Plusieurs séances de travail ont été consacrées aux préparatifs de la nouvelle saison agricole et à l’adoption de certaines mesures destinées à garantir sa réussite. Ainsi, il a été prévu l’ensemencement de 53.5 mille ha de céréales.
Les bons signes d’une bonne campagne agricole sont apparus, dès le début de l’actuelle saison. En effet, les précipitations ont concerné toutes les délégations de Kairouan et ont eu un effet bénéfique dans la reconstitution de la nappe phréatique, sur les fourrages, sur le pâturage, sur l’état général des plantations et sur la préparation des sols pour les céréales.
Une manne céleste tant attendue
Evidemment, tout le monde était heureux de cette manne céleste tant attendue. Durant plusieurs journées lisses et scintillantes, la terre enfin mouillée était devenue désirable, avec ses odeurs et ses chants secrets. Et le soir, les rues gorgées d’eau étaient silencieuses, presque désertes et semblaient échapper au temps.
Exploitant agricole à Bouhajla, Amor Methnani nous confie dans ce contexte : «Quel beau début de saison agricole ! Le crépitement doux de la pluie me fend mollement le cœur : que des pistes soient coupées, que de vieilles habitations soient endommagées, que des véhicules tombent en panne, tout cela n’est point dramatique. L’essentiel, c’est que notre saison agricole soit sauvée. En outre, ces pluies automnales ont lessivé les sols des sels et des résidus…»
Par ailleurs, plusieurs séances de travail ont été consacrées aux préparatifs de la nouvelle saison agricole et à l’adoption de certaines mesures destinées à garantir sa réussite. Ainsi, il a été prévu l’ensemencement de 53.5 mille ha de céréales, dont 28 mille ha en irrigué et 25.5 mille ha de cultures pluviales répartis comme suit : 28,5 mille ha de blé dur, 100 ha de blé tendre et 24,9 mille ha d’orge.
Et les techniciens agricoles ont procédé à des campagnes de sensibilisation auprès des céréaliculteurs, afin qu’ils évitent la culture des céréales dans les champs marginaux et non habités, à utiliser davantage les semences sélectionnées et à mieux maîtriser l’utilisation des techniques d’ensemencement et celles de la production des céréales en irrigué.
Notons que les besoins en intrants sont de l’ordre de 27.000 quintaux de semences sélectionnées, 125.000 t d’ammonitrates, 93.000 t de DAP et 23.000 t de super phosphate 45%. Malheureusement, la plupart des fellahs se plaignent du manque d’intrants dans le gouvernorat de Kairouan, dont ils revendiquent l’approvisionnement le plus tôt possible.
Témoignages
Naceur Jaballah, fellah à El Ala, parle de son désarroi : «Après des années de vaches maigres, à cause de la sécheresse, le fellah n’a plus les moyens financiers pour subvenir aux frais des labours qui grimpent d’une année à l’autre, sans oublier l’achat des semences sélectionnées et des engrais qui deviennent de plus en plus chers à cause de la voracité de beaucoup de spéculateurs».
Ali Fatnassi, possédant 13 ha de céréales à Sbikha, a lui aussi souffert du déficit pluviométrique de l’année dernière : «En effet, d’habitude, je récolte 900 quintaux, je n’en ai eu que 700. Normalement, je procède à 6 irrigations espacées suivant les besoins du cycle végétatif des céréales. L’année dernière, j’ai dû faire 10 irrigations, à cause du manque de pluie. De plus, je dépense en moyenne 1.200 D par hectare pour préparer le lit de semis et pour les semailles. Cela sans pour autant oublier le fait de payer mes ouvriers permanents (8 mille dinars) ainsi que mes factures d’électricité et les frais de labour très élevés. D’ailleurs, j’ai emprunté de l’argent pour m’acquitter des crédits auprès des fournisseurs. D’autant que la plupart des fellahs n’arrivent pas à payer les différents créanciers, le nombre d’huissiers envoyés par ces derniers augmente de jour en jour…».
Rappelons que le gouvernorat de Kairouan se classe au premier rang national sur le plan des superficies céréalières irriguées, dont 93% sont situées dans les délégations de Kairouan- Sud, Bouhajla, Sbikha et Chébika.