
Le tapis rouge est déroulé cette année, comme d’habitude, mais pas pour voir se pavaner avec les robes colorées et scintillantes. Le noir s’est imposé en signe de deuil et la majorité des célébrités ont opté pour un style simple.
Après une édition annulée en raison du génocide à Gaza, la cérémonie d’ouverture de la 35e édition des Journées Cinématographiques de Carthage a eu lieu le 14 décembre, soit à la date prévue, en dépit des critiques et des appels au boycott. Deux jours après le décès du célèbre acteur Fathi Haddaoui, et le jour même de son enterrement, cette grande manifestation culturelle a démarré dans une atmosphère de sobriété, avec des signes de festivités réduits au strict minimum. Retour sur les principaux temps forts de la soirée à la Cité de la culture.
Les stars endeuillées foulant le tapis rouge
Le tapis rouge est déroulé cette année, comme d’habitude, mais pas pour voir se pavaner avec des robes colorées et scintillantes. Le noir s’est imposé en signe de deuil et la majorité des célébrités ont opté pour un style simple. Les photographes ont particulièrement capté la grande actrice Rim Riahi qui a fait son entrée discrètement sans défiler. Quelques tenues pailletées ont fait l’exception et ont été critiquées sur les réseaux sociaux et jugées fortement inappropriées. Cette édition est marquée par l’absence des stars égyptiennes et libanaises, probablement en raison du Festival du film RedSea, clôturé deux jours seulement avant le démarrage des JCC.
Les larmes de Souhir Ben Amara, la maîtresse de cérémonie
La célèbre actrice tunisienne Souhir Ben Amara a mentionné qu’elle a été aux obsèques de feu Fathi Haddaoui. Elle a évoqué avec beaucoup d’émotion que, malgré sa présence à cette soirée, elle se considère en deuil, tout comme les Tunisiens que le décès de l’acteur légendaire a surpris et attristés.
Des hommages posthumes
à Fathi Haddaoui et Khemaies Khayati
Un hommage bref et concis mais émouvant a été rendu au grand acteur qui nous a quittés, laissant derrière lui un héritage riche et inspirant qui restera gravé dans nos mémoires. Une courte vidéo d’une minute environ avec sa voix à la fin a été projetée sur grand écran. Pourtant, ceux qui ont été présents en salle et les Tunisiens qui ont suivi la cérémonie diffusée en direct sur la chaîne de télévision nationale auraient voulu voir plus de temps consacré à cet artiste au talent indéniable.
Un deuxième hommage a été rendu à Khmaies Khayati, journaliste et critique cinématographique, parti au mois de juin dernier.
La remise de trophées à Raouf Ben Amor et Aicha Ben Ahmed
Les deux acteurs tunisiens représentant deux générations différentes sont montés sur scène sous les applaudissements. Aicha Ben Ahmed, qui connaît actuellement beaucoup de succès en Egypte, s’est exprimée sur l’honneur de recevoir cette distinction et sur le contexte de deuil qui la marque personnellement autant que toute la Tunisie.
Le coup d’envoi donné par
le président du grand jury
Hany Abu Assad
Le comité d’organisation de cette édition 2024 est dirigé par le cinéaste Farid Boughdir, en tant que président d’honneur, et Lamia Guiga, directrice des JCC et à la tête du Centre national du cinéma et de l’image. C’est le réalisateur, palestinien Hani Abu Assad, président du jury international, qui a déclaré ouverte cette semaine engagée dédiée au cinéma arabe et africain. Il a souligné, dans un bref discours, le rapport étroit entre la douleur et la création artistique, en faisant allusion aux guerres qui sévissent dans le monde.
Les intermèdes musicaux de l’Orchestre symphonique tunisien
Après avoir joué Halfaouine de Anouar Brahem, l’Orchestre symphonique tunisien, sous la houlette du maestro Fadi Ben Othman, a accompagné le duo Slim et Nour Arjoun puis la chanteuse palestinienne Dana Salah qui ont interprété chacun un titre engagé.
Deux films à l’ouverture
Le court métrage de fiction «Upshot» de la réalisatrice palestinienne, Maha Haj, a été projeté au Théâtre de l’Opéra. Sorti en 2024, il a déjà reçu le Léopard d’or à la compétition Corti d’autore au festival de Locarno. Le deuxième film est le long-métrage documentaire «The Freedom Giver» du réalisateur irakien Kais al-Zubaidi qui nous a quittés au début du mois courant. Il s’agit de la Première mondiale dans sa version restaurée.
Le film dépeint les nombreux actes de résistance libanaise et palestinienne, menés contre l’occupation israélienne au Liban dans les années 80. Il est basé sur des témoignages et des documents importants retraçant des luttes historiques et en cours.
Malgré son contenu consistant, le film long de 90 minutes n’a pas retenu les spectateurs jusqu’au bout, d’où les photos de la salle presque vide en fin de soirée qui circulaient sur les réseaux sociaux.
Notons que, pour cette édition des JCC, 217 films de 21 pays sont programmés dans 20 salles, dont 56 en lice pour la compétition internationale. Un record de 99 longs et courts métrages tunisiens est souligné entre films commerciaux, documentaires ou films d’auteur.
La Palestine est au cœur des JCC avec 19 films. Un focus Jordanie est prévu avec 14 films ainsi qu’un Focus Sénégal avec 12 productions. L’expérience des JCC dans les établissements pénitentiaires se poursuit encore cette année. Des projections sont également programmées dans les régions et pour la première fois dans les villages.