L e Chef du gouvernement, Ahmed Hachani, a effectué une visite en Libye, pour prendre part aux travaux au Forum transméditerranéen sur les migrations. Hachani était accompagné du ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri. Un Sommet d’une journée, le 17 juillet, qui s’est tenu à Tripoli, et a réuni des chefs de gouvernement africains et européens dont l’incontournable Giorgia Meloni.
La présence des ministres de l’Intérieur vient témoigner de l’acuité de l’aspect sécuritaire, intrinsèquement associé au phénomène migratoire. Un forum de la migration à travers la Méditerranée. Un thème au ton neutre, fluide, presque attractif, qui laisse imaginer une atmosphère calme où des partenaires, situés de part et d’autre de « cette mer au milieu des terres », défendront chacun sa position, toujours dans le respect des règles de bon voisinage. Il n’en est rien ! Ce que le nom du Forum n’indique pas, c’est le désaccord profond qui oppose les Africains aux Européens dans plusieurs domaines dont, justement, la migration clandestine.
Au cours de cette rencontre, la énième du genre, se sont déployées, comme d’habitude, des revendications de plus en plus sophistiquées des pays du Nord. Mais aussi le ras-le-bol des pays de la frontière sud qui ne cessent de s’enfoncer dans un bourbier d’où il est devenu de plus en plus compliqué de se sortir. Lors d’une récente conférence de presse, tenue début juillet, le ministre de l’Intérieur libyen, Imad Trabelsi, a passé en revue, en chiffres, l’impact de la migration irrégulière sur son pays.
La Libye, qui compte près de 7 millions d’habitants, revendique quelque 2,5 millions de migrants, dont 70 à 80% en situation irrégulière. En Tunisie, vraisemblablement, les chiffres seraient inférieurs. L’extrême mobilité des migrants rend difficile une estimation plus ou moins précise. Leur présence est toutefois suffisamment importante pour générer une violence devenue endémique dans certaines régions du pays dont celle de Sfax.
La difficulté de traiter la migration clandestine dans les pays dits de transit, fatalité géographique, tient du fait que derrière les chiffres, il y a des êtres humains, hommes, femmes et enfants, en errance et en souffrance, prêts à tout pour rejoindre l’Europe.
Il y a des passeurs qui gagnent beaucoup d’argent facile et ne sont pas prêts à y renoncer, malgré les peines extrêmement sévères qu’ils encourent. Et des responsables, les Européens, en l’occurrence, qui veulent coûte que coûte chasser les clandestins, avant même qu’ils n’atteignent leurs frontières, donc, concrètement, vers la mer. Avant d’en arriver à cette extrémité qui a fait de la Méditerranée une fosse commune, les Européens comptent, à coups d’investissements et de quelques chèques, sur le bon vouloir des pays riverains du sud de la Méditerranée pour endiguer le fl ux. C’est là le cœur du confl it entre la rive sud de la Méditerranée et sa rive nord.
Cette rencontre veut donc créer une plateforme de dialogue et de coopération entre l’Europe et l’Afrique, pour traiter la question migratoire de manière globale, en cherchant à développer les relations Afrique-Europe, sur la base du respect mutuel et des intérêts partagés, et en élaborant des réponses humanitaires rapides qui garantissent les droits et la sécurité des migrants. En attendant que ces vœux (pieux) soient exaucés, il faudra empêcher que la situation ne s’aggrave davantage dans les pays de transit. C’est déjà, en soi, un exploit !