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Contrôle économique : Pour une nouvelle approche

La spéculation, la hausse des prix, les arnaques sont le fait de personnes rodées à ce genre d’agissements. Pour lutter contre ces fléaux, et c’est une lutte de tous les jours, il est nécessaire de se mettre en ordre de bataille pour les tenir en respect. La gestion rime avec adaptation et ajustement.

La Presse — Un concours a été dernièrement ouvert pour le recrutement d’inspecteurs du contrôle économiques. En fait, combien sont-ils sur le terrain et considérant les centaines de milliers de points de vente? Combien devraient-ils être pour assurer leur tâche et surtout déjouer les agissements et les arnaques de ceux qui ont quelque chose à se reprocher?

Avec le mois de Ramadan qui succède à une précédente «alerte» qui n’est autre que la rentrée scolaire, ce corps de métier sera encore une fois mis sous tension.

Créé aux alentours des années 1978, ce corps a derrière lui une expérience qui lui  a permis quand même de s’imposer. Mais bien des choses restent à faire, et il est peut-être temps d’envisager d’autres formules ou plus exactement initiatives, qui viendront consolider cette action de contrôle.

Malheureusement, en dépit de tous les efforts déployés, ces inspecteurs ne disposent pas du don d’ubiquité qui pourrait leur permettre d’être partout à la fois.

Leur nombre et le temps minimum qu’ils consacrent pour une opération de contrôle ne leur permettent en aucun cas de faire plus.

Et c’est ce qui fait qu’ils ont forcément un temps de retard sur l’opération de contrôle suivante.

La plupart des prix  sont  fixés par les professionnels. Ils sont soit libres avec des marges bien définies soit en calculant le prix de revient tout en ajoutant la marge fixée. Ces prix doivent cependant faire l’objet d’un affichage visible et lisible, placés à proximité directe du produit pour qu’il n’existe aucune incertitude quant à celui auquel ils se rapportent, en  respect de certaines règles pour ne pas tromper le consommateur.  Ils peuvent être indiqués sur le produit lui-même.

Dans les magasins huppés comme dans les grandes surfaces, au marché comme à l’épicerie du coin, la valse des étiquettes, leur pose entre deux produits, va bon train.

Le client pense parfois avoir fait une bonne affaire en mettant dans son caddy un produit dont le prix lui semble intéressant mais s’il ne prend pas la peine de vérifier le ticket de caisse, il aura acheté à un prix autre que celui qui l’a tenté. S’il s’en aperçoit et qu’il réclame, on lui dira par exemple «c’était en promotion hier et nous ne l’avons pas retiré». Dans le cas contraire, il aura payé au prix fort.

L’inspecteur doit tout dénouer, vérifier, refaire des calculs pour distinguer le vrai du faux. Cela prend du temps, et est souvent exposé à l’ire de ceux qui ont intérêt à créer l’occasion de tirer le fautif d’affaire.

Le plus surprenant, c’est que des consommateurs, victimes de ces spéculation ou hausses de prix, interviennent pour…demander de laisser tomber et de ne pas sanctionner !

En effet, l’arrivée de ces inspecteurs ne passe pas inaperçue. Une fois qu’ils débarquent, les portables entrent en action. Les étiquettes sont ajustées et remises en bonne place. La marchandise qui était sous le comptoir apparaît.

Ceux qui ne sont pas totalement en règle préfèrent fermer ou couvrir leur étal d’une bâche. Ils attendront le passage de l’orage pour rouvrir et poursuivre leurs méfaits.

Cela suppose que ces manèges et ces manipulations se poursuivront jusqu’à la prochaine visite.

Les consommateurs, dans l’intervalle, auront le temps de se faire étriller et personne n’y pourra  rien.

Cela nous semble anormal dans un marché municipal, un espace censé être protégé et où le consommateur doit se sentir en sécurité.

Dans l’état actuel des choses, le gérant du marché, à côté d’autres tâches, se limite à ouvrir et à fermer les lieux. Le contrôle des étiquettes ne semble pas faire partie de ses attributions.

Pourquoi?

A se poser des questions alors que dans certains de ces marchés, on a engagé des frais pour poser des caméras de surveillance. Elles surveillent quoi ? Si les exposants n’en font qu’à leur tête, pourquoi toutes ces dépenses ?

Le gérant des lieux devrait être chargé de vérifier les factures de la marchandise qui entre sur les lieux et la pose des étiquettes qui est obligatoire.

Ce n’est pas actuellement dans leurs prérogatives ? Eh bien, on devrait l’instaurer, parce que c’est utile et cela aide à contrôler en aval pour limiter la spéculation à laquelle s’adonnent bon nombre d’exposants. En effet, à longueur de journée, la marchandise entre, emmenée par une noria de camionnettes qui viennent directement des dépôts qui appartiennent à ceux qui font la loi et imposent leurs prix. C’est eux aussi qui fournissent en marchandises, les vendeurs à la sauvette.

Nous avons plus d’une fois signalé ces agissements qui portent atteinte à l’ordre public, confortent la spéculation, favorisent l’écoulement de produits dont la qualité laisse à désirer.

Cela est tombé dans l’oreille d’un sourd.

La spéculation, la hausse des prix, les arnaques sont le fait de personnes rodées à ce genre d’agissements. Pour lutter contre ces fléaux, et c’est une lutte de tous les jours,  il est nécessaire de se mettre en ordre de bataille pour les tenir en respect. La gestion rime avec adaptation et ajustement. Se figer par respect à des considérations dépassées qui ne sont plus opérationnelles, équivaut à favoriser le boursicotage et la spéculation

Quelques centaines d’inspecteurs économiques, quels que soient leur application, leur bonne volonté ou leur rythme, ne pourront jamais faire le travail. La tâche est immense. Il faut absolument les assister, au moins dans ces lieux censés être protégés.

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