
Depuis plusieurs années, le sport national, à l’exception de quelques exploits individuels, a beaucoup perdu de son rayonnement et même de sa crédibilité. En témoignent des contreperformances à répétition et un positionnement international et régional peu glorieux.
Un beau gâchis, car le potentiel national à son état brut est plutôt important. C’est donc un problème de prospection, de gestion, et de planification : la prospection des talents, la gestion de leur potentiel et la planification de leur progression. Une équation que les spécialistes qualifient d’incontournable mais malheureusement peu respectée par nos architectes et nos décideurs sportifs, qui continuent, en dépit de tous les appels, à naviguer à vue.
Et mêmes les programmes et les soi-disant stratégies, lancés ici et là, se sont souvent avérés peu efficaces, car isolés et improvisés. Or, dans le sport, comme dans tout autre secteur, le développement est tout un projet qui doit tenir compte d’une approche intégrée et intégrale, reposant elle-même, sur des études de faisabilité pour mesurer la teneur des dispositions retenues et surtout leur impact.
Cela implique, comme le soutiennent certaines études, «une vision holistique, considérant tous les aspects du sport, depuis la base jusqu’au haut niveau, et surtout son impact sur l’inclusion sociale».
Il est évident que notre secteur phare, déjà à l’agonie, a besoin d’une remise en cause rapide à la faveur d’une restructuration profonde. Une restructuration qui doit être adossée, elle-même, à une opération d’épuration globale capable de mettre un terme à cette génération de dirigeants qui, comme on l’a déjà souligné, «se sont abrités, depuis des décennies, dans un cercle bien fermé pour s’échanger les postes et les privilèges». Sans aucun souci du bien-fondé de notre sport.
Et ce n’est certainement pas un hasard si le Chef de l’Etat a recommandé, le 11 janvier dernier, l’engagement d’une réforme urgente pour assainir le sport tunisien et mettre, ainsi, «un terme aux réseaux de corruption qui ont gangrené le secteur».
Cette réforme est à la fois légitime et indispensable pour l’émergence de «nouveaux esprits sains et imprégnés de patriotisme, capables de battre tous les records».
Et c’est d’ailleurs dans cette même optique que la Cheffe du gouvernement a réaffirmé, samedi dernier, lors d’un Conseil ministériel consacré au projet de loi organique relatif aux structures sportives, «la nécessité d’accompagner les mutations du secteur et de garantir une gestion plus structurée et transparente».
Cette attention particulière accordée à ce secteur dénote la conviction que le sport, plus qu’une pratique, est avant tout un facteur d’émancipation, un élément de cohésion sociale et un outil de partage de valeurs. Toute une culture de valorisation aussi bien personnelle que collective.
Toutefois, la bonne conduite de cette réforme ne serait certainement pas de tout repos. Elle nécessite, en plus de l’engagement et de l’implication, l’aménagement d’un environnement bien favorable.
Il s’agit surtout de l’instauration d’une infrastructure inclusive, durable et favorable à l’évolution des pratiques sportives quelles qu’en soient la nature ou la discipline.