Ils sont 96 à s’être distingués. 45 élèves du cycle primaire, 37 collégiens et lycéens, 10 étudiants et 4 élèves de formation professionnelle. Quatre SOS villages d’enfants de Gammarth, Siliana, Mahres et Akouda sont également sortis du lot.
Des prix et cadeaux ont été offerts aux champions qui ont eu droit à des cyclomoteurs, des smartphones, des ordinateurs portables et des carnets d’épargne, se félicite le directeur national de l’association tunisienne des villages SOS, Achref Saidi. L’information intéressante à retenir, en outre, est le taux de réussite très satisfaisant pour les cycles primaire, collège et secondaire de l’ordre de 74%, qui caracole à 95 % au niveau supérieur.
C’est une fierté nationale que les pupilles de la nation soient éduquées, instruites et encadrées de façon à ce qu’une intégration totale leur soit assurée dans la vie socioprofessionnelle. Le mérite revient à l’Etat tunisien, d’abord, à la société civile, aux particuliers et aux donateurs, ensuite, qui ont fait que le concept de villages SOS, si transgressif lors de sa création, est pérennisé.
Il n’est pas rare de voir sur les réseaux sociaux une jeune fille souriante qui prend la pose à l’aéroport de Tunis-Carthage pour s’envoler pour la France poursuivre ses études supérieures, ou un autre exhibant fièrement son diplôme. Le couronnement d’un parcours qui n’a pas été, nous l’imaginons, toujours facile.
Les enfants recueillis par l’Etat sont appelés à redoubler d’efforts pour lutter contre leur propre condition, contre les préjugés, pour supporter les regards et les propos désobligeants de leurs camarades, même enfants, ou encore ceux des adultes. C’est pourquoi les structures concernées veillent à ce que ces enfants, futurs citoyens de la République, puissent suivre une éducation de qualité dans des conditions d’apprentissage équitables, idéalement. Ce que le communiqué ne dit pas, sur combien d’élèves les 96 lauréats se sont distingués ? Et les quatre villages affichant de si bons résultats parmi combien à l’échelle nationale ?
Une fois le diplôme en poche, cet enfant qui a grandi dans un cocon doit affronter la société au sens large pour y faire ses premiers pas, travailler et fonder une famille. La question est de savoir comment la société tunisienne perçoit ces personnes au statut particulier. Imaginons que votre enfant, fille ou garçon, vous présente son futur partenaire, une pupille de la nation, quelle sera votre réaction ? Pendant longtemps, pour rappel, les enfants dont les origines sont inconnues et pris en charge par l’Etat étaient considérés comme les fruits de la honte et du déshonneur. Notre regard a-t-il changé depuis ?
Les mentalités n’avancent pas toutes seules. Il faut élaborer des lois progressistes et des programmes scolaires qui le sont tout autant. En transmettant aux jeunes élèves des valeurs et les grands principes tels que l’égalité entre les hommes et les femmes, le respect mutuel, la lutte contre le harcèlement et les formes de discrimination. En leur inculquant le sens de la discipline et la rigueur, pour faire de ces petits Tunisiens des adultes libres, éclairés et responsables. Maintenant si on faisait preuve d’assez de courage pour nous regarder en face, sans artifices, l’on constaterait que beaucoup reste à faire.