
Dans un monde qui plonge de plain-pied dans un élitisme sans pitié, chacun ressent le besoin et la nécessité d’expliquer aux futures générations que dorénavant, «seuls les meilleurs ont droit de cité». Comment le leur expliquer sans les rebuter, les choquer ?
La Presse — Affreux. Nous ne pouvons pas tous être des génies, mais que faire lorsque d’un côté l’intelligence artificielle donne l’impression de tout accaparer et un milieu ambiant qui se plie à ces exigences ?
Un agent du service d’ordre en place, gentiment, prie les parents de dégager la porte de sortie et d’aller en face, de l’autre côté du passage du métro, où il y a de l’ombre pour ne pas attendre la sortie de leurs enfants en pleine canicule.
Nous sommes au terme de ces examens de la 6e année, également appelés concours d’entrée dans les collèges pilotes, qui se sont déroulés du 16 au 18 juin 2025. Ces examens permettent aux élèves d’accéder aux établissements pilotes. Ces établissements constituent des objectifs prioritaires pour ceux qui souhaitent aller loin « où l’ambition commence et où les sentiments naïfs cessent » (Stendhal).
Les élèves de la « Sixième » ont été cette année plus nombreux que ceux de l’année précédente. L’augmentation est de 5.113 candidats. En effet, 64.000 élèves ont frappé aux portes de ces écoles pilotes. Les filles égalent les 55% du total, soit 35.127 contre environ 45 % de garçons, ce qui fait 28.938, contre 58.952 l’année dernière.
Les épreuves, les difficultés, les thèmes choisis, la réaction des candidats, le nombre de places, des sujets qui seront largement commentés jusqu’à la promulgation des résultats prévue pour le 4 juillet 2025.
L’arabe et l’anglais avaient ouvert les débats la veille. Les avis étaient partagés. Certains parents étaient inquiets. D’autres l’étaient moins, donnant l’impression d’être remplis d’espoir. Leur progéniture semblait avoir tenu le coup.
«Cela n’a pas été très dur. Je pense que ce n’était pas pire que l’année dernière, nous confie un ancien enseignant d’une école pilote à la retraite, dont le petit-fils était candidat. Les langues, c’est pour voir l’étendue des connaissances acquises. Si l’élève est porté vers la lecture, s’il est curieux de savoir et effectue des… recherches pour s’informer et enrichir ses connaissances, ou est de ceux qui se contentent de ce qu’ils reçoivent en classe. La façon d’étayer ses idées est importante. Le choix des mots dans la construction fait partie des arguments qui comptent.
Aussi bien en arabe qu’en français le raisonnement est le même.
De nos jours en effet, il est devenu rare de voir un enfant bouquiner, lire, se cultiver. Les jeux vidéo les réseaux sociaux ont envahi le temps libre, les esprits. C’est clair, que l’on ne va pas loin avec ce régime.
Tout se décidera avec les épreuves du dernier jour, avec les mathématiques. C’est là où en fin de compte, on y verra plus clair.
Les mathématiques, c’est une matière qui fait la différence. Les jeunes tunisiens et tunisiennes sont doués.
A titre d’exemple, pas plus tard que la semaine écoulée, à l’Olympiade des mathématiques africaine, la représentation tunisienne a remporté 9 médailles dont 3 en or, 5 d’argent et 1 en bronze.
Nos jeunes mathématiciens ont permis à la Tunisie de se classer deuxième (23 nations participantes) précédée de l’Afrique du Sud et avant la Côte d’Ivoire, troisième
La jeune tunisienne Naha Jamal (17 ans) a été désignée reine des mathématiques en Afrique.
Les médaillés or prendront part à l’olympiade mondiale, qui aura lieu du 10 au 20 juillet 2025 en Australie ».
Il était bien renseigné le monsieur. Mais nous avons osé l’interrompre pour lui signaler que notre système éducatif, donne l’impression qu’il est à deux vitesses, que la réforme annoncée tarde, que ceux qui n’ont pas les moyens restent au bord de la route, que…
« Ce n’est pas vrai. Je suis pour la reprise en main de nos programmes, mais souvenez-vous que nous avons passé plus de dix ans complètement bloqués par les grèves et les arrêts de travail. Qu’une bonne partie de nos enseignants étaient assis entre deux chaises. Les parents ont souffert mais les enfants ont complètement perdu le rythme scolaire, les repères et le sens de l’effort. Ce n’est pas rien».
De toutes les manières, l’engouement que provoque cet examen, le nombre de candidats qui a sérieusement augmenté, sont des arguments qui dénotent un véritable éveil au niveau des responsabilités et annoncent un sérieux retour vers l’effort et l’application.
Les résultats de cette année pourraient aider à l’orientation de la politique future de ces écoles pilotes. Doit-on augmenter le nombre de places ou s’en tenir à ce qui existe ?
Les résultats prévus le 4 juillet 2025 nous donneront la réponse.