Accueil Culture Théâtre – « Al-Afareta » (les diables) de Youssef Mars : Un passé composé

Théâtre – « Al-Afareta » (les diables) de Youssef Mars : Un passé composé

La pièce se présente comme un antidote aux mots vécus par cette famille, une famille encombrante où chacun de ses membres défend son point de vue.

La Presse — Après « Le dîner des chiens », le metteur en scène a présenté, mercredi dernier au Théâtre 4e art, sa nouvelle création  «Al-Afareta » (Les Diables) qui traite de la condition de l’artiste engagé qui a subi autrefois des échecs, de la censure, de la marginalisation et moult autres pressions. Aujourd’hui, lorsque la parole s’est libérée, l’heure est venue pour tout déballer et vomir un passé douloureux et redémarrer sur de nouvelles bases.

Sur une scène nue, cinq personnages entre doutes, contradictions et certitudes évoquent avec malice et une dose d’humour leur passé mouvementé d’artistes engagés et leur combat avec le pouvoir en place. Privés de leur liberté d’expression, ils ont pu vaincre leurs peurs et leurs incertitudes par la poésie. Le verbe est aussi une arme redoutable qui, même s’il fait polémique, peut soulager les maux et aiguiller l’opinion sur la réalité vécue par ses auteurs.

Bien qu’elle soit un peu désordonnée, la pièce se présente comme un antidote aux maux vécus par cette famille, une famille encombrante où chacun de ses membres défend son point de vue. Le plus âgé de tous se veut le gardien d’une citadelle de savoir et de connaissances, les plus jeunes, plus pragmatiques, vivent leurs relations amoureuses dans un certain désordre et n’approuvent pas, par ailleurs, les points de vue de leur entourage.

Dans cette réflexion sur l’art, l’artiste et son rapport avec le monde et notamment vis-à-vis du pouvoir, il y a toujours cette rupture qui met à mal les artistes engagés. Ils restent en marge de la société qui souvent leur tourne le dos. La pièce dispose d’une charge symbolique, qui aurait gagné en justesse si le texte était mieux pris en charge. La mise en scène est flottante et ne traduit pas exactement le propos.

Les acteurs ne sont pas suffisamment expressifs et ne manifestent pas avec force les bouleversements et manquent de nous faire vivre les émotions sous-jacentes. On ne ressent pas les folies de la passion, le désir et la colère qui auraient pu déborder de chaque protagoniste. La corporalité, les cris, les regards et les gestes sont loin d’être maîtrisés. Noureddine Hammami, le pivot de la pièce, dont il a écrit le texte et interprété le rôle principal, joue le poète traversé de mélancolie, idéaliste, épris de liberté. Il ne nous conduit pas au climax lorsque sa bibliothèque est brûlée.

Youssef Mars a adopté une scénographie très sommaire et une lumière qui ne valorise pas trop les acteurs dont certains se retrouvent parfois dans l’obscurité. Malgré ces quelques lacunes, « Al –Afareta » a le mérite de dénoncer des pratiques injustes et inacceptables à l’égard des artistes qui vouent leur vie à leur art et qui sont souvent maltraités et marginalisés par la société.

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