Accueil Culture A la Galerie Selma Feriani : Œuvres tissées, symboles et formes

A la Galerie Selma Feriani : Œuvres tissées, symboles et formes

Amina Saoudi Aït Khay et Farid Belkahia, deux figures emblématiques, aux parcours et pratiques artistiques distincts, partagent un ancrage profond dans leur culture amazighe.

À partir du 18 décembre, la galerie Selma Feriani met en lumière l’œuvre de deux artistes marocains majeurs : Amina Saoudi Aït Khay et Farid Belkahia. Ces deux figures emblématiques, aux parcours et pratiques artistiques distincts, partagent un ancrage profond dans leur culture amazighe, un fil conducteur qui relie leur travail au-delà des générations.

L’artiste plasticienne Amina Saoudi Aït Khay présentera sa nouvelle exposition personnelle intitulée «œuvres tissées». Le vernissage aura lieu le 18 décembre à 18h00 et marquera une étape importante dans le parcours artistique de l’artiste. L’exposition regroupe une série de tapisseries et d’œuvres sur soie, réalisées sur plusieurs décennies, depuis les années 1990 jusqu’à aujourd’hui.

Sa pratique, qui allie tradition et innovation, se nourrit d’un processus profondément personnel et intuitif. Elle s’inspire des traditions ancestrales transmises de génération en génération, tout en intégrant des éléments de son environnement immédiat. Les œuvres de Saoudi Aït Khay commencent souvent par des procédés de teinture traditionnels, où elle utilise des matériaux naturels qu’elle trouve dans son environnement. Les motifs qu’elle crée à travers des gestes de tissage à la main sont d’une grande complexité et résonnent avec des histoires profondément ancrées dans l’histoire culturelle amazighe. Ces tapisseries sont une invitation à la mémoire collective, explorant les paysages du Maroc et de la Tunisie à travers des formes et des textures évoquant la richesse du patrimoine berbère. L’utilisation du métier à tisser comme toile vierge permet à l’artiste de donner vie à un langage visuel distinctif, où chaque fil tissé est porteur d’une histoire personnelle et culturelle. L’exposition offre ainsi une immersion dans un univers où les gestes traditionnels rencontrent une abstraction moderne, créant une œuvre à la fois intime et universelle. La galerie rend, également, hommage à Farid Belkahia, l’un des artistes les plus influents du Maroc et une figure clé de l’art contemporain arabe. Disparu en 2014, Belkahia laisse un héritage marqué par une exploration radicale des matériaux et des formes. L’exposition intitulée «symboles et formes» se concentre sur une série de dessins réalisés dans les années 1980, sur papier et sur peau, dans lesquels les formes géométriques et les motifs abstraits deviennent un moyen d’expression essentiel.

En tant que fondateur de l’École d’art de Casablanca, Belkahia a bouleversé les conventions artistiques en créant un langage visuel profondément enraciné dans les symboles amazighs, les signes Tifinagh et les pigments naturels. Son œuvre est une réponse directe à l’art occidental, qu’il a volontairement rejeté au profit d’une exploration de l’identité et de la matérialité. Le cuivre et la peau, qu’il a réhabilités dans ses créations, deviennent des supports sacrés, porteurs de sens et de spiritualité.

L’approche de Belkahia s’inscrit dans un processus de réappropriation des arts traditionnels, dans le but de les revitaliser et de leur rendre leur caractère sacré. Sa quête pour décoloniser l’art et affirmer une esthétique authentique et débridée, libre de toute contrainte moderniste

occidentale, est au cœur de son œuvre. Sa maîtrise des formes géométriques et des motifs abstraits est un moyen de dialoguer avec le spirituel et le corporel, tout en restant fidèle à la richesse de son héritage marocain.

Ces deux expositions offrent ainsi une double vision de l’art marocain contemporain, entre tradition et innovation. Amina Saoudi Aït Khay et Farid Belkahia, chacun à sa manière, ont exploré des dimensions profondément culturelles et symboliques de leur identité. Leur art, loin des conventions occidentales, s’enracine dans une réappropriation de la mémoire collective, offrant une relecture moderne des formes, des couleurs et des matières de l’artisanat et de la culture amazighe.

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