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Au nom de ceux qui n’ont plus rien à perdre

Editorial La Presse

 

Pendant que le bilan catastrophique de la guerre contre la Palestine ne cesse de s’aggraver, avec plus de 41 mille morts et plus de 94 mille blessés, l’axe du mal a sévi encore une fois, au Liban, pour massacrer dans la foulée femmes et enfants.

Le 17 septembre 2024, des milliers de bipeurs à travers le pays du Cèdre ont explosé, faisant au moins 12 morts, dont une fillette de 9 ans et un garçon de 11 ans, selon plusieurs sources internationales concordantes. Les blessés déclarés sont plus de 2300. Le lendemain, 18 septembre, des appareils électroniques ont explosé simultanément, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth et au sud du Liban. Un bilan provisoire fait état d’au moins 25 morts et plus de 600 blessés.  Lundi 23 septembre, des explosions simultanées d’engins électroniques au Liban, mais également en Syrie ont fait plus de 3.000 blessés et une quarantaine de morts.

Des attaques massives et inédites aux bipeurs et talkies-walkies qui ont explosé au cœur des marchés et des habitations, tuant et terrorisant la population civile. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise, c’est même la méthode classique de l’occupant. Cette fois-ci, aux bombardements dévastateurs qui se poursuivent aussi bien à Gaza qu’au Liban, se sont ajoutées ces attaques technologiques sophistiquées.

Une guerre indiscriminée et donc illégale qui a pour finalité d’affaiblir le mouvement du Hezbollah, accessoirement de déstabiliser l’ensemble du Liban. Le chef historique Hassan Nasrallah, dans le viseur depuis longtemps, a été tué, hélas. Sa mort a provoqué une onde de choc dans le monde, suscitant désolation et sympathie même auprès de ceux qui ne cultivent pas d’affinités particulières avec le mouvement chiite. Quant à ses héritiers, ils ont aussitôt pris le flambeau et prévenu qu’ils poursuivront la bataille «en soutien à Gaza et à la Palestine et pour la défense du Liban et de son peuple». C’est une culture !

Depuis la création d’Israël en 1948, dans la guerre, la douleur et la spoliation des terres, ses dirigeants ont fait de l’élimination systématique des leaders palestiniens et libanais un mode opératoire privilégié. Leur argument suprême : tuer tous ceux qui représentent une menace pour la paix et la sécurité d’Israël. Une paix jamais obtenue, soit dit en passant. Malgré un soutien constant et indéfectible des alliés, malgré une supériorité militaire et technologique incontestable.

En massacrant, tuant et privant les populations de leurs droits à une vie digne, Israël n’obtiendra jamais la paix. Néanmoins, il a réussi à fédérer contre lui, en transcendant les croyances religieuses et les frontières, une bonne partie de l’espèce humaine dotée du sens de la justice. Quant aux victimes directes de la violence et l’arrogance des miliaires et des colons de l’occupant, et comme le disait si bien l’homme politique et philosophe irlandais, Edmund Burke: «Ceux qui ont beaucoup à espérer et plus rien à perdre seront toujours dangereux». Ainsi et depuis plus de 70 ans, Israël n’a fait que renforcer les rangs de ces bataillons.

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