Au commencement étaient les ordures !

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Editorial La Presse

Au commencement étaient les ordures ! Oui nos villes, dont la capitale et ses banlieues qui furent jadis un exemple de jardin méditerranéen, croulent aujourd’hui sous les détritus. Beaucoup de Tunisiens se sont habitués à vivre dans ce décor  parmi les déchets qui surgissent des sacs-poubelles éventrés. On ne sait plus où  donner de la tête. Au début tout le monde a vociféré et ensuite tout le monde s’est fait une raison pour vivre parmi les déchets. Pourquoi ? Parce que abandonner la ville aux ordures est aussi un moyen de pression et une manière de porter préjudice à l’Etat à travers les municipalités. Souvenez-vous du moyen de pression des ouvriers de la municipalité juste après la révolution, alors que la Tunisie était dans un gouffre financier et dans l’incertitude de l’avenir. Les ouvriers en question ont fait grève, laissant la ville crouler sous les ordures. Ensuite, ils ont obtenu leurs droits sociaux. Mais quelques mois plus tard, ils ont abandonné de nouveau les poubelles à leur sort. C’est devenu un véritable moyen de chantage et il faut que l’Etat passe à la caisse. C’était rentable !Et c’est ainsi que l’arme des ordures est devenue facile à dégainer à n’importe quelle occasion. En effet, le Tunisien manque d’éducation civique et son respect de l’hygiène n’est pas un exemple à donner, mais à notre sens, le rôle des responsables municipaux sincères à l’époque nous garantissait le minimum de décence.

A l’époque des conseils municipaux élus, il y avait des guerres intestines entre les partis politiques qui se répercutaient négativement sur la vie des citoyens. Il y a plus d’un an, fut prise la décision de dissoudre les conseils municipaux et de déléguer la tâche à des fonctionnaires, pour la plupart des secrétaires généraux, sans aucun sens des responsabilités ni volonté de bien faire. Une nouvelle guerre d’ego, d’intérêts personnels et de petits calculs vindicatifs a écalté et voici que l’arme des ordures est de nouveau exhibée.

Lors de sa dernière visite-surprise aux services municipaux de Tunis, le Président Kaïs Saïed a constaté de nombreux manquements avant de limoger certains responsables. Il fallait redresser la situation et en finir avec ce fatras une fois pour toutes. La tâche n’est pas facile non plus pour les nouveaux responsables puisqu’ils doivent fonctionner avec beaucoup de forces d’inertie qui font encore de la résistance et Dieu sait à quel point «les petites mains» souvent grincheuses, combinardes et de mauvaise foi peuvent ralentir toute évolution au niveau de l’administration. Seulement, il s’agit d’établir une nouvelle approche où le responsable doit avoir une compétence principale : fédérer toutes les parties qui jusque-là sont à couteaux tirés.

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