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Marché du carbone : Pour une croissance verte et durable

Selon la définition du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), «les marchés du carbone sont des mécanismes de tarification du carbone qui permettent aux gouvernements et aux acteurs non étatiques d’échanger des crédits d’émission de gaz à effet de serre».

La Presse — Le marché du carbone s’impose comme un catalyseur essentiel pour le développement économique. Avec l’adoption récente des règles de l’Article 6 de l’Accord de Paris lors de la COP29, la Tunisie se trouve à un tournant stratégique. Grâce à ses ressources naturelles et à son potentiel en matière d’énergies renouvelables, le pays peut tirer parti de ces nouveaux mécanismes pour attirer des investissements et renforcer sa résilience. Dans ce contexte, Benjamin Camus, directeur de la division « Corporate et Carbon Structured » chez « Evolution Markets », a mentionné que les marchés du carbone sont conçus pour permettre aux pays et aux entreprises de respecter leurs engagements climatiques tout en générant des bénéfices environnementaux, sociaux et économiques supplémentaires.

Objectifs par pays

Au niveau international, l’ONU a établi un cadre pour un marché mondial où les gouvernements et les entreprises peuvent échanger des crédits carbone, afin de les aider à atteindre leurs engagements climatiques. Il est important de noter que ce cadre offre un grand degré d’autonomie et de flexibilité aux pays pour développer leurs propres objectifs d’émissions et approches, en fonction de leurs particularités et spécificités. Cela inclut leur niveau d’émissions, qui peut aller d’importants émetteurs à des émetteurs nets négatifs, ainsi que leur potentiel de développement de projets locaux réduisant ou éliminant le carbone et pouvant générer des crédits carbone.  Benjamin Camus a expliqué que lors de la récente réunion de la COP29 en novembre, les règles de ces marchés, appelés marchés de l’Article 6 en référence à l’Accord de Paris, ont été finalisées. « Ces règles définissent un certain nombre d’étapes que les pays doivent suivre pour élaborer et mettre en œuvre leur stratégie climatique, y compris les objectifs d’émissions qui, dans ce contexte, sont définis dans les Contributions déterminées au niveau national (CDN) de chaque pays», a-t-il mentionné. Et de poursuivre : «Pour la Tunisie, cela constitue une opportunité de développer un programme soutenant les engagements climatiques du gouvernement national ainsi que ceux du secteur privé local, régional et national. Avec des règles claires, la Tunisie a l’opportunité de mettre en œuvre sa propre stratégie afin d’atteindre ses objectifs tout en valorisant ses atouts et en responsabilisant le secteur privé.

Des solutions pour réduire les émissions 

Camus a révélé que ces nouvelles règles de marché n’ont été adoptées que depuis deux mois. Par conséquent, chaque pays travaille actuellement à les comprendre et à déterminer comment les adapter au mieux à leurs CDN et à leurs engagements climatiques plus larges. Un objectif important des marchés du carbone est de diriger les financements vers des initiatives répondant aux vulnérabilités causées par le changement climatique. «La CDN de la Tunisie identifie spécifiquement les ressources en eau, la production agricole, les écosystèmes naturels, les zones côtières, la santé et le tourisme comme priorités. Pour ces raisons, nous encourageons les gouvernements à définir leur stratégie afin d’optimiser la réponse aux risques et opportunités spécifiques, tout en exploitant les ressources et compétences de la Tunisie pour créer des solutions de réduction des émissions », a fait savoir le spécialiste.

D’après lui, cela implique de tirer parti de l’expertise des secteurs public et privé pour stimuler l’innovation et la croissance économique. « Nous collaborons avec plusieurs pays pour cartographier les nouvelles règles en fonction de leur profil spécifique d’émissions et pour identifier les opportunités qui en découlent. Nous avons constaté que, bien que chaque pays adopte une approche sur mesure, tous mettent l’accent sur la coordination entre les initiatives des secteurs public et privé afin d’atteindre leurs objectifs respectifs », a-t-il noté. Selon Camus, les marchés du carbone sont conçus pour encourager l’innovation et élargir l’accès à de nouvelles sources de financement. Le marché du carbone finance notamment des projets bien connus, tels que la protection et la restauration des écosystèmes naturels ou la construction de projets d’énergie renouvelable. Il favorise également le développement de nouveaux types de projets attirant des financements diversifiés. «Un aspect souvent méconnu des marchés du carbone est leur impact économique et social positif. En plus de contribuer à la réduction des émissions, le programme des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU certifie les cobénéfices des projets de compensation, tels que la lutte contre la pauvreté et la faim, l’amélioration des soins de santé et de l’éducation, l’accès à l’eau potable et la réduction des inégalités », a conclu Camus.

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