Toutes les lectures et analyses s’accordent à affirmer que la croissance prévue pour 2024, tout comme celle de 2023, est très faible, voire atone. Le niveau actuel n’autorise pas nos architectes économiques d’espérer un redressement significatif de l’économie nationale, encore moins d’assurer une dynamique de création de richesses. Un constat tout à fait légitime, surtout que les fondamentaux de notre économie sont en difficulté, avec notamment un volume d’investissement timide, des finances publiques sèches et un appareil productif grippé.
Reste que, selon les mêmes lectures, ces différents signaux, malgré leur gravité, ne sont pas catastrophiques ou encore impossibles à contourner et à corriger. Certes, la conjoncture nationale et internationale demeure un facteur contraignant, mais l’économie nationale dispose des ressources nécessaires pour mieux s’exprimer. Pour cela, il suffit de trouver la parade pour traduire au mieux le potentiel dont elle dispose. D’ailleurs, les derniers rapports des différentes instances spécialisées attestent que le potentiel de croissance de l’économie nationale est beaucoup plus important que ce qui est en train d’être réalisé.
Il est nécessaire donc de repenser, sérieusement et en profondeur, cette question, surtout que la prochaine étape a été placée, et comme l’a affirmé le Chef de l’Etat, sous le signe de l’édification et de la construction.
D’ailleurs, le Chef du gouvernement, Kamel Maddouri, a rappelé le 8 novembre dernier, lors des plénières consacrées à l’examen des projets de budget de l’Etat et du budget économique pour 2025, la détermination du Président de la République «à instaurer de nouvelles approches de croissance». Il s’agit là «de construire une économie nationale créatrice de valeur ajoutée et d’emplois dignes et durables».
Un tel enjeu devrait reposer toutefois sur une vision prospective avec des mécanismes de pilotage et de surveillance fiables et surtout innovants. Une vision qui, elle-même, devrait tenir compte d’une échelle de priorités précises. La valorisation de nos secteurs stratégiques notamment.
Il est vrai, en effet, que certaines activités qui ont constitué autrefois les atouts majeurs de notre économie n’arrivent toujours pas à retrouver leur statut. On pense, en premier lieu, à l’agriculture qui, malgré quelques éclats, semble encore incapable d’offrir une production à haute valeur ajoutée. Pourtant son potentiel est énorme.
Certes, l’instabilité climatique y est pour quelque chose, mais ce facteur n’est pas isolé. Notre agriculture est toujours dépendante de mécanismes d’exploitation qui sont, dans une large proportion, traditionnels, dépassés et peu conformes aux nouvelles exigences du marché aussi bien national qu’international, ce qui explique cette vulnérabilité face aux changements climatiques.
Un état de lieu «inconfortable» qui justifie les appels incessants de nos premiers décideurs à la nécessité d’outiller rapidement notre agriculture d’une chaîne de production intelligente, innovante et à large capacité de résilience face aux chocs.
Et c’est certainement l’urgence d’une telle exigence qui explique les multiples et importantes mesures retenues par les projets budgétaires pour 2025 au profit du secteur agricole. D’ailleurs, le Chef du gouvernement n’a pas manqué d’affirmer l’engagement à soutenir l’intégration complète des différentes chaînes de valeur agricoles, de stimuler l’investissement et de garantir la valorisation du patrimoine foncier. Ce qui constituerait certainement les bases d’une performance globale et durable.
En plus de la composante agricole, l’échelle de priorité de la nouvelle vision du développement économique national devrait miser aussi sur d’autres variantes incontournables. Il est question, entre autres, d’accélérer la réalisation des grands projets, de consolider l’infrastructure de base, de miser davantage sur le verdissement de l’économie, et de moderniser notre système monétaire.
Autant donc d’orientations qui ne manqueront certainement pas de traduire au concret le potentiel réel de notre économie.