Pour que la transmission du savoir corresponde aux critères exigés, il faudrait répondre par ce qui fait la réussite de ce genre d’activité.
Avec la reprise des activités qui entament leur saison de lancement en cette période de l’année, nous avons relevé sur les réseaux sociaux un véritable foisonnement « d’académies » qui proposent aux parents la prise en main de leurs enfants pour pratiquer une discipline sportive.
Nous ne sommes pas contre, mais sous condition. En effet, nous partons du principe que l’Etat vous éduque, vous protège et vous soigne. Pour le reste, le citoyen doit compter sur lui-même pour trouver, créer et imaginer une activité qui lui permettrait de vivre. C’est un principe universel qui a fait des nations développées des pays où le citoyen compte sur ses propres moyens.
Les milliers de professeurs d’éducation physique, d’entraîneurs et autres animateurs dans le domaine de la jeunesse et du sport, formés pour devenir éducateurs, ne sauraient prétendre qu’on leur offrira un poste sur un plateau. Et c’est le cas actuellement, avec les difficultés que l’on trouve pour embaucher ces milliers de jeunes au sein des établissements scolaires, les clubs et autres organismes ayant besoin de ces spécialistes. En effet, rien n’est clair en sports pour tous qui demeure une simple activité de loisirs, en sport féminin qui n’est qu’un appendice de son homologue masculin, alors qu’il y a des potentialités énormes inexploitées en sports scolaires où la promesse d’introduire l’éducation physique et sportive dès les classes du primaire est devenue un serpent de mer.
Ces jeunes et moins jeunes cadres formés sont dans l’obligation de chercher un moyen de gagner leur vie.
D’où, entre autres, le lancement de cette chaîne « d’académies » qui occupent, encadrent, dans la mesure du possible, bien des enfants qui s’inscrivent, faute d’être pris par les clubs civils surchargés, démunis et incapables de mettre en place des sections jeunes répondant aux besoins. Ces enfants ont tout loisir de rêver aux exploits de leurs idoles.
Du bon et du moins bon
Il va sans dire que ces nouvelles cellules du sport et pourquoi pas de dessin, de musique, de théâtre et autres activités artistiques dans le futur sont à injecter dans le circuit de cette formation et cet encadrement qui ont désormais la mission de « former ». Et ce n’est pas facile. Il faut, en plus des connaissances, du matériel spécialisé, assez d’espace et des horaires appropriés.
Nous avons eu l’occasion de visiter quelques-unes de ces académies. Il faudrait reconnaître qu’il y a du bon et du moins bon. Pour que la transmission du savoir corresponde aux critères exigés, il faudrait répondre par ce qui fait la réussite de ce genre d’activité. La discipline, le respect, la sociabilité sont à la base de l’effort fourni pour faire œuvre utile. Le nombre est par ailleurs déterminant. Il est en liaison étroite avec l’espace et le matériel dont on dispose. Nous avons vu des académies qui connaissent un trop-plein qui fait que l’enfant touche un ballon ou un outil de travail, une dizaine- quinzaine de fois, pas plus. La séance dans ces conditions est ratée et l’enfant n’apprend rien. D’où la mise en place d’une organisation souple, qui n’a rien d’une « administration » lourde et ennuyeuse pour mettre de l’ordre et faire en sorte que ces entités soient pleinement utiles.
Les directions techniques des fédérations, principales responsables de la pratique de ces sports dans le pays, ont le devoir, à notre sens, de les surveiller, de les conseiller et de les encourager à participer à l’effort de dénicher (pourquoi pas !) des jeunes de valeur.
Un dernier point, relatif aux prix affichés. Ils dépassent de loin les moyens des familles moyennes (il n’en reste plus beaucoup !). Nous craignons qu’à ce rythme, nous nous retrouvions face à un sport à deux vitesses. C’est à éviter.