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Dans ses configurations très géométriques un peu brutalistes apparaît ici et là l’humain qui s’y fond et s’y démarque à la fois. A travers ses œuvres, l’artiste dit vouloir questionner la notion de distance, entre l’homme et son environnement, l’homme et la forme, mais aussi entre l’œuvre et le spectateur.
La Presse —L’exposition «Nouveau regard», proposée depuis le 6 février dernier à la galerie TGM, met en lumière les faires de 8 artistes émergents que la galerie a distingués lors des deux dernières éditions du Prix annuel des Jeunes Artistes.
Ce prix, lancé depuis la création de la galerie en 2020, est dédié aux artistes en devenir, issus de différents horizons : écoles des beaux-arts, d’architecture, autodidactes ou autres formations. Un thème est proposé chaque année laissant libre cours à leurs lectures et interprétations. Le thème de la première édition était le TGM, le petit train iconique qui donna son nom à la galerie. La deuxième session a proposé «Le mouvement», comme thème et la troisième a choisi une des stations de ce fameux petit train : La Goulette.
Trois prix sont remis chaque année par la galerie : 2.000 dinars, 1.500 dinars et 1.000 dinars, mais au-delà de la récompense matérielle, l’idée est de suivre les artistes, de les soutenir et de les accompagner en les invitant par la suite à participer à des expositions.
Et c’est le cas de «Nouveau regard» qui met en cimaises l’évolution de 8 artistes qui ont pris part à ce concours et qui «ont été choisis pour le souffle frais qu’ils apportaient, la passion qui les animait, et les promesses qu’ils incarnaient», comme on peut le lire dans le texte présentateur de l’exposition.
Parmi ces artistes, figure Syrine Barouni alias Sys (lauréate du premier prix de l’édition 2024) qui s’est démarquée par ses patchworks architecturaux très pop. Architecte de formation, la jeune artiste s’identifie comme une exploratrice passionnée du monde urbain. Errante dans les dédales de la Cité, elle assimile les décors qui s’offrent à elle pour les rassembler sur la toile dans des collages très dynamiques. Une approche qui a su faire écho au thème de La Goulette et qu’elle a adopté à d’autres villes et villages, comme Sidi Bou Saïd, Tanger au Maroc, et d’autres à venir.
Ala Zemzemi, très remarqué lors de la précédente édition du concours, propose une série de photographies prises entre 2020 et 2022, dans laquelle il dit explorer des liens entre l’humain, la mémoire et les émotions. Sa démarche repose sur quatre dimensions essentielles pour lui: les lieux, le vide, les émotions et la poésie de l’image. «Mon objectif principal est de capturer l’intersection fascinante entre ces éléments, en dévoilant un monde où la sensibilité se marie aux possibilités infinies d’interprétation. Je cherche à révéler des émotions universelles, celles qui transcendent les barrières culturelles et individuelles, et qui nous unissent au-delà des frontières», note l’artiste en parlant de son œuvre.
Un autre photographe, Chahine Dhahak, expose une série de 4 photographies capturées dans différents lieux de la Tunisie. Se distinguent chez lui des compositions architectoniques qui mettant en lumière les limites entre l’espace et la présence (lumière, ombres et lignes). Dans ses configurations très géométriques un peu brutalistes, apparaît ici et là l’humain qui s’y fond et s’y démarque à la fois. A travers ses œuvres, l’artiste dit vouloir questionner la notion de distance, entre l’homme et son environnement, l’homme et la forme mais aussi entre l’œuvre et le spectateur.
Dans une approche introspective de l’humain et son exploration affective, Eya Yahyaoui met en ligne, dans ses nouvelles figurations à l’acrylique, les «interactions, les tensions et les harmonies qui façonnent notre existence», comme elle le note. Sa palette monochrome (noir, blanc, gris) donne lieu à une sorte de récits-scènes in vitro. «Ma pratique se nourrit de la ligne qui, plus qu’un simple outil, devient une métaphore du flux de pensées et d’émotions. Mes tracés varient entre précision et chaos pour rendre palpable l’invisible, ce qui échappe souvent à la perception extérieure», explique l’artiste.
D’autres œuvres et récits sont à découvrir jusqu’au 23 février.