Accueil A la une Journée Nationale de la Femme – Rencontre socioculturelle par ONU Femmes Tunisie à la Cité de la culture : Quand l’art s’engage en faveur des femmes

Journée Nationale de la Femme – Rencontre socioculturelle par ONU Femmes Tunisie à la Cité de la culture : Quand l’art s’engage en faveur des femmes

 

A  l’occasion de la Journée nationale de la femme, ONU Femmes Tunisie a organisé, le 13 août, à la Cité de la culture de Tunis, une soirée de sensibilisation à ce sujet avec une rencontre-débat et une projection en avant-première du court métrage «Beyond Reality» de Bechir Zayene.

La Tunisie est l’un des pays les plus progressistes en ce qui concerne les droits des femmes, ayant mobilisé les efforts pour parvenir à l’égalité des sexes depuis son indépendance en 1956. Cependant, plus de 60 ans plus tard, malgré l’adoption de décisions politiques et des lois et règlements visant à protéger les droits des femmes, des obstacles liés à la violence basée sur le genre continuent à restreindre la participation active du genre féminin à la vie communautaire. La sécurité dans l’espace public reste toujours un défi vu la vulnérabilité des femmes à la violence physique, au harcèlement et à d’autres menaces bien réelles. Le programme mondial Safe Cities d’ONU femmes est une initiative phare qui « s’adresse aux autorités locales, aux décideurs, aux organisations de défense des droits des femmes, aux chercheurs et à d’autres praticiens qui s’engagent à créer des espaces publics sûrs et autonomisants avec et pour les femmes et les filles ».  En Tunisie, elle a lancé, depuis quelques années, le slogan «Tunis, ville sûre pour les femmes et les Jeunes filles», en partenariat avec des ministères, les autorités municipales et d’autres parties prenantes, telles que les entreprises et les groupes de la société civile.

A l’occasion de la Journée nationale de la femme, ONU femmes Tunisie a organisé, le 13 août, à la Cité de la culture de Tunis, une soirée de sensibilisation à ce sujet avec une rencontre-débat et projection en avant-première du court métrage «Beyond Reality».

Un film qui explore les défis des femmes tunisiennes

Réalisé par Bechir Zayene et produit par ONU Femmes Tunisie avec le soutien de l’Aecid, le film de sensibilisation s’inscrit dans le cadre du projet « Tunis ville sûre pour les femmes et jeunes filles». Il ambitionne de  contribuer à une meilleure compréhension et à des discussions essentielles sur la violence faite aux femmes.

Il s’agit d’un film d’anticipation, comme les évènements se passent en 2029. Hayat, jeune diplômée atteinte de surdité, passe un entretien professionnel en trois étapes. Elle est confrontée à des épreuves de simulation immersive de différentes formes de violence auxquelles les femmes font face quotidiennement. La première est la menace numérique, à travers son ex qui diffuse des conversations intimes sur les réseaux sociaux la veille de ses noces. La deuxième épreuve est l’insécurité et  le danger qui guettent les femmes rentrant tard le soir, visant en particulier la Médina de Tunis. La troisième situation est le harcèlement sexuel dans les moyens de transport public, devant l’indifférence totale et le silence des témoins. Notons que  le film a été entamé par une  scène d’annonce d’un féminicide à la radio, relayé froidement comme fait divers. Cette projection coïncide avec un drame survenu il y a quelques  heures, ayant engendré deux victimes, une épouse et sa mère. Les organisateurs de l’évènement ont tenu à rappeler que nous avons déjà atteint le chiffre de 15 meurtres depuis le début de l’année 2024. Un véritable fléau qui s’ajoute aux autres menaces souvent banalisées, voire  invisibles auxquelles les femmes sont souvent exposées.

Projection et débat pour une ville plus sûre

Ce court métrage de 17 minutes a ouvert le débat avec, au panel, Fatma Sfar qui a joué le rôle de Hayat, Sondes Garbouj, psychologue experte en question de lutte contre la violence basée sur le genre, et Imen Mhamdi, la coordinatrice du projet ONU «Tunis, safe city for women and girls». Les incidents survenus dans les espaces publics ont été  abordés sous différents angles. Pas de solutions idéalisées à proposer. Le but est essentiellement de stopper l’indifférence face à ces comportements dégradants, humiliants ou menaçants en provoquant une prise de conscience collective de la gravité du problème et incitant à accentuer les interventions au niveau de la scène politique et médiatique, aussi bien que de la sphère législative. La violence numérique par le chantage, qui peut entraver toute une vie, a été fortement évoquée. Bien qu’elle soit courante, elle est souvent synonyme d’impunité, vu l’idée faussement répandue que l’agresseur ne risque pas d’être mis en cause pour le crime commis.

Parmi les participants de la soirée figuraient également des membres éminents d’ONU Femmes Tunisie, dont Mme Isadora De Moura, cheffe de bureau de l’ONU Femmes Tunisie et Libye et  Mme Consuelo Tome Virseda, représentant l’Aecid. Comme le projet se veut inclusif, des membres d’une association de malentendants ont été présents, avec une assistance en langage des signes tout au long de la soirée, incluant le film, la discussion animée et même la prestation musicale de la chanteuse Dorsaf Bedoui à la fin.

Les organisateurs ont rappelé les efforts de sensibilisation d’ONU Femmes et de ses partenaires pour combattre les violences basées sur le genre et créer un environnement sûr et égalitaire, en lien avec les Objectifs de développement durable.

La municipalité de Tunis, le ministère du Transport, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de nombreuses associations  et bien d’autres parties collaborent avec ONU Femmes Tunisie. Les divers actionnaires œuvrent pour plus de sécurité et d’équité, pour l’égalité des genres et le droit de chaque femme de vivre à l’abri des menaces aux espaces publics virtuels, derrière les écrans, comme aux espaces réels.

Cette problématique est soulevée à l’échelle planétaire, comme l’indique l’ONU  sur son site : « Dans les enquêtes, environ 97 % des femmes britanniques âgées de 18 à 24 ans se sont plaintes de harcèlement sexuel dans les espaces publics, tandis qu’en Irlande, plus de la moitié des femmes interrogées disent qu’elles ne se sentent pas en sécurité dans les transports en commun après la tombée de la nuit. ». Le site de l’ONU mentionne encore à ce sujet « des solutions de planification urbaine et de transport qui placent les femmes minoritaires au centre, et des initiatives de prévention qui s’attaquent aux comportements discriminatoires. »

Les vies perdues à cause de la violence basée sur le genre nous rappellent que, malgré les progrès réalisés, le danger est loin d’être un cliché.

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