Un lieu hostile, sombre, lointain et reclus, c’est là que le réalisateur installe les événements d’un thriller politico-religieux dont l’écriture du scénario est ciselée et ésotérique.
Personnages improbables, lieux obscurs, animaux morts, hostilité des lieux. «Agora», le troisième long métrage de Aleddin Slim, est aussi hermétique que ses précédents films : «The last of us» et « Tlamess». C’est à prendre ou à laisser. Il y a les fans de ce genre de style qui en raffolent et crient au chef-d’œuvre et d’autres qu’il est soporifique.
De longs plans de paysages contaminés par la pollution et le laisser-aller, des silences accentuant le vide et l’oppression qui s’installe progressivement. La ville est montrée comme un lieu hostile, sombre, lointain et reclus. C’est là que le réalisateur installe les événements.
Des disparus que la mer semble avoir engloutis réapparaissent comme des fantômes réclamant leur droit. La tension va grimper entre ces revenants et les autorités locales. Fathi, inspecteur de police, tente de percer le mystère avec son ami médecin Amine. Le mystère n’est pas élucidé malgré toutes les tentatives de ce dernier. C’est alors qu’un deuxième inspecteur de police de la capitale débarque sur les lieux pour élucider l’affaire.
Faut-il ou pas accueillir les revenants ou bien les chasser parce qu’ils sont considérés comme porteurs de malédictions? Il y a qui sont pour et d’autres contre. Face à ce dilemme, un autre médecin, Dr Layouni, est appelé à la rescousse. «Agora» est un thriller politico-religieux dont l’écriture du scénario est ciselée et ésotérique. Toutefois, et en dépit d’une narration tendue, il est intéressant de plonger dans cet univers, même si on ne comprend pas grand-chose. Le film se perd entre son côté film d’auteurs un peu rasant et son côté thriller un peu engageant. On est en plein manichéisme, les victimes d’un côté qui réclament leur droit et les bourreaux de l’autre qui cherchent à étouffer l’affaire. Par ailleurs, la musique oppressante accentue l’aspect glauque de l’œuvre et renforce le poids des non-dits. Quant au dénouement venu de nulle part : un chien bleu, dont la signification reste énigmatique, est assez abusé. Travaillant essentiellement sur le symbolisme, Aleddin Slim réussit à créer un style personnel pour se faire une place respectable dans le monde du cinéma.