L’éthique dans l’enseignement supérieur en Tunisie : Pas de vision claire !

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La culture éthique fait-elle partie des piliers incontournables à l’Université ? Cette problématique a fait l’objet d’une enquête nationale, menée par le bureau régional Mena de la Fondation suisse Globethics, situé à Tunis. Détails.

Quelle place occupe l’éthique dans l’Université tunisienne ? Cet «ensemble de valeurs, de croyances, de normes et de comportements partagés au sein d’une organisation, d’une entreprise ou d’une collectivité qui met l’accent sur l’intégrité, la responsabilité et la prise de décision moralement correcte», est-il réellement ancré dans l’esprit de l’élite en herbe ?

L’éthique n’est pas seulement une matière

Mieux encore, la culture éthique fait-elle partie des piliers incontournables à l’Université ? Cette problématique a fait l’objet d’une enquête nationale, menée par le bureau régional Mena de la Fondation suisse Globethics, situé à Tunis. Cette enquête intitulée «Place de l’éthique dans l’enseignement supérieur en Tunisie», dont les résultats ont été dévoilés, mercredi dernier, lors d’une journée d’étude organisée, à l’occasion, au siège du Centre d’études et de recherches économiques et sociales (Ceres), a concerné 85,4% du secteur public et 14,6% du secteur privé. Elle a montré les insuffisances en matière de culture et de démarche éthique dans les établissements d’enseignement supérieur en Tunisie.

En effet, même si 51% des responsables des universités tunisiennes ayant participé à l’enquête sont favorables à l’existence préalable d’une culture d’éthique dans leurs établissements et que 27% autres ont estimé qu’ils sont en train de fournir des efforts dans ce sens, cela ne signifie aucunement l’existence d’une culture éthique au vrai sens du terme. «Il s’agit d’une question-piège, car les personnes répondent, généralement, positivement à pareilles questions, et ce, par le biais de la désirabilité ou de la conformité. Leurs réponses favorables acquièrent, souvent, l’aspect d’un moyen de défense pour éviter que leurs organisations ne soient considérées comme défaillantes», explique M. Kamel Ayadi, consul régional Mena de Globethics.

D’ailleurs, il a suffi d’interpeller ces mêmes personnes sur les éléments-clefs de la culture éthique de leurs stratégies pour constater que 47,9% d’entre elles n’ont pas su y répondre. Quant aux autres, elles ont, tout bonnement, cité quatre principes ; à savoir le respect, l’anti-plagiat, l’intégrité et la transparence. D’un autre côté, pour les enquêtés ayant indiqué qu’ils étaient en train de faire des efforts, afin d’asseoir les jalons de la culture éthique dans leurs établissements universitaires, cette culture se résume, apparemment, dans l’enseignement de l’éthique comme matière.

L’indispensable infrastructure éthique

Aussi, l’enquête révèle-t-elle l’absence d’efforts structurels et infrastructurels à l’éthique en tant que culture à ancrer dans le milieu estudiantin. Et pour preuve : 86,5% des enquêtés n’ont pas réussi à décrire le processus de la démarche éthique, alors que d’autres ont, simplement, fait la corrélation entre la culture éthique et «le système de valeurs de leurs établissements universitaires à la culture qualité et à la certification». Encore faut-il souligner que 18% des représentants des universités enquêtées avouent ne pas avoir établi de démarches éthiques dans leurs établissements…

Par ailleurs, en ce qui concerne l’évaluation de la stratégie éthique au sein de l’établissement universitaire du point de vue maturité de la démarche, 40,6% des enquêtés la jugent comme étant «engagée». «Néanmoins, il faut savoir qu’une démarche éthique implique la mise en place de tout un processus. D’abord, l’éthique doit être enseignée. D’autant plus qu’il convient de garantir tous les éléments nécessaires à l’infrastructure éthique, notamment une entité et des mécanismes de gestion dont celle des conflits d’intérêts. Rien qu’en examinant les réponses, d’un côté, et la réalité des faits, de l’autre, l’on constate qu’il y a une réelle confusion quant à la démarche éthique au sein de l’université», analyse M. Ayadi.

Et d’ajouter que, du moment où deux personnes enquêtées apportent la même affirmation en optant pour deux versions différentes, il devient plus qu’évident qu’il n’y a réellement pas de culture éthique, d’où l’impératif d’un audit éthique.

La corruption prédomine avec 66,6%

L’enquête a focalisé, par ailleurs, sur les incidents éthiques les plus marquants auxquels sont confrontés les établissements d’enseignement supérieur. L’état des lieux montre que la corruption demeure prédominante avec un taux de 66,6%, suivie du plagiat (47,9%) et du favoritisme (27,1%). En matière de fréquence, la fraude chapeaute la liste, avec un taux de 53%. Néanmoins, 58% des enquêtés affirment disposer, dans leurs établissements, de mécanismes sécurisés pour rapporter lesdits incidents.

S’agissant de la diffusion et l’accès à l’information, 47,8% des enquêtés considèrent que leurs établissements garantissent ce droit, alors que 15% les jugent comme limitées. «Certes, l’éthique est enseignée comme matière dans 20% des établissements d’enseignement supérieur. Toutefois, pour ce qui est de la culture éthique, il n’y a pas de vision claire. Nous pouvons, ainsi, dégager beaucoup de pistes de travail. Il faut comprendre qu’en misant sur l’éthique, nous comptons sur la conscience de l’individu», conclut M. Ayadi.

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