La Presse — Un bricoleur, c’est connu, n’a rien d’un technicien qui a usé sa culotte sur les bancs d’une école professionnelle et qui a appris un métier sur des bases académiques. C’est le produit d’une expérience, parfois d’une passion, de ne jamais rien jeter sans avoir essayé de redonner une seconde vie à un objet.
On le voit par exemple se baisser pour ramasser un boulon, un écrou qu’il mettra soigneusement dans une boîte une fois rentré chez lui. Cela pourra sans doute servir un jour. Il a souvent raison et cela lui épargne la peine de se voir bloqué pour un écrou, qu’il ira acheter dans la quincaillerie du coin.
Malheureusement, le bricoleur ne pourra jamais être un technicien. Chacun son rôle et il est difficile que l’un prenne la place de l’autre.
Nous voyons partir de temps à autre des joueurs pour l’étranger. Nous ne comprenons pas le choix de ceux qui les ont recrutés, mais eux savent ce qu’ils font. Ils recrutent en fonction d’un profil, d’un besoin séquentiel à un moment bien particulier. Une fois la période terminée, ils se débarrassent de leur acquisition en la cédant à une équipe de seconde zone. A moins qu’ils ne confirment. De toutes les façons, ces départs dans des équipes étrangères sont toujours aléatoires.
Après avoir perdu toutes leurs illusions, on voit ces joueurs revenir. Et à nos clubs de se jeter dessus comme des affamés pour les recruter.
Les résultats sont là. De l’argent perdu et des illusions qui s’en vont en fumée. Payés à prix d’or, ils donnent une piètre idée de ce que devrait être un joueur professionnel. Ils traînent comme une âme en peine, barrent le passage devant un jeune que l’on relègue au rôle de remplaçant, se contentent d’un dribble réussi, d’un but heureux pour rallumer la flamme.
Nombre de nos clubs, et pas des moindres, n’ont rien compris à cette tromperie dont l’équipe nationale est également victime, avec la complicité des agents de ces joueurs, omniprésents dans les coulisses et autoritaires au niveau des personnes agissantes, qui, sans vergogne, privilégient le placement de leurs joueurs aux dépens de l’intérêt de l’équipe nationale ou du club-recruteur qui continuera à croire qu’il a fait l’affaire du siècle.
De manière incompréhensible, on tolère ce manège de dupes et on continue à vanter les qualités de joueurs qui n’ont aucune envergure.
Pourtant, ceux qui sont rangés dans les rebuts n’ont malheureusement aucune chance de rattraper le temps perdu. Chaque semaine, nous constatons les effets et les dégâts de cette vérité que seuls ceux qui pensent avoir découvert la roue s’acharnent à ignorer.
