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Digitalisation du transport : Un levier pour l’emploi, l’innovation et l’indépendance nationale

La digitalisation du transport tunisien n’est plus une option mais une nécessité. Aujourd’hui, le secteur se trouve à un tournant décisif. Dans un contexte marqué par des contraintes budgétaires et une dépendance croissante aux solutions étrangères, la Tunisie doit choisir entre subir cette transformation ou en faire un levier de compétitivité, d’emploi et d’indépendance nationale. Karim Ahres, entrepreneur, CEO de Netcom et membre du BE Conect, nous donne plus d’informations sur cette thématique.

La Presse — La digitalisation du transport en Tunisie n’est plus facultative, elle s’impose désormais comme une priorité. Dans ce contexte, Karim Ahres, entrepreneur, CEO de Netcom et membre du BE Conect, a souligné que la transformation digitale n’épargne aucun secteur et que le transport tunisien se trouve aujourd’hui à un tournant décisif. Derrière la modernisation des bus, trains ou taxis collectifs, se cachent, selon lui, des enjeux bien plus vastes : l’efficacité opérationnelle, la réduction des coûts, mais surtout la souveraineté numérique. Il a affirmé que « maîtriser nos données, nos algorithmes et notre cartographie nationale n’est pas un luxe, mais une condition de survie économique et de stabilité sociale ».

Tout est une question de fluidité et de coûts

Il a ajouté que la révolution numérique transforme en profondeur la gestion du transport. Des applications intelligentes permettent déjà de réorganiser en temps réel les circuits en cas de perturbations, de prédire les pannes avant qu’elles ne mobilisent un bus, ou encore d’informer les voyageurs via écrans et téléphones mobiles. Ces innovations, a-t-il précisé, réduisent considérablement les coûts d’exploitation: moins de carburant gaspillé, des horaires optimisés et une maintenance proactive. «Pour les usagers, cela signifie des trajets plus fluides, des temps d’attente réduits et une meilleure qualité de service. Pour l’État et les entreprises de transport, cela ouvre la voie à une transparence accrue et à une planification plus fine des ressources », a-t-il développé. Cependant, Karim Ahres a insisté sur le fait que la Tunisie fait face à des défis majeurs. Les premiers sont financiers : « Equiper des flottes entières de capteurs, déployer un cloud sécurisé ou former du personnel représentent un coût important. Beaucoup d’opérateurs, déjà fragilisés par la hausse du carburant et les difficultés structurelles, peinent à investir ».

Il a aussi estimé que des obstacles techniques persistent par manque d’ingénieurs spécialisés en data science, en cybersécurité et en maintenance numérique. Cette lacune pousse parfois à recourir à des solutions étrangères, au risque de compromettre la souveraineté nationale. « Si nos applications et nos données de cartographie sont hébergées ailleurs, une simple panne ou une décision politique extérieure peut paralyser notre mobilité nationale », a-t-il averti. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, il devient urgent de bâtir une cartographie nationale souveraine et de développer des algorithmes tunisiens d’optimisation du trafic. Laisser ces fonctions vitales entre les mains de géants étrangers reviendrait, selon lui, à céder une part de notre indépendance.

Pour plus de compétitivité régionale

Plutôt que de subir cette mutation, la Tunisie peut en faire un atout. Karim Ahres a expliqué que la digitalisation du transport ouvre de nouvelles perspectives sur la compétitivité régionale en devenant pionnière au Maghreb dans la mobilité intelligente, la Tunisie pourrait exporter son savoir-faire vers ses voisins, de l’Algérie à l’Afrique subsaharienne. Elle ouvre également sur la création d’emplois qualifiés c’est-à dire ingénieurs IoT, analystes de données, experts en cybersécurité et développeurs d’applications trouveront leur place dans ce nouvel écosystème.

Le rayonnement international est considéré parmi les facteurs essentiels de nouvelles perspectives. En effet, un pays offrant une mobilité fluide, sécurisée et durable attire non seulement les investisseurs, mais aussi les touristes et les start-up en quête de territoires innovants. En un mot, a-t-il résumé, digitaliser le transport, c’est investir dans l’avenir économique et social du pays.

Au-delà de la modernisation technique, Karim Ahres a insisté sur l’aspect de souveraineté nationale. Les données de mobilité sont sensibles car elles renseignent sur les flux économiques, les habitudes des citoyens et la sécurité des infrastructures. Les confier à des plateformes étrangères reviendrait à accepter une dépendance dangereuse.

Ainsi, héberger nos applications sur des serveurs nationaux, créer une cartographie tunisienne indépendante et développer nos propres algorithmes d’intelligence artificielle ne sont pas, selon lui, de simples choix technologiques, mais de véritables impératifs stratégiques.

Karim Ahres a, enfin, rappelé que la digitalisation du transport n’est pas seulement une affaire de bus connectés ou de voyageurs mieux informés. Il s’agit d’un chantier national où se jouent la compétitivité de l’économie, la création d’emplois qualifiés et, surtout, la maîtrise des données stratégiques. En choisissant d’investir dans une mobilité intelligente et souveraine, la Tunisie ne modernise pas seulement son réseau de transport : elle affirme son indépendance, prépare l’avenir et se donne les moyens de devenir un acteur régional de premier plan.

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