan de promotion spécifique pour la promotion du gouvernorat de Kairouan, comme destination de tourisme culturel et religieux.
*«Donner davantage au secteur de l’artisanat de la région l’importance nécessaire, accorder plus d’attention aux petits artisans, travailler à l’élaboration d’un plan d’action pour promouvoir le produit traditionnel au niveau national et international, et tenir une séance de travail au niveau de la région pour étudier les moyens de développer ce secteur.
*«Allouer un espace important au gouvernorat de Kairouan dans diverses expositions nationales et internationales pour promouvoir le potentiel touristique de la région
*«Plus de soutien aux festivals, notamment le Festival du Mouled, devenu internationalement classé, et à sa commercialisation, notamment au niveau du Maghreb, en raison de l’intérêt croissant des touristes des pays voisins à cet événement.
*«Accorder plus d’intérêt aux itinéraires touristiques «Kairouan–Aïn Jloula–Oueslatia» et aux municipalités pouvant être incluses au sein des communes touristiques». Très intéressant. (A suivre)