Accueil Société Mouton de l’Aïd : On y est déjà !

Mouton de l’Aïd : On y est déjà !

C’est une «sunnah», et cela signifie que si on ne le fait pas, on n’est pas  «condamné». Mais le sacrifice du mouton est recommandé, surtout pour ceux qui en ont les moyens.

 Le  mufti de la République a été on ne peut plus clair. Il n’y a aucune raison de ne pas fêter l’Aïd el Kébir comme il se doit. En écho, les responsables du département de l’agriculture et de l’élevage ont bien précisé que l’état du cheptel permet, sans problème, de mettre sur le marché  le nombre de moutons qu’il faudra.

Mais ce mouton, étant donné que la Tunisie est «un pays éternellement en fête», comme on l’a toujours dit, on a commencé à y penser…..depuis la fin du Ramadan.  Un mois saint qui a déjà mis à mal le budget familial, suivi de l’Aïd el Fitr avec ses douceurs bien amères, en raison des prix fous des pâtisseries.

Comme d’habitude, les porte-parole de tous bords ont donné le ton en annonçant que le prix d’un  mouton cette année se situera aux alentours de mille dinars. Au moins!

Une façon de fixer un prix plancher, en parfaite coordination avec les boucheries qui ont bloqué leurs prix à trente-neuf dinars neuf cents millimes le kilo.

C’est quand même exagéré, alors que les pâturages ont été généreux et que l’herbe a poussé partout. Il n’y a pas de raison de ménager notre cheptel comme il a été décidé au Maroc, qui a traversé une période de grande sécheresse. Ou même nos voisins algériens qui se sont trouvés dans l’obligation d’en importer de Roumanie et d’Espagne. La pluie a heureusement voté pour nous et cela a énormément sauvé la situation à tous points de vue.

En fin de semaine dernière, nous avons enregistré, du côté de l’Ariana, quelques timides apparitions de petits troupeaux d’une demi-douzaine à une douzaine de moutons. Ils ont été vite chassés par les agents municipaux. Ce n’était peut-être pas encore décidé d’ouvrir le grand espace habituel, traditionnel de «Bab El Hadid».

Ce rond-point névralgique est habituellement ouvert pour servir de point de rassemblement des bergers ou vendeurs, qui en font un centre de ralliement depuis des décennies. Cela exige des opérations de nettoyage quotidiennes à mettre au point, par mesure de sécurité et pour éviter toute pollution qui pourrait évoluer. De toutes les manières le «message» est passé.

Effectivement, deux de ces éclaireurs ont fixé leurs prix à mille deux cents dinars pour un mouton de toute petite taille et… mille huit cents pour une belle bête. L’apparition de ce petit troupeau a provoqué un regroupement de curieux. Tout le monde voulait, bien entendu, avoir une idée des prix qui seront demandés. Une remarque quand même, les bêtes étaient bien portantes, bien en chair, preuve qu’elles n’étaient pas privées de nourriture. N’empêche, il semble qu’il faudrait casser sa tirelire pour acheter son mouton cette année.

Cela commence bien.

Du côté de Raoued, où il y a encore des espaces libres, on a commencé à monter les abris. Effectivement, le soleil tape assez fort ces derniers jours. Un habitué qui transforme son échoppe en plaque tournante pour le mouton de l’aïd nous donne une idée de ce qui se passera cette année.

«J’ai de bonnes informations. Cette année, il n’y aura pas de problème. La consommation du mouton et du bœuf d’ailleurs, lors du mois de Ramadan, n’a pas été aussi importante. Nous supposons que  les prix au kilo en sont la cause certes, mais de toutes les manières, les gens se sont habitués à la viande blanche qui était disponible  et fixée à un prix très abordable.

Même au niveau de la cuisine, on s’est adapté. Les femmes soignent leurs recettes et imaginent de nouvelles spécialités. Il n’en demeure pas moins que la tradition, surtout, l’aspect religieux, poussera bien des familles à acheter un mouton. Je pense que les prix commenceront forts, mais l’éleveur sera dans l’obligation d’être plus clément. Dans le cas contraire, il risque bien de rater sa saison et de céder ses bêtes aux bouchers à un moindre prix.

Il ne faudrait pas oublier que nous allons vers la saison chaude. Il y aura d’autres exigences pour entretenir les troupeaux. Même la période de reproduction entre en ligne de compte. Il ne faut pas s’affoler. Les prix baisseront».

Terminons sur cette conclusion pleine de vœux pieux.

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