Cinéma Tunisien : Gadha d’Anis Lassoued dans 30 salles en Allemagne

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Une bonne nouvelle pour le cinéma tunisien et pour Anis Lassoued, Gadha (A second Life), son premier long métrage de fiction, est sorti le 20 juin dans 30 salles en Allemagne.

Distribué par une société allemande sous le titre de «Ein Neues Leben», cet opus a été doublé en langue allemande. Rappelons que le film, sorti il y a deux ans sous nos cieux, met en champ-contrechamp deux enfants, Gadha et Oussama, appartenant à deux mondes totalement différents : les riches et les pauvres.

Les protagonistes pourront-ils se lier d’amitié alors que tout les sépare, d’autant qu’un grand secret, que les parents leur cachent, va les unir. Mais leur amitié naissante résistera-t-elle aux vicissitudes de la vie et à leur différence sociale ? Toutes ces questions et d’autres sont posées par ce film traitant du thème de l’enfance cher à l’auteur-réalisateur de «Saba Flouss» et «Sabbat el Aïd» qui invite, ainsi, les spectateurs germaniques à «Vivre une seconde vie» en allant voir ce film sélectionné dans plusieurs festivals. Tels Malmo, Le Caire, Tétouan, Fez, Sharja, Rotterdam, Durban et autres. Ces voyages à travers les festivals ont permis au réalisateur de récolter plusieurs prix entre meilleur long métrage, meilleur scénario, et prix d’interprétation pour Yassine Tormsi (Gadha).

L’affiche de «Gadha» en version allemande

Et ce n’est pas tout pour Anis Lassoued qui compte montrer au public ses films les plus récents, car, à ses yeux, «La distribution est le nerf du cinéma», en ce sens qu’il s’agit d’un élément très important, voire vital, pour la visibilité des films et leur rencontre avec le public. Ainsi, «Je suis ma propre République», (Joumhouriyet Nafssi) produit il y a trois ans, a été traduit en anglais et sera bientôt diffusé en version anglaise sur El Jazira-English. Le documentaire retrace l’histoire de deux ados issus d’un quartier populaire qui n’ont qu’un rêve : quitter le pays. Laissés pour compte et livrés à eux-mêmes, chacun de ces protagonistes a «sa propre République». L’action se situe dans le Tunis de l’après-révolution, enlisé dans la crise économique, les tensions politiques, la corruption et la tourmente sociale.

Concernant la diffusion de ces métrages, le réalisateur nous a déclaré, sur un ton amer : «J’annonce la diffusion de mes films sur les petits et grands écrans étrangers, car la distribution est un grand problème pour nous autres réalisateurs tant elle se limite à quelques salles et à une poignée de projections lors des JCC (Journées cinématographiques de Carthage). Nous n’avons pas d’espaces où diffuser nos productions, et si nous arrivons à les distribuer, dans un nombre réduit de salles, nous sommes, alors, confrontés à l’inexistence d’une billetterie unique qui permet de connaître le nombre exact de billets vendus pour chaque film, séance et salle. Il n’y a aucune statistique sur le nombre d’entrées des spectateurs et sur les recettes engrangées par nos films, seuls les distributeurs connaissent les chiffres qu’ils ne communiquent jamais, d’ailleurs. C’est pourquoi je fais en sorte que mes films soient distribués à l’étranger. De plus, la télé publique n’achète plus nos films, et aux JCC ils sont projetés gratuitement.

Le réalisateur tunisien Anis Lassoued

Ainsi, nous travaillons sur un film durant 3 à 4 ans sans récolter ce qui nous est dû lors de sa distribution. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi, durant plus de 50 ans, les producteurs les plus confirmés n’ont pas réagi à ce problème pour trouver des solutions. Car, nous sommes l’un des rares pays au monde sans box-office ni billetterie unique. A quand la solution ?».

Anis Lassoued a réalisé deux autres opus, produits en 2024 : le premier, «Houdoud Allah» (Looking for my mother), un documentaire, déjà auréolé du prix du jury du festival international du film de Mascate, qui traite de la quête de filiation en zoomant sur «Moez, un ado de 17 ans, à la recherche de sa mère biologique. Une quête éprouvante, oscillant entre espoir et désespoir, mais adoucie par les liens indéfectibles de l’amitié et l’art comme moyen d’expression et de positionnement dans la vie». Le second, «Loading», est un court métrage de fiction mettant en scène la combativité d’un jeune trentenaire qui se retrouve dans une situation compliquée où l’argent constitue la seule solution. Le réalisateur espère que le public pourra voir ces métrages lors des prochaines JCC.

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