Et si ce que vous voyez, entendez ou lisez… était entièrement faux ? L’intelligence artificielle (IA) redéfinit notre rapport à l’information. Capable de produire du contenu en un clin d’œil, elle oscille entre outil de protection face à la désinformation et catalyseur de fausses nouvelles. Une évolution qui suscite de vives questions sur l’avenir de notre accès à une information fiable.
L’apparition de l’IA générative a transformé la production de fake news. Transformations des images, fausse création de vidéos truquées et clonage de voix avec un réalisme impressionnant : ces activités sont désormais accessibles à tous.
Les deepfakes en sont l’un des meilleurs cas. Les vidéos hyperréalistes dans lesquelles les visages et les voix de stars sont modifiés creusent la frontière entre vrai et faux. En 2023, des montages impliquant des personnalités politiques et publiques sont devenus légion et ont fini par ébranler la notion de vérité et sont venus bousculer nos démocraties.
Une arme à double tranchant
La propagation de ces montages plus vrais que nature se fait à travers des réseaux sociaux qui n’en finissent pas de magnifier et démocratiser ces manipulations, qui se font très facilement en deux temps, trois mouvements.
Un monde obscur
Des robots, des logiciels dont l’origine est parfois méconnue, voire inconnue, boostent la fabrication et l’usage de faux à l’échelle planétaire. Dans certains cas, ces mensonges peuvent faire basculer l’opinion publique et favoriser la haine entre les citoyens d’un même pays. Et on le voit aujourd’hui, la polarisation des débats dans tous les pays a atteint son paroxysme. Néanmoins, cette même IA devient un levier puissant pour contrer la prolifération des fausses informations. Grâce à des algorithmes performants, les contenus suspects sont analysés et passés au crible. Les grandes entreprises du numérique, à l’image de « Google » et « Meta », intègrent ces technologies à leurs plateformes pour filtrer et signaler les contenus douteux. Des outils comme « FactCheck AI » et « Deepfake Detection » scannent les médias pour repérer les manipulations.
Quant aux journalistes, ils s’appuient sur ces innovations pour renforcer leur travail d’enquête. En effet, l’IA leur permet de vérifier plus efficacement les sources, de croiser des informations et d’anticiper les stratégies de désinformation avant qu’elles ne prennent de l’ampleur. Loin de nuire au journalisme, elle constitue une ressource précieuse dans la quête d’une information rigoureuse.
Mais il n’en va pas que de la technologie. La révolution contre les « Fake news » est aussi une affaire de responsabilité collective. Etats, plateformes virtuelles et citoyens devront conjuguer leurs forces pour encadrer l’emploi de l’intelligence artificielle et encourager le sens critique.
Les régulateurs s’interposent
Certaines lois obligent les plateformes à signaler les contenus générés par l’IA et à assouplir la transparence sur leurs algorithmes de modération. Les médias, eux, multiplient les efforts pour sensibiliser le public à la vérification des sources.
Pour les citoyens, l’enjeu est clair : apprendre à repérer les pièges de la désinformation. Vérifier l’origine d’un article, recouper les informations et se méfier des contenus trop sensationnalistes sont autant de réflexes à adopter face à un flux d’actualités toujours plus dense et parfois trompeur.
L’intelligence artificielle bouleverse notre accès à l’information.
Tour à tour menace et solution face aux fake news, elle est d’abord fonction de l’usage qui en est fait. Si elle est un progrès précieux pour lutter contre la désinformation, elle ne saurait en aucun cas se défaire du sens critique et de la vigilance collective. L’ère numérique, c’est enfin une nouvelle ère parsemée d’incertitudes et aussi une formidable opportunité de bien savoir distinguer entre le vrai et le faux.
