Présente lors de la 7e édition de Fita, Namia Ayadi, présidente de Tunisian Investment Authority (TIA), a axé son intervention sur les atouts de l’Afrique qui lui permettent de s’engager sur le chemin de l’industrialisation, et ce, en dépit des chiffres qui montrent aujourd’hui un taux d’industrialisation assez faible.
«Toutes les études et les stratégies sont d’accord pour dire, qu’aujourd’hui, le chemin de la prospérité en Afrique passe par un développement industriel. L’Afrique regorge de ressources naturelles assez abondantes et d’une main-d’œuvre jeune. Il y a un potentiel important pour le développement industriel, tout en sachant, qu’aujourd’hui, les objectifs des pays africains sont la création de richesses, une économie plus inclusive et la création d’emplois décents », a indiqué Aayadi, précisant que le développement industriel contribue nécessairement et indéniablement à ces objectifs.
Des chaînes de valeur régionales faibles
Revenant sur la question des chaînes de valeur régionales africaines, la responsable a indiqué que, selon les données de l’Ocde, les chaînes de valeur régionales ne représentent que 2,7% de la participation africaine au niveau des chaînes de valeur mondiales, en comparaison avec les taux élevés réalisés par l’Amérique latine et les Caraïbes, qui atteignent 26,4% et de 42,9% pour l’Asie en développement.
«Les produits semi-transformés représentent 79% des exportations africaines en 2019, et seulement 41% des exportations africaines vers le monde. Réellement, il y a cette opportunité de développement des chaînes de valeur qui vont accélérer la transformation productive des pays africains », a-t-elle enchaîné.
Évoquant le commerce entre pays africains comme locomotive de développement du continent, Ayadi a indiqué que l’harmonisation des politiques commerciales et l’investissement stratégique dans l’industrie sont nécessaires pour que la Zlecaf puisse tenir ses promesses. Selon ses dires, cet investissement stratégique doit être dans des secteurs de niche, car chaque pays africain a ses particularités, en matière de ressources et de main-d’œuvre.
« Il faudrait que les politiques tiennent compte de ces particularités. Mais au niveau de l’Afrique aussi, il y a des pôles industriels qui existent et il faudrait capitaliser sur ces acquis pour qu’ils soient le socle de développement des infrastructures et de la promotion de l’investissement », a-t-elle affirmé.
Elle a ajouté que les agences de promotion de l’investissement ont un rôle très important à jouer dans cette mission et peuvent attirer les multinationales et les major players au niveau international dans les segments clés d’une chaîne de valeur.
Rôle des zones économiques spéciales
« Il faudrait que ces agences aient une stratégie bien ciblée vis-à-vis de l’attraction de l’investissement sur les chaînes de valeur existantes. Bien sûr, ces agences d’investissement au niveau de l’Afrique doivent être soutenues. Il doit y avoir un fort engagement gouvernemental pour les promouvoir. Il faudrait aussi qu’il y ait un alignement stratégique entre les parties prenantes publiques et privées », a-t-enchaîné, insistant, par ailleurs, sur le rôle des zones économiques spéciales dans le renforcement de ces chaînes de valeur.
Citant les résultats d’une récente étude réalisée par le secrétariat de la zone de libre-échange continentale portant sur le Made in Africa, Mme Ayadi a fait savoir que ce rapport met en évidence 10 chaînes de valeur clés qui présentent d’importantes opportunités d’investissement au sein du marché africain. Il s’agit notamment de l’automobile, du cuir et produits en cuir, du cacao, du soja, du textile et des vêtements, des produits pharmaceutiques de la fabrication de vaccins, des batteries lithium, des services financiers mobiles et des industries culturelles et créatives.
Ces chaînes de valeur peuvent être développées et avoir un impact très important sur le développement économique de l’Afrique.