Peu avant 21 heures (heure tunisienne) avant-hier soir, la République islamique d’Iran a mené la première attaque de son histoire contre l’entité sioniste qu’elle avait toujours ciblée depuis la révolution islamique de 1979 via ses milices alliées.

L’opération “Promesse honnête” a été menée en représailles à l’attaque sur son annexe consulaire à Damas le 1er avril, qui avait décapité le haut commandement de la force al-Qods (2 généraux), la branche des Gardiens de la révolution chargée des opérations extérieures, en Syrie et au Liban.

Au total, ce sont plus de 300 projectiles qui ont visé le territoire israélien, dont deux tiers envoyés depuis le territoire iranien : 170 drones kamikazes, 30 missiles de croisière, 120 missiles sol-sol, selon l’armée sioniste.

«L’Iran a tiré des dizaines de missiles sol-sol en direction de l’État hebreu dont la majorité ont été interceptés par Israël en dehors de ses frontières (…). L’aviation israélienne a intercepté plus de 10 missiles de croisière, également en dehors des frontières israéliennes», a fait savoir l’armée israélienne.

Parallèlement, l’aviation jordanienne aurait abattu des dizaines de drones iraniens qui traversaient le nord et le centre du royaume hachémite en direction de l’entité sioniste, a souligné l’agence Reuters en citant deux sources de sécurité régionales.

Au Yémen, en «coordination» avec Téhéran, les rebelles houthis auraient également lancé des drones vers l’ennemi sioniste. A priori, il s’agirait du seul proxy d’Iran ayant participé à l’opération «Promesse honnête», tandis que le Hezbollah a lancé une salve de roquettes depuis le Liban-Sud en réponse à des frappes sioniste (une attaque qui s’inscrit dans la continuité des escarmouches qui se jouent entre ces deux belligérants depuis le 8 octobre 2023-Ndlr).

Du côté du régime des mollahs, on estime que l’attaque a été un succès et l’agence officielle iranienne Irna a fait état, elle, de « sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev (sud) », provoquant des scènes de liesse et un concert de klaxons dans les rues de Téhéran.

À l’inverse, l’État voyou (Israël) a minimisé les dégâts matériels et humains de l’offensive iranienne:  «Très peu de dégâts ont été causé», a abondé, hier, le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant. Aucun drone ni missile «n’a pénétré le territoire d’Israël » tandis que seuls quelques missiles balistiques « sont entrés et ont touché légèrement la base de Nevatim», a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari. «La base est toujours en activité et les pistes sont utilisées pour des atterrissages et des décollages», a-t-il ajouté.

L’entité sioniste et des pays alliés ont «déjoué» l’attaque iranienne contre son territoire en interceptant «99% des tirs», toujours selon Hagari.

En revanche, l’armée sioniste a signalé que jusqu’à présent, une jeune fille de 10 ans se trouve dans un état grave après avoir été blessée par des éclats d’obus provenant d’un intercepteur.

A première vue, loin de l’euphorie jubilatoire, la riposte de Téhéran semble avoir été stratégiquement calculée pour ne pas dire mesurée pour éviter une regrettable déflagration régionale.

En effet, avec un décalage de quelques heures entre les salves de missiles et de drones, tout en sortant ses griffes comme jamais pour éviter que l’aviation sioniste ne continue à cibler ses généraux, les Iraniens nous donnent l’impression qu’ils ont laissé la possibilité à l’État voyou et ses alliés d’intercepter les projectiles avant qu’ils n’atteignent leurs cibles.

Nul doute, le message politique de cette attaque et son impact dans la région avec les images notamment des projectiles iraniens survolant le ciel d’Al-Qods et de Tel-Aviv ne doivent pas être pris à la légère.

Néanmoins, malgré les nombreux avertissements et les mises en garde du régime iranien afin d’éviter tout élément de surprise, l’opération «Promesse honnête» constitue toutefois un précédent et un tournant : le conflit israélo-iranien a désormais pris une tout autre dimension loin d’une guerre de procuration menée jusque-là par les alliés et les proxys.

Certes, le pire — une escalade de grande ampleur — semble pour l’instant avoir été évitée, mais ce coup de force ne veut pas dire que les Iraniens ont réussi à restaurer leur capacité de dissuasion face à leur ennemi de toujours car tout dépendra de l’intensité et de l’étendue de la réponse sioniste.

On dit qu’il faut savoir attendre que la colère retombe pour mieux se venger. Deux semaines après le bombardement de l’annexe consulaire de l’ambassade iranienne à Damas et l’assassinat de 7 membres des pasdarans (Corps des Gardiens de la révolution islamique), dont deux haut gradés de la Force al-Qods, les Iraniens doivent se rappeler que la vengeance est un plat qui se mange froid, mais pas tiède.

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