Rentrée scolaire et budgets des ménages : La rude équation…

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Les Tunisiens sont-ils prêts pour la rentrée scolaire, ou plus précisément pour les dépenses nécessaires à cette reprise ? Chaque année, l’épreuve des parents devient plus rude, vu la cherté de la vie, ainsi que celle des fournitures scolaires. Cette dernière, quoiqu’inéluctable, pose une sérieuse problématique pour les familles à revenu limité.

C’est que la moyenne salariale, qui ne dépasse pas les mille dinars, ne suffit plus à arrondir les fins des mois. Que dire alors des dépenses imposantes qui finissent par parachever les modestes économies des ménages.

Nul ne doute, en effet, des charges de la famille moderne qui, jadis, se limitaient aux nécessités absolues. De nos jours, le confort fait partie des exigences minimes de la vie quotidienne, ce qui rend l’équation de plus en plus compliquée. Mohamed Ali travaille comme caissier dans un magasin. Père de deux enfants inscrits en troisième et en cinquième années de l’enseignement de base, il s’apprête à s’adonner aux courses relatives à la rentrée scolaire. « Pour ce, j’ai réussi à économiser huit cents dinars en évitant tant de dépenses inutiles durant la saison estivale. J’ai même renoncé — comme bon nombre de Tunisiens —  à l’achat d’un mouton de l’Aïd. Ayant pris connaissance des dépenses prévisibles et celles imprévues de la rentrée scolaire durant les années précédentes, ma femme et moi, poursuit-il, avons décidé de serrer la ceinture durant l’été pour ne pas nous trouver dans l’embarras une fois que la rentrée pointe du nez ».

Pour ce père de famille, la cherté des fournitures scolaires est à gober dans tous les cas de figure. «  J’ai cru bon, il y a quelques années, d’acheter des fournitures scolaires proposées par le commerce parallèle. Sauf que la qualité était trop mauvaise pour tenir le coup : des cahiers qui se décollent, des stylos qui ne tiennent pas, sans parler des colles et des scotchs qui ne collent pas…Du coup, je préfère acheter une fourniture durable quoique chère », avoue-t-il.

Exiger des fournitures chères, une aberration !

Se priver pour assurer les dépenses relatives à la scolarité ne constitue point la stratégie de tous. Mohamed Oueslati, commerçant, se débrouille du mieux qu’il peut pour subvenir aux besoins de ses enfants en fournitures scolaires. «  C’est bien avant la rentrée que nous faisons l’acquisition des cartables, des nouveaux vêtements et des fournitures standards comme les stylos, les trousses, etc. Cela me permet d’alléger, un tant soit peu, les dépenses de septembre. Cela dit, ces dernières s’avèrent être, à chaque fois, impitoyables car lourdes pour les Tunisiens à moyen revenu », souligne-t-il.

Et d’ajouter que consacrer une cinquantaine de dinars pour l’achat de trois cahiers en spirales est une aberration. « J’ai l’impression parfois que les enseignants vivent sur une autre planète. Pourtant, continue-t-il, ils souffrent le martyre comme la majorité des travailleurs. En exigeant des fournitures trop chères, ils semblent oublier que nous avons tous des factures d’eau,  d’électricité et d’internet à payer, des frais de carburant pour circuler et tant d’autres charges à assumer… ».

Sacrifier beaucoup d’argent !

Il faut dire qu’exiger des cahiers et des fournitures dont les prix sont trop salés c’est mettre autant de familles dans des situations budgétaires difficiles. Certes, les manuels scolaires représentent les abc du programme et les principaux supports pédagogiques dont disposent les élèves.

Néanmoins, recommander  des cahiers et autres fournitures plus abordables serait vivement souhaitable. Il l’est aussi, en raison des nouvelles dépenses auxquelles s’adonnent les parents, contraints. Pour bon nombre de ménages, la rentrée scolaire rime avec des centaines de dinars, versées chaque mois dans les caisses des écoles privées. «  Pour investir dans l’avenir de son enfant, il faut sacrifier du temps et de l’argent, voire beaucoup d’argent ! Ma fille rejoindra, bientôt, les bancs de l’école. Elle intégrera une école privée renommée pour la compétence de son cadre enseignant. Chaque mois, je serai redevable de payer 350dt, soit l’équivalent des dépenses nécessaires à la rentrée scolaire d’un enfant inscrit à l’école primaire », indique Afef, esthéticienne.

Aussi, est-il temps de réviser les prix relatifs aux fournitures scolaires, et ce, en prenant en considération la moyenne salariale et la cherté de la vie, d’une manière générale…

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