Nous avons été en pleine campagne du pin d’Alep, le fameux zgougou qui sert à préparer «l’assida», cette crème dont bien des gens n’arrivent plus à se passer à l’occasion du Mouled. Elle a été vendue à un prix variant entre cinquante et un et soixante dinars le kilo. Ce qui représente une aberration.
Personne ne peut répondre. Mais ce dont nous sommes certains, c’est que la «campagne», qui a précédé le Mouled, a été intense. Un incendie qui avait, a-t-on dit, réduit en fumée un bon nombre d’arbres de pin d’Alep. Cela suppose une offre moindre, donc des prix en folie. Et comme on a fait le calcul avec une marge assez large, l’assida reviendra entre deux cent cinquante et deux cent soixante-dix dinars pour les amateurs de douceurs, en pleine rentrée scolaire..
La nécessaire intervention de l’Etat
Le consommateur a été psychologiquement préparé à ces galipettes. N’empêche, les unités de surveillance ont mis la main sur une bande qui ré-emballait des grains de pins d’Alep moulus, des pots dont la date limite était dépassée pour la réinjecter dans le circuit. Il faudrait, sans doute, s’attendre à des problèmes d’intoxication. Autant dire que rien n’est délaissé pour se faire de l’argent facile. Aux dépens de la santé des consommateurs. Les dattes, on a commencé à en parler il y a deux semaines. Elles ne sont pas encore mûres et déjà la campagne est rondement menée par les «influenceurs» qui citent des impondérables dont ils sont les seuls convaincus. Elles connaîtront une augmentation. A moins que le consommateur freine ses envies et revienne à la raison. C’est dire que le consommateur est régulièrement mis au-devant de deux alternatives : payer plus cher un produit dont son pays est grand producteur, ou attendre des jours meilleurs, tout en espérant une intervention de l’Etat pour réguler le marché.
Fluctuations des prix
Bien entendu, il s’agit de se demander pour quelle raison l’Etat doit intervenir.
Parce que tout simplement les organes de régulation sont impuissants devant ce phénomène qui plonge ses racines dans une frénésie incroyable qui s’empare du consommateur.
Ces fluctuations des prix ne sont pas à vrai dire surprenants, que le consommateur fasse ses courses au niveau des grandes surfaces, ou en dehors. Bon nombre d’épiciers ont découvert qu’un rayon de fruits et légumes ne dépareillerait pas leur point de vente. Là aussi, les prix sont totalement différents de ceux qui ont cours.
Dans les environs des marchés, on fait la chasse à ces vendeurs à la sauvette qui ont de la suite dans les idées et qui s’organisent face à la ténacité des services de surveillance. Ils arrivent de temps à autre à prendre en défaut les rondes contre lesquelles ils placent des points de surveillance. En un clin d’œil, on fait table rase de ce qui est exposé. Les vendeurs sont équipés de simples cageots qu’ils remplissent au détour d’une rue et cela leur permet de se volatiliser en cas de besoin.
Autre lieu de vente, les marchés hebdomadaires qui sont de plus en plus organisés, mais dont les prix ont tendance à suivre une courbe ascendante, surtout pour les fruits. Là, le rôle des intermédiaires est clair. Ils raflent presque tout sur pied et imposent leurs prix. C’est ainsi que nous retrouvons les raisins à plus de sept dinars, les pêches plates (en matière plastique) à cinq dinars, immangeables, des figues à plus de vingt dinars, etc.
Il y a lieu de relever le rôle des grandes surfaces. Dans les pays où les organisations de défense des consommateurs sont actives, les supermarchés contribuent à la lutte contre la vie chère. Ce n’est malheureusement pas le cas chez nous. Les fruits sont affichés à des prix incroyables pour un pays producteur, les légumes dépassent largement la moyenne que l’on enregistre ailleurs. A croire que leur participation à l’effort souhaité de lutter contre la vie chère n’est pas à leur ordre du jour. C’est un problème de marges sur lequel il faudrait revenir pour les inciter à contribuer à cette lutte de tous les jours.
Impliquer le consommateur
Il faudrait reconnaître que la longue période laissée aux trafiquants, pour ne pas dire affameurs, a permis à ces spéculateurs de s’organiser, de constituer leurs réseaux en les mettant à l’abri derrière des hommes liges qu’ils manipulent à leur guise.
C’est la raison pour laquelle nous pensons que la lutte contre cette lourde organisation doit nécessairement englober le consommateur. Sans lui, sans sa volonté de refuser de se laisser faire, il y a peu de chance de pouvoir rapidement avoir raison de cette spéculation qui prédomine dans tous les secteurs. Il nous semble que de petites unités, qui pourraient devenir grandes, ces sociétés citoyennes, pourraient jouer un rôle, en mettant en place des points de vente «du producteur au consommateur» accessibles, proches des points sensibles, dans tous les chefs-lieux.
Des points de vente réellement contrôlés par les intéressés et non phagocytés et noyautés par ceux qui, actuellement, réduisent considérablement les effets des services de contrôle qui ne sauraient être partout.