Les chuchotis du mardi │ Déconfinement « ciblé » : une équation à plusieurs inconnues

Crédit photo: EPA/MAXPPP/MOHAMED MESSARA


Si la Belgique, l’Italie, le Liban, le Nigeria, le Portugal, la Serbie et la Tunisie ont levé, hier, certaines restrictions de déplacement, d’autres pays — l’Algérie (29 avril), l’Albanie (20 avril), l’Allemagne (20 avril), l’Autriche (14 avril), la Croatie (2 mai), le Danemark (20 avril), l’Espagne (4 avril), la Finlande (15 avril) et les USA (plus de 35 des 50 États américains) — ont déjà entamé une phase d’allègement du confinement anti-coronavrius sous le signe de la prudence.

Mais qui dit déconfinement progressif ou « ciblé », dit nécessairement moyens alloués (masques de protections et tests de dépistage) pour sortir doucement du « lockdown » et surtout discipline citoyenne. Or, d’un pays l’autre, si les moyens sont disparates, la discipline et le respect des règles de distanciation sociale laissent à désirer .

En Algérie, ces derniers jours, les images de longues files indiennes s’étirant devant certaines boutiques et des attroupements à l’entrée des magasins ont provoqué l’ire des décideurs et des professionnels de santé.

Devant un tel constat et en raison du non respect des règles d’hygiène et de la distanciation sociale, une quinzaine de préfets (dont celui d’Alger) ont ordonné la fermeture de plusieurs enseignes, notamment des commerces de pâtisseries et de gâteaux traditionnels, très prisées durant le mois du jeûne, des boutiques d’habillement et de chaussures, ainsi que des parfumeries et des salons de coiffures, selon les autorités locales.

Pis encore, depuis le début du ramadan, le 24 avril, 56 décès et 1.467 nouveaux cas de contamination ont été recensés, selon les chiffres du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie.

Il est à rappeler que notre grand voisin de l’Ouest est le pays africain le plus touché par le Covid-19 avec un total de 4.474 personnes testées positives au virus, dont 463 morts et 1.936 guérisons.

Le cas algérien n’est pas isolé dans la région quand on voyait la situation, hier, à Tunis au niveau des transports publics (stations de métro léger, arrêts de bus, etc.) ou dans les zones à forte densité démographique à l’image des souks et des centre-villes.

Et ça sera probablement le cas dans le royaume chérifien (Maroc), le 20 mai prochain.
Voilà de quoi remettre en cause l’efficacité des mesures du déconfinement par étapes dans le pays du Maghreb voire même dans le monde arabe.

Parallèlement, en Allemagne — un pays réputé par la rigueur et la discipline de son peuple —, le relâchement observé depuis deux semaines fait déjà craindre aux gouvernants un rebond des contaminations au SARS-CoV-2.

Aux dernières nouvelles, le taux d’infection, appelé aussi taux de reproduction, très surveillé par les autorités, a de nouveau atteint le seuil de 1 (cela signifie que chaque malade contamine une autre personne-Ndlr), selon des chiffres publiés lundi 27 avril 2020 par l’Institut Robert Koch, chargé de surveiller l’évolution de la pandémie dans le pays.

D’autre part, le taux de létalité des cas de Covid-19 continue jour après jour de progresser (3,8%, ce qui reste malgré tout inférieur aux pays voisins de l’Allemagne-Ndlr).

D’ailleurs, une étude menée par une équipe de chercheurs de l’université de Bonn sur des malades à Ganglet, une localité d’environ 11.000 habitants située dans le district de Heinsberg, un des principaux foyers de la pandémie au pays de Goethe, a révélé, hier, que 22% des personnes infectées par le nouveau coronavirus ne présentent pas de symptôme.

Voilà de quoi renforcer les craintes de la chancelière Angela Merkel qui plaide pour une ligne de fermeté alors que son pays compte 165.745 cas de contamination (+81), dont 6.866 décès et 132.700 guérisons, d’après le bilan officiel publié hier.

En effet, même avec un taux d’infection « à 1,1, nous pourrions atteindre les limites de notre système de santé en terme de lits en réanimation d’ici octobre », a-t-elle mis en garde récemment. Avec un « taux à 1,2, nous atteindrons les limites de notre système de santé en juillet. Avec un taux à 1,3 nous y arriverons déjà en juin », a fait savoir Mme Merkel.

Enfin, une chose est sûre: entre le laxisme de la population algérienne et le relâchement des Allemands,qu’il soit partiel ou total, le déconfinement demeure une équation à plusieurs inconnues. C’est peut-être difficile comme objectif à atteindre, mais pas impossible !

A.A.H.


 

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