Accueil Culture Théâtre ­- Une fête dans ma tête de Majd Mastoura : Une comédie satirique bien maîtrisée

Théâtre ­- Une fête dans ma tête de Majd Mastoura : Une comédie satirique bien maîtrisée

Des thématiques contemporaines sont abordées avec beaucoup de finesse et de simplicité sans aucune prétention, ni ostentation. Le récit est fluide, nuancé et subtil avec des personnages disjonctés et une forme jubilatoire pour le spectateur qui peut s’identifier à certaines situations.

La Presse— Programmée bizarrement dans le cadre de la 5e édition des Premières chorégraphiques de Carthage (30 janvier-2 février 2025), «Une fête dans ma tête» de l’acteur Majd Mastoura est une pièce de théâtre où la danse est quasi-absente. Cette première création de Majd Mastoura, comédien de talent qui a fait ses preuves dans plusieurs films tunisiens dont «Hédi» et «Par-delà les montagnes» de Mohamed Ben Attia sans oublier ses performances dans les films de Jilani Saâdi, a drainé un large public lors de sa deuxième représentation au théâtre El Hamra, dimanche dernier. Une affluence record qui s’explique sans doute par l’aura de l’auteur.

«Une fête dans ma tête» est un projet monté lors d’un atelier de formation de comédiens en France dirigé par Majd Mastoura. L’écriture collective pertinente à laquelle ont contribué les acteurs en formation : Amine Mani, Emna Ben Ammar, Farah Chaâbani, Fatma Sellami, Hamma Mcharek, Houda Zekri, Nouha Alaya, Sarra Manai et Youssef Horchani qu’on retrouve d’ailleurs dans cette pièce qui parle de plein de choses sous la forme d’une comédie satirique. Il est question de bureaucratie, d’immigration, de quête de sens au travail, de consumérisme, de solitude et de relation de couple.

Ces thématiques contemporaines sont abordées avec beaucoup de finesse et de simplicité sans aucune prétention, ni ostentation. Le récit est fluide, nuancé et subtil avec des personnages disjonctés et une forme jubilatoire pour le spectateur qui peut s’identifier à certaines situations. Dans un décor minimaliste et épuré : deux tables et deux chaises de part et d’autre de la scène, Fatma, une jeune femme trentenaire, réside en France mais a du mal à obtenir sa carte de séjour. Malgré tous les papiers fournis à l’administration, elle n’arrive pas à s’en sortir et son séjour devient risqué.

Elle est contrainte de subir en examen psychologique pour s’assurer de son état mental de peur qu’elle ne soit déséquilibrée et sujette à exécuter des opérations terroristes. Les séances avec la psy ne lui apportent aucun réconfort et ne résolvent pas ses problèmes. D’autre part, ses relations avec son partenaire ne sont pas toujours au beau fixe. Et comme dans la majorité des couples, il y a des hauts et des bas. Ne pouvant gérer ses problèmes, Fatma décide d’en finir avec la vie et fait appel à un coach qui va l’aider à se suicider.

Les personnages s’affrontent dans une ambiance bien entretenue mais entrecoupée de temps en temps d’humour salvateur qui agit comme une respiration. Trente ans, c’est l’âge des incertitudes et des fissures qui apparaissent béantes et où on remet en cause certaines valeurs, qui, confrontées à la réalité, paraissent futiles. La pièce questionne le sens de la vie et du bonheur qui n’existe en fin de compte que dans notre tête. Fatma, tendue de bout en bout de la pièce presque à la limite de la dépression, se bat pour la vie pour sauver son couple. Bilel, son conjoint, ne lui facilite pas la tâche en se montrant caractériel. Majd Mastoura signe là une œuvre incisive et pleine d’humour, à la mise en scène efficace et au tempo maîtrisé.

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