Le ballet de l’opéra et l’Orchestre symphonique tunisien ont été de nouveau réunis, à Carthage cette fois, pour le spectacle Carmen. Plus de 120 artistes, dont Hassen Doss, Maram Bouhlel, Nesrine Mahbouli et Haythem Hdhiri ont plongé les spectateurs dans un monde enchanteur où la musique classique rencontre le théâtre.
Après des représentations très réussies au théâtre de l’Opéra et au Festival international de musique symphonique d’El Jem, l’Opéra Carmen de Georges Bizet ne cesse de nous surprendre : ce spectacle a été présenté en dialecte tunisien dimanche dernier au théâtre romain de Carthage. Le ténor Hassen Doss, alias Don José, nous en parle un peu plus.
Avec le succès énorme des représentations précédentes, pourquoi cet opéra a-t-il été refait en dialecte tunisien ?
Notre objectif majeur est de populariser l’opéra auprès d’un public plus large et livrer un héritage inoubliable pour les passionnés de musique.
On s’est alors approprié cette pièce de Bizet dont l’histoire est née en Andalousie, comme nous avons le même tempérament et beaucoup de points communs culturels. Nous avons tous approuvé immédiatement cette idée, malgré les difficultés qu’elle pose. Nous souhaitons ainsi marquer de notre empreinte nationale ce genre musical prestigieux. C’est un énorme défi. L’œuvre qui a conquis le monde entier a désormais acquis des couleurs et une saveur tunisiennes. Nous sommes sûrs que l’influence de cette nouvelle version sur les générations futures de chanteurs d’opéra sera indéniable.
Est-ce que l’Opéra Carmen, notamment la version en dialecte tunisien, vous a demandé un travail supplémentaire en tant que ténor ?
Comme vous le savez, l’opéra est une forme d’art qui allie chant et jeu d’acteur. D’une manière générale, pour réussir à raconter l’histoire captivante et émotionnelle, il faut un talent vocal exceptionnel avec une forte présence dramatique. Bien que je maîtrise les techniques vocales spécifiques, un travail acharné a été nécessaire en ce qui concerne la prononciation et l’émission vocale qui diffèrent d’une langue à l’autre.
Après une longue carrière individuelle, qu’est-ce que la participation à Carmen vous a ajouté ?
C’est la première fois que je joue dans un opéra tunisien. Je me suis constitué un groupe d’amis que je vois tous les jours lors des répétitions et qui sont devenus une véritable famille pour moi. L’art est un partage avant tout. Nous collaborons pour donner vie à cette œuvre lyrique, tout en étant conscients de créer l’histoire ensemble.
Pour moi, c’est beaucoup plus important que ma carrière individuelle, bien que j’aie donné deux concerts au théâtre de Carthage au cours des années précédentes. Cette fois, c’est différent. C’est un spectacle dont on se souviendra longtemps.
Comment évaluez-vous la relation des Tunisiens avec l’Opéra ?
C’est encore un autre défi. Nous sommes en train de faire l’éducation par cet art majestueux et complet qui mêle chant, orchestre symphonique, jeu d’acteurs et chorégraphies. C’est cette grande satisfaction du public par rapport à la musique de haut niveau et qui est déjà prouvé par la forte affluence lors des dernières représentations qui nous encourage à avancer et à être encore plus créatifs.
Notre nouvelle adaptation de Carmen est une production tunisienne, destinée avant tout aux familles tunisiennes. Nous espérons pouvoir conquérir davantage le jeune public et nous souhaitons voir plus de familles avec des enfants dans nos spectacles.