Certains médias ont été favorables à des candidats précis, leur offrant plus d’espace médiatique pour présenter leurs programmes au détriment des autres candidats. Le rapport de la Haica fait savoir par exemple que le candidat Abdelkrim Zbidi était le plus médiatisé par la chaîne Elhiwar Ettounssi, alors que Youssef Chahed était le plus présent sur Attessia TV. Idem pour les stations de radio, où ce déséquilibre a été également confirmé, Hamma Hammami était le plus présent sur les ondes de Jawhara FM, tandis que Salma Elloumi était la moins représentée par la radio Mosaïque FM.

Le rapport de l’instance chargée de la régulation du paysage audiovisuel dénombre 17 infractions relevées lors de la couverture médiatique des chaînes de télévision et des stations de radio lors de la campagne électorale du premier tour de cette élection. Quatorze infractions ont été commises par différentes chaînes de télévision, alors que trois seulement ont été signalées du côté des stations de radio. Ces infractions portent notamment sur la publicité politique, la contre-propagande politique, la publication et le traitement des sondages d’opinion en période électorale et la transgression du silence électoral.

Le rapport, présenté par l’unité de monitoring rattachée à la Haica, fait observer également un grand déséquilibre au niveau de cette couverture audiovisuelle de la récente campagne électorale du premier tour de la présidentielle, notamment en ce qui concerne la présence des candidats et de leurs représentants. Ainsi certains médias ont été favorables à des candidats précis, leur offrant plus d’espace médiatique pour présenter leurs programmes au détriment des autres candidats. Le rapport explique par exemple que le candidat Abdelkrim Zbidi était le plus médiatisé par la chaîne Elhiwar Ettounssi, alors que Youssef Chahed était le plus présent sur Attessia TV. Idem pour les stations de radio, où ce déséquilibre a été également confirmé, Hamma Hammami était le plus présent sur les ondes de Jawhara FM, tandis que Salma Elloumi était la moins représentée par la radio Mosaïque FM.

Il faut rappeler, dans ce sens, que la Haica avait dénoncé, dans un communiqué publié récemment, la multiplication des indices négatifs sur « l’influence grandissante de l’ingérence des lobbies financiers et partisans dans l’orientation de certaines chaînes de télévision et leur instrumentalisation ». L’instance pointe également du doigt certains propriétaires des médias concernés directement par les résultats du scrutin présidentiel, et dont les noms sont liés à des instructions judiciaires en cours. « Cette situation a nui à l’indépendance de la ligne éditoriale de ces médias et a mis les journalistes qui y travaillent à la merci des intérêts étroits de leurs patrons », note l’instance.

Ainsi, nous pouvons comprendre à la lumière de ce rapport, mais aussi du communiqué de cette instance, que certains médias étaient au service de candidats précis lors de cette campagne électorale du premier tour de la présidentielle, ce qui porte atteinte au principe de l’égalité des chances entre les différents candidats en matière d’accès aux médias en période électorale, et rouvre le débat, encore une fois, autour de l’indépendance des médias.

Une faible présence de la femme

Outre le déséquilibre entre la présence des candidats et la couverture de leurs activités enregistrés pendant cette campagne électorale, la Haica a noté une forte absence de la représentativité féminine qui n’a pas dépassé 6,1% dans certains médias audiovisuels. Le taux le plus élevé de la présence des femmes lors de cette couverture médiatique de ladite campagne a été, cependant, enregistré sur la première chaîne nationale Al-Wattania, s’élevant à 18,9%.

Ce rapport a couvert toute la période de la campagne électorale du premier tour de la présidentielle anticipée, s’étalant du 2 au 13 septembre. Une période durant laquelle huit télévisions et huit radios publiques et privées ont été contrôlées à raison de six heures par jour. Une unité de monitoring composée de 32 agents a été mobilisée pour contrôler ces importantes plages horaires ayant atteint 139 heures de contrôle pour les télévisions et 88 pour les radios. Ainsi, 24 programmes à vocation politique ont été concernés par cette opération de contrôle quantitatif et qualitatif, qui s’est appuyée sur trois principaux indicateurs : le professionnalisme, l’indépendance et la diversité politique.

Il a à noter que selon l’affirmation de cette unité de monitoring, l’organisation, pour la première fois de l’histoire du pays, de débats politiques, transmis par ces différents médias, a contribué à équilibrer tout le paysage audiovisuel lors de cette période, notamment en ce qui concerne la représentativité des différents candidats.

Encore plus difficile

Evoquant ces dépassements, Nouri Lajmi, président de la Haica, a estimé que leur nombre a dépassé celui enregistré pendant toute l’opération électorale de 2014, incluant les deux tours de la présidentielle et les législatives, appelant les journalistes et les médias à élargir leurs connaissances en matière de textes de loi et du cadre légal portant sur la couverture médiatique des élections et notamment des campagnes électorales.

Dans ce sens, il a épinglé le comportement de certains journalistes et médias qui ont, selon ses dires, « choisi leur camp » lors de cette campagne, faisant savoir que ce processus électoral a été marqué par des règlements de comptes entre certains médias.

Il a reconnu d’autre part que la couverture de la campagne des législatives s’avère plus difficile pour les journalistes et les médias dans la mesure où ils ne peuvent pas couvrir les activités de toutes les listes candidates au vu de leur grand nombre.

Lajmi a souligné, enfin, le rôle qu’il a jugé primordial des médias pour contribuer au bon déroulement de cette période électorale et à son succès, rappelant que ce rôle doit respecter notamment l’égalité des chances entre les candidats et le droit des citoyens à une information équilibrée et indépendante.

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