Les trésors musicaux de naguère avec un regard empreint d’émotion et de nostalgie. Et cerise sur le gâteau la présence du grand Ridha Hajjem, un bel hommage à la figure emblématique de la radio tunisienne connu pour ses chansons humoristiques avec des textes sarcastiques et poignants.
Le Théâtre des régions, à la Cité de la culture Chedli Klibi, a abrité le 22 novembre un concert musical d’exception célébrant la richesse et la diversité de la musique tunisienne. Baptisé « Aïn al mahabba 2», cet événement est organisé par le ministère des Affaires culturelles, en partenariat avec l ’Organisme tunisien des droits d’auteur et des droits voisins (Otdav). En présence de la ministre des Affaires culturelles, Madame Amina Srarfi, qui a veillé en personne sur les préparatifs, les spectateurs ont pu découvrir ou redécouvrir les trésors musicaux de naguère avec un regard empreint d’émotion et de nostalgie.
La soirée diffusée en direct sur la chaîne nationale tunisienne et qui a attiré un public diversifié fait suite à un premier concert donné le 25 octobre dernier.
Ce spectacle a, une fois de plus, réuni sur scène différentes générations de chanteurs au talent indéniable afin d’assurer la continuité et la transmission des mélodies qui résonnent encore aujourd’hui avec une poésie et une profondeur inégalées.
Sous la baguette du maestro Youssef Belhani, une quarantaine de musiciens de la Troupe nationale tunisienne ont brillamment accompagné quatre grands noms qui ont marqué notre paysage musical : Alia Belaïd, Chokri Bouzayane, Nawal Ghachem et Karim Chouaïeb. Un hommage vibrant à ces artistes d’exception qui continuent d’inspirer des générations entières et toucher les cœurs des mélomanes tunisiens. Des chansons emblématiques qui ont transcendé les époques par leur beauté inégalée ont été reprises lors de cette soirée par ces artistes aux voix uniques qui ont marqué des décennies de la chanson tunisienne. Leurs mélodies continuent de charmer, de captiver et de défier le temps, laissant un héritage culturel précieux qui demeure gravé dans le cœur de chaque Tunisien. L’accent a également été mis sur les jeunes talents avec des moments forts de rencontre.
Le spectacle a été inauguré par « Soug ejemal », un morceau du grand violoniste et compositeur Kaddour Srarfi. Alia Belaïd est montée par la suite sur scène pour interpréter deux de ses propres tubes qui ont résonné comme des joyaux intemporels, transportant les auditeurs à travers le temps avec ces mélodies nostalgiques. Meherzia Touil, que le public a connue à travers la Rachidia, l’a rejointe pour un duo. Les deux voix féminines puissantes et expressives se sont entremêlées, apportant à la chanson de Alia Belaïd une nouvelle résonance toute particulière. Puis, c’est Karim Chouaïeb, vedette de la Hadhra et des variétés tunisiennes, qui a revisité quelques titres de son répertoire avant d’inviter le jeune chanteur Anis Letaïef pour un duo. Le public a longtemps applaudi par la suite la prestation de Ridha Hajjem, figure emblématique de la radio tunisienne depuis plus de 50 ans. Connu pour ses chansons humoristiques avec des textes sarcastiques et poignants à la fois, il a chanté «El bakchich», dénonçant avec ironie le matérialisme du monde contemporain. L’ambiance dynamique et festive s’est poursuivie avec Chokri Bouzayane qui nous a fait vivre, en direct, un moment d’émotion et de partage à travers quelques titres de son répertoire incontournable, interprétés d’abord en solo puis avec Ahmed Rebaï, jeune talent prometteur. La diva Nawal Ghachem a pris la relève pour une performance vocale qui a touché le cœur et l’âme des centaines de spectateurs présents en salle. Le spectacle a été clôturé par une interprétation collective de «Hobbi yetbaddel yetjaded», un titre phare de la vedette inoubliable Hédi Jouini. Ces trésors musicaux ancrés dans notre mémoire collective sont imprégnés de l’élégance d’une époque révolue où la créativité artistique domine. Le succès de la deuxième soirée de « Aïn al mahabba » prouve donc que cette toile sonore qui tisse des liens entre le passé et le présent continue à faire danser, rire, pleurer et rêver le public tunisien. Un troisième rendez-vous est promis dans un mois. Nous y reviendrons.