Accueil Economie Olivier Stoullig, chargé de la politique industrielle à la Banque Africaine de Développement : «L’Afrique demeure un acteur industriel mineur à l’échelle mondiale»

Olivier Stoullig, chargé de la politique industrielle à la Banque Africaine de Développement : «L’Afrique demeure un acteur industriel mineur à l’échelle mondiale»

 

La part de la valeur manufacturière dans le PIB du continent est passée de 17% dans les années 2000 à 12,4% en 2023, et reste en dessous de la moyenne mondiale.

Intervenant lors du premier panel qui a suivi l’ouverture de la 7e édition de Fita et qui avait pour thème l’industrialisation du continent, le chargé de la politique industrielle à la Banque africaine de développement (BAD), Olivier Stoullig, chargé de la politique industrielle à la BAD, est revenu sur l’état des lieux du secteur de l’industrie dans les pays africains. Il a rappelé que le continent demeure un acteur industriel mineur à l’échelle globale, avec moins de 2% de la production mondiale en 2023.

Une trajectoire de non industrialisation

Évoquant les indicateurs de développement manufacturier, l’expert affirme que l’Afrique a suivi une trajectoire de non industrialisation ou de stagnation au cours des deux dernières décennies, qui s’explique par de multiples facteurs. En effet, la part de la valeur manufacturière dans le PIB est passée de 17% dans les années 2000 à 12,4% en 2023, et reste en dessous de la moyenne mondiale, qui est de 16% en 2023, et bien en dessous de celles d’autres régions en développement, telles que l’Asie du Sud-Est, où la valeur manufacturière représente 24% de la part du PIB. La valeur ajoutée manufacturière sur le continent est aussi fortement concentrée dans 4 pays, en l’occurrence le Nigeria, l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Maroc, qui représentent 61,4% de la valeur ajoutée manufacturière du continent.  «Les crises auxquelles le continent et le monde ont fait face, depuis 2019, ont renforcé l’urgence de développer le secteur en mettant en lumière aussi les vulnérabilités qui ont été générées par le manque de capacités endogènes et par la dépendance excessive envers la production étrangère », a-t-il indiqué soulignant que, dans le monde post-Covid, la performance industrielle reste une source de croissance, d’inclusion, mais aussi un gage de durabilité, de résilience et de stabilité.

Les programmes phares de la BAD qui appuient l’industrialisation des pays africains 

Revenant sur la politique de la BAD en ce qui concerne sa contribution à l’industrialisation du continent, Stoullig a fait savoir que l’année 2016 a marqué un changement majeur qui a visé à mettre l’industrie et l’industrialisation comme un des principaux piliers du soutien de la Banque, avec une stratégie axée autour de 6 programmes phares, à savoir le développement de la politique industrielle, la stimulation du  financement vers des projets d’infrastructure et d’industrialisation,  le développement des marchés des capitaux, le développement des entreprises des PME et des grands groupes sur le continent, la promotion des partenariats stratégiques et enfin le développement de clusters et de zones économiques spéciales sur le continent.

L’expert a ajouté que la BAD a mis en place une large gamme de projets industriels à travers le continent en déployant ces 6 programmes phares. De plus, elle a pu observer un certain nombre d’instruments clés de politique industrielle qui correspondent particulièrement au contexte africain, comme les initiatives de renforcement de compétitivité des chaînes de valeur, le développement de zones industrielles et de zones économiques spéciales, les partenariats publics privés pour soutenir les infrastructures. Des projets importants qui nécessitent, selon ses dires, des financements conséquents faisant souvent défaut au continent. Il a ajouté qu’en matière de solutions de financement, la banque propose une série d’instruments et de guichets qui permettent d’atteindre un vaste éventail de bénéficiaires. Ainsi, le financement de grands groupes est possible à travers le guichet privé, le financement des biens publics et de l’infrastructure industrielle nécessaire, ainsi que le soutien aux chaînes de valeur, à l’adoption technologique, à la transition verte à travers les guichets souverains, et enfin, les prêts rétrocédés aux PME à travers le financement de lignes de crédit dans les institutions bancaires et les microfinances locales.  «Je pense qu’il n’y a pas une solution en particulier avec un instrument qui serait privilégié ou un type d’acteur qui serait privilégié sur le continent, mais plutôt cette approche holistique qui est vraiment nécessaire pour avoir un impact sur le continent », a-t-il conclu.

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