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Les enfants maltraités, ces victimes silencieuses

Editorial La Presse

 

L’information est glaçante. L’indignation totale. Une femme, mère de son état, est soupçonnée d’agressions graves sur ses enfants, suivies d’infirmité permanente, et de mauvais traitement sur mineur. Selon le rapport du médecin légiste, les deux enfants, de 3 et 5 ans, présentent plusieurs fractures dans différentes parties du corps, et doivent subir des interventions chirurgicales. L’horreur la plus totale. Le juge d’instruction du tribunal de première instance, à Mahdia, a émis un mandat de dépôt à l’encontre de cette mère violente et indigne, si ces accusations sont confirmées. 

Au-delà de la colère que l’on peut éprouver, l’affaire est grave, dans la mesure où ces enfants victimes de maltraitance n’ont pas pu se défendre, ni encore demander de l’aide. C’est là que l’Etat doit peser de tout son poids, mobiliser ses moyens humains et financiers et intervenir.

De ce fait, il faudra créer un comité interministériel, s’il n’existe pas déjà, qui comprend les ministères de la Femme, de l’Education, de la Santé, des Affaires sociales, de la Justice, de l’Intérieur. Et mettre en place un plan coordonné, innovant et efficace, de lutte contre les violences faites aux enfants. En partant du principe que nous sommes tous concernés. L’animatrice à la maternelle, l’enseignant à l’école, les voisins, les proches, les médias, la justice, la police, la société civile.

Un numéro vert dédié et réellement opérationnel 24/24 doit passer en boucle dans tous les supports médiatiques et être affiché partout dans les établissements scolaires, sur les réseaux sociaux, les panneaux publicitaires, pour que tout le monde, les enfants en premier, le mémorisent et appellent à l’aide si besoin

Le plus grave dans cette affaire-là, ce sont les enfants victimes qui échappent au radar. Non scolarisés, vivant dans des régions isolées, inconnus des services sociaux. Ceux-là, face à leur destin, subissent en silence les maltraitances intrafamiliales verbales, physiques, voire sexuelles.

Or, le bras de l’Etat doit s’étendre partout et traquer les violences où qu’elles se manifestent. Aucune ville, aucun village, hameau ne devra échapper au maillage administratif. Les assistantes sociales, les délégués à la protection de l’enfance, les acteurs associatifs doivent être en mesure de quadriller chaque recoin du territoire pour mieux repérer les cas problématiques, et, dans le meilleur des cas, prévenir la violence avant qu’elle ne survienne.

Maintenant que la justice a pris son cours contre la mère présumée maltraitante, quel est le sort de ces petites victimes martyrisées ? Qui les accompagnera ? Qui les prendra en charge ? Et est-ce que la mère, une fois sa peine effectuée, aura le droit de les reprendre ?

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